Demon

Chapitre 9-2 (Jared)

Et il n'avait loupé aucune de ses cibles, il avait tué, dix ans après le massacre de sa famille, le dernier membre du clan dont était issu le tueur. Il avait tué toute sa famille, tous ses proches et toutes les personnes à qui il avait pu ne serait-ce partagé un verre dans toute l'Angleterre. Mais pourtant il ne ressentait aucune joie ou satisfaction quelconque. En réalité, il n'était pas fier de s'être autant sali les mains et se disait que ses parents, s'ils étaient toujours en vie, le verraient comme un moins que rien. Peut-être même, le renierait-il.

C'est pour ça que, à l'aube de ses vingt-sept ans, il partit en direction de l'Europe, la France plus particulièrement. Il avait entendu que l'armée recrutait et même s'il était en danger, il comptait bien arrêter cette guerre de clan pour que ses parents le pardonne et pour qu'il se pardonne lui-même. Il savait qu'il allait devoir tuer tout autant de personnes, mais au moins il se consolait en se disant que c'était pour la bonne cause. Lorsqu'il fut arrivé au premier campement de recrutement, tout au nord de la France, il sentit soudain le stresse monter en lui. Il ne pouvait plus reculer et s'il se faisait avoir alors jamais il ne pourrait rivaliser avec autant de vampires surentrainés. Il cacha le plus possible son dos, marqué par son appartenance à ce clan disparu et remercia le ciel de ne pas avoir hérité de la couleur suie des cheveux de son père.

Les vampires venaient pour la plupart de clans alliés à l'actuel roi des vampires, les autres étaient des traitres à leur clan et, même s'ils étaient acceptés, ils étaient tenus à l'écart par les autres soldats. Cette armée était directement reliée au roi, leurs ordres venaient directement de lui et Jared ne pouvait s'empêcher de le haïr pour avoir ordonné le meurtre de sa famille qui vivait pacifiquement depuis des années. Jamais ils n'avaient fait de mal à qui que ce soit, sa mère ne s'était même pas vengée de cette fille qui l'avait tué pour un malentendu. Il arrivait même que sa mère lui fasse des compliments, qu'elle était la plus belle, la plus courageuse et qu'elle n'abandonnait jamais, à tel point qu'elle avait toujours réussi à avoir ce qu'elle voulait. Jared avait constamment trouvé sa mère stupide sur ce point-là, effectivement si elle utilisait ce genre de moyens, elle ne devait pas avoir de problème pour avoir ce qu'elle désirait. Mais maintenant, il comprenait un peu mieux sa mère, pardonner à cette fille lui permettait d'avancer, de vivre sa vie sans rancœur, ce que lui n'était pas capable de faire.

Heureusement pour lui, il passa l'inspection sans soucis. Sa marque dans le dos n'avait pas été vue, puisqu'il était métissé physiquement entre le vampire normal qu'était sa mère et le pur sang qu'était son père, la marque n'était bien visible qu'à la nuit tombée, ou elle absorbait la noirceur qui l'entourait. Le second problème allait concerner ses pouvoirs, ils étaient mentaux et le roi cherchait à tous les exterminer, il fallait donc les cacher. Il avait de la chance, il avait les bases en forces physiques et en rapidité, mais rien d'extraordinaire et ce n'était sûrement pas assez pour pouvoir monter les échelons. Il le savait, il allait devoir réaliser des prouesses.

C'était la justification qu'il avait trouvée pour son entrainement sans relâche pendant quelques années, c'est-à-dire les quatre ans réglementaires d'entraînement imposés par le roi avant de pouvoir aller sur le terrain. Les jeunes recrus étaient rares, c'est pourquoi il fallait qu'ils soient bien entraînés. Il allait de ce fait pouvoir être envoyé à la guerre, contre les clans qui plus est. Cette idée l'enchantait et l'effrayait à la fois, devoir tuer des gens innocents le gênait. Après tout, tuer des personnes lors d'une guerre était bien différent des meurtres qu'il avait commis pour venger ses parents. Il avait une raison légitime de les tuer, là, il n'en avait pas contre ses gens qu'il considérait comme ses semblables. Mais il se disait que c'était pour la bonne cause, il voulait arrêter cette guerre et réunir les clans qui avaient été séparé depuis si longtemps. Au fond, il se disait peut-être que ces personnes ne serait pas dérangé de mourir si c'était pour libérer leurs familles à la fin.