Chapitre 8-4

22 8 0
                                    

Plus les secondes passaient, plus je me sentais perdue. J'avais beau retourner mon esprit dans tous les sens en quête de solutions, rien n'y faisait. Ça en devenait inutile, futile. La seule solution que je voyais, mais que je me refusais de prendre, était de le battre, de l'achever. Cependant, tout bon guerrier qui se respecte savait que laisser son ennemi en vie n'apportait rien de bien si ce n'est la possibilité de se faire tuer dès que l'on avait le dos tourné.

Je continuais de reculer jusqu'à toucher complètement le mur. Si je continuais comme ça, je pourrais parvenir à éviter le combat, du moins c'était ce que je pensais...

— Fuir ne te mènera à rien ma chère. Je ne répondis pas et Jared, qui était toujours près de la porte, poursuivi avec un rictus narquois. Tu vois, la race humaine à cette capacité fascinante de pouvoir développer un sens plus que de nature en compensation de la perte d'un autre sens. Gabriel a un sens fantastique qui lui permet de savoir si les personnes près de lui ont des pouvoirs ou non. Mais depuis qu'il a perdu la vue, en plus de son talent de base, il peut maintenant détecter la position exacte d'une personne ainsi que son identité. Tout ça grâce à la magie que dégage une personne naturellement. Or, je t'ai privée de ta magie, c'est pour cela qu'il ne te retrouve pas. Mais il me suffit d'un claquement de doigt...

Il leva sa main lentement, comme pour me montrer l'impuissance dont je faisais preuve. J'avais un dernier espoir que Jessica me vienne en aide, mais elle avait disparu. Ma mâchoire se resserra d'autant plus quand il claqua réellement les doigts, mettant sa menace à exécution. Gabriel, qui était resté immobile depuis que Jared avait pris la parole, se redressa et se dirigea vers moi tout en écartant la chaise qui se trouvait devant lui. Une fois qu'il fut sûr qu'il n'y avait plus rien entre lui et moi, après un léger moment de flottement, il s'élança vers moi en me plaquant contre le mur. Je sentis petit à petit ma magie revenir dans mon corps, me piquant le bout des doigts de plus en plus vigoureusement. Elle bouillonnait dans mes veines, prêtes à ressurgir comme si elle allait explosée.

Gabriel me frappa ensuite violemment au visage, éclaboussant le mur de mon sang. Le filet qui coulait le long de ma bouche s'envola à coter et resta en suspens dans l'air, surement du a ma magie alors que celui que j'avais devant moi s'apprêtait à me donner un deuxième coup. J'avais l'impression d'être pétrifié, aucun de mes muscles ne voulait bien me répondre, seulement, je ne pouvais pas le laisser me frapper sans rien faire. Alors, au moment où son poing allait rencontrer mon visage une seconde fois, je me décalais, lui faisant frapper le mur.

— S'il te plait Gabriel... Essayai-je. Reprends-toi...

Il se stoppa net à l'entente de ma voix, me rendant un peu d'espoir. Même si je trouvais que simplement lui parler semblait un peu trop facile, je ne pouvais m'empêcher de penser que je pourrais le raisonner sans avoir à me battre contre lui. Surtout que, malgré le retour de mes pouvoirs, je n'étais toujours pas remise de ces semaines ou ces mois de tortures.

— Tu me demandes de me reprendre ? Disait-il d'une voix rauque, cassé. Me reprendre de quoi ? Tu m'as tué ! Et au lieu d'essayer de me sauver, tu m'as laissé crever.

— Ce n'est pas vrai ! J'ai essayé, je te jure... Ton cœur, il était...

— Hors de mon corps ? Oui, merci, je sais déjà ! Et c'est toi qui as fait ça !

— Non, je te jure que j'y suis pour rien, c'est Jared qui...

— C'est toi qui m'as fait ça...

Sa voix se faisait de plus en plus grave alors qu'il répétait sans cesse que c'était ma faute à chaque coup qu'il me donnait. Ces coups se faisaient plus fort alors que je restais inerte, commençant à me demander si ce n'étais pas moi qui l'avais tué finalement. Les coups fusaient et je sentais que je commençais à partir, mes pouvoirs se faisant de plus en plus difficile à contenir sous le coup de l'adrénaline et de mes sentiments tourbillonnant entre le désespoir et la colère. Sa deuxième main qui maintenait ma gorge appuyée contre le mur, attrapa ma mâchoire et claqua ma tête contre le mur le fissurant d'autant plus.

"Laisse-moi faire... "

Une voix grave et mystérieuse raisonnait dans ma tête en faisant une sorte d'écho. J'avais l'impression que ce n'était pas la première fois que je l'entendais, mais en même temps elle m'était totalement inconnue. Elle avait ce quelque chose de familier, de presque rassurant, alors que le sang qui coulait abondamment de mon nez et de ma bouche continuait de voltiger en l'air, faisant presque comme un ballet. En attendant, cette voix se faisait plus puissante et plus pressante à chaque fois que ma tête partait sur le côté et que des phrases cinglantes sortaient de sa bouche tel du venin. Ma tête se faisait lourde alors que Gabriel m'attrapait et me jetait au sol. Quand je commençais à me relever, il prit la chaise à coter qu'il avait décalé quelques secondes plus tôt et me frappa violemment la tête avec.

"Tu as juste qu'une chose à faire... "

Ma conscience commençait à s'envoler définitivement, est-ce que j'allais mourir ainsi ? Après toutes ces semaines passées où j'aurais préféré perdre la vie ? La peur commençait à prendre possession de moi, je n'avais aucuns moyens de le raisonner et, dû à sa vitesse, aucuns moyens de le frapper. J'avais l'impression que mon visage se déchirait de mon corps, alors que des petites particules noires volaient autour de moi, se mêlant aux gouttelettes de sang. Je laissais de plus en plus cette chose prendre le contrôle sur moi en fonction du désespoir que je ressentais à l'idée de ne pas pouvoir rester en vie. Je sentais mes membres s'engourdir et mes yeux me bruler, puis Gabriel se figea de nouveau, sentant sûrement le danger. En même pas quelques secondes, il fut projeté à l'autre bout de la pièce s'écrasant contre le mur, d'où il déchira le papier peint en retombant. Je me relevai alors, époussetant mes vêtements, le sourire aux lèvres.

C'était une drôle de sensation. Contrairement à la dernière fois avec Jared ou j'avais l'impression d'être étrangère à mon propre corps, cette fois-ci c'était différents. J'avais une influence sur ce qu'il se passait, même si je n'avais pas le contrôle total. J'avais ce sentiment agréable de ne plus être seule et d'avoir des responsabilités en moins, j'étais comme sur un petit nuage.

Je m'avançais alors vers Gabriel et commençait à le frapper à mon tour, comme si toute cette retenue n'avait jamais été.

"Tu es mon démon, quel est ton nom ? Demandais-je à cette entité."

"Je suis Phobos, je ne suis pas "ton démon" je suis une partie de toi. Tes pulsions les plus violentes, t'es pensée les plus sombres, tout ceci condensé"

DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant