Chapitre 1-4

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— Qu'est-ce que tu veux ? Demandai-je aussi froidement que je le pouvais.

J'étais toujours dos à lui, néanmoins, je pouvais le voir dans le miroir à côté de moi ce qui m'allait très bien, il n'avait pas besoin de me voir, que ce soient mes yeux bleus qui laissaient transparaître mon envie de pleurer, mes lèvres épaisses que j'étais en train de mordiller ou encore mes longs et lisse les cheveux bruns qui encadraient tout ça. Je n'avais pas besoin de ça, et je ne voulais pas le regarder dans les yeux, ni même que lui vois les miens. J'étais fatigué et légèrement à cran, et je m'en rendis compte quand je vis deux formes, l'une blanche et l'autre noire, apparaître dans le miroir que je me rendis compte que j'étais à bout et que tout ça était puéril. Je me retournai donc sans pour autant le regarder, et je tournais un peu la tête comme si mes cheveux pouvaient cacher quoi que ce soit.

— Pandore... Est-ce qu'Enzo t'a tout dit ? Il avança vers moi, mais je reculai de quelques pas, faisant que je me retrouvais collé contre la porte. Est-ce que... Tu sais.

— Oui. Répondis-je. Je sais.

— Écoute Pandore je...

— Pourquoi je t'écouterais ?

— Laisse-moi deux minutes, juste ça et après je m'en vais.

Je redressai mon visage et le regardai enfin dans les yeux pour la première fois depuis le début de la conversation. Je voulais qu'il s'en aille le plus vite possible, mais en même temps je voulais qu'il reste avec moi, et qu'il ne parte plus. C'était sans doute pour cette raison que je le laissai parler.

— Je... Je vais commencer par le plus important : je suis désolé, je n'aurais pas dû, je te jure je regrette, je ne sais même pas ce qu'il s'est passé dans ma tête à ce moment-là... Mais je sais que ce n'est pas ça qui va te faire oublier... T'as toujours eu une grande mémoire... Mais... Enfin bref... Je veux juste que tu m'accordes une faveur. Juste une. Tu vois, Enzo a déjà dû te le dire, mais je suis clairvoyant. Sauf que mon pouvoir n'est pas encore assez développé et les lois appliquées font que je n'ai pas le droit de t'expliquer pourquoi, mais il faut que tu mettes ce collier et que tu le gardes avec toi. Tout le temps. Et s'il te plaît, fais-le, c'est pour ta propre sécurité...

    Il me tendit le collier que je pris avant de s'écarter de moi, je regardais la petite pierre rouge sang qui le composait et ne pouvait m'empêcher de me demander comment la couleur pouvait être aussi belle. Cette pierre était entourée de tiges d'or semblable à des lianes qui s'enroulaient autour.

— Mais honnêtement, pourquoi je t'écouterais ? Tu m'as regardé tous les jours dans les yeux pendant deux mois après m'avoir trompé.

— Est-ce que j'ai une raison de te mentir cette fois-ci ?

— Par ce que la dernière fois t'en avait une ?

— Je ne voulais pas te perdre.

— C'est dommage, c'est ce qu'il s'est quand même passé. Je le regardais de nouveau dans les yeux et soupirai. Tes deux minutes sont passées, tu peux partir... Et ne jamais revenir, du moins tant que je suis là. Je ne peux pas t'empêcher de voir ta sœur non plus.

Il restait alors là, planter dans l'entrée à me fixer avant de simplement hocher la tête. Il prit alors sa veste, dit au revoir à sa sœur puis me contourna et partit, sans un mot de plus. J'étais soulagé d'un côté, car je savais que cette histoire était enfin finie et que je pouvais fermer ce livre qui ne pouvait, de toute façon pas avoir de fin différente. Je me retournais alors et me dirigeais vers le salon, les larmes roulant sur mes joues, et regardais alors Jade. Elle me prit dans ses bras et me chuchotait dans l'oreille que c'était la meilleure chose à faire, et que de toute façon, il fallait que ça se termine. Elle se sépara ensuite de moi et alla dans la cuisine me chercher un verre d'eau.

— Au fait, le collier... Me dit-elle. Mets-le, vraiment.

— Toi aussi tu as des pouvoirs ? Demandai-je en reniflant.

— Je suis métamorphe. Être clairvoyant, c'est rare et malheureusement, même si on est jumeau, il n'y a que Jace qui ai hérité des pouvoirs de ma mère.

Je hochais et portais le verre à mes lèvres puis je me levais et me dirigeais vers ma chambre, en prévenant Jade que je ne mangerais pas ce soir. Une fois dans ma chambre, je me laissai tomber lourdement sur mon lit avant de me mettre sous la couette. Je savais que j'aurais dû me mettre en pyjama avant de faire ça, mais maintenant j'étais trop bien installé pour espérer bouger.

Ma chambre, c'était comme ma bulle. C'était mon endroit à moi, le seul où je pouvais être moi-même. C'était mon espace. Avec ses murs bleus et ses meubles en bois clair avec du bois et les nombreuses plantes, j'avais l'impression d'être dans mon vrai chez moi, chez mes parents, au temps ou ma mère me chantait encore des berceuses de sa voix si mélodieuse. Je rêvais de la revoir, même si elle m'avait abandonné et que je doutais qu'elle et mon père m'aient un jour aimée.

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Mes yeux s'ouvraient difficilement, ils étaient encore embrumés par mon sommeil, duquel je sentais que je n'étais sûrement pas encore totalement sorti. Et ça, je le vis quand j'entendis deux voix m'appeler au loin et deux silhouettes se pencher sur moi, l'une très sombre et l'autre beaucoup plus claire. Les deux semblaient se ressembler, mais elles avaient l'air pourtant opposées en tout point. Quand l'une dégageait une aura attirante qui était presque rassurante et bienveillante, l'autre ne dégageait quant à elle pas du tout la même chose, je sentais qu'elle était plus froide, et à l'encontre total de la personne a la silhouette plus claire.

Elles étaient proches de moi malgré le fait que je ne pouvais bien distinguer leurs visages et que leur voix paraissaient extrêmement lointaines. Elles continuaient de chuchoter mon nom jusqu'à ce qu'elles se stoppent d'un coup en se redressant.

— Nous sommes les gardiennes... Dirent-elles en même temps. Nyx... Stria... On veille sûr... Toi...

Elles se retournèrent ensuite et commencèrent à disparaître, j'essayais tant bien que mal de me lever et de leur dire de se stopper, sauf qu'aucun son ne voulait sortir de ma bouche et j'étais incapable de me relever. Je commençais à paniquer, je voulais qu'elle reste, je voulais comprendre tout ce qu'elles venaient de dire... Mais tout ça ne faisait aucun sens dans ma tête, toujours embrumé pour, finalement, je ne sais quelle raison. Elles finirent par disparaître totalement, me laissant seule, dans le noir quasi-complet de ma chambre, dans ma bulle qui ne me semblait plus être la mienne.


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