Sans même lui laisser le temps de se relever, le démon ressorti, le toisant de sa hauteur. Même s'il ne semblait pas apprécier cette appellation de démon, il dégageait une aura effrayante, bestiale, alors que les orifices qu'il y avait à la place de ses yeux dégoulinaient, donnant l'impression de larmes qui roulaient sur son sourire sonnant faux, forcé. Gabriel se releva, l'air horrifié et ne sut plus où donner de la tête, les particules l'entouraient et chaque gouttelette de sang fondait sur lui comme des balles. Il frappait dans le vide autour de lui et bien que certains coups faillit toucher sa cible, s'il en avait toujours une, le démon noir évita habilement les coups, le sourire toujours scotché aux lèvres. Il finit alors par sortir son démon lui aussi, un monstre imposant qui était plus petit que Phobos, mais plus carré et qui contrairement au mien n'avait pas de visage. Il sembla regarder autours de lui d'un air perdu pendant que des parties de lui s'effritaient et tombaient au sol.
Jared, quant à lui, ne souriait plus du tout, il semblait presque nerveux. Il s'avança vers Gabriel qui continuait de frapper dans le vide. Ce spectacle avait quelque chose de pathétique, on voyait Jared qui essayait tant bien que mal d'atteindre son pantin alors que ce dernier envoyait valser des rayons noirs dans le vide. Je regardais alors mes mains, noircies par la magie noire, alors que je réfléchissais. C'était le moment idéale pour attaquer Jared, il avait baissé sa garde et essayait de régler le problème de vue de Gabriel, il ne pensait plus à moi. Je me précipitais donc vers lui, mon sang tambourinant dans mes veines, prête à lui arracher la tête comme j'en rêvais depuis longtemps maintenant.
Cependant, tout ne se passa pas comme prévu. Au moment où ma main pourvue de longues griffes noires allait toucher sa nuque il se retourna et évita de peu le coup. Il recula ensuite, la mâchoire et les poings serrés. Il murmura quelque jurons avant de se téléporter derrière moi, pensant me faire subir la même mort que j'avais tenté de lui infliger.
— Autant te terminer moi-même. Déclarait-il avec un sérieux sans précédent.
Au moment où il abattit son bras sur moi, la pièce explosa, m'envoyant valser quelques mètres plus loin. Je sentis les murs et le plafond s'effondrer sur moi, réduisant en charpie certaines parties de mon corps. Si j'avais pu hurler de douleur, je l'aurais fait. Mes oreilles sifflaient alors que je dégageais les nombreux débris, des bouts de plafond principalement, qui me recouvraient presque entièrement.
Prise d'une crise de toux, j'essayais de me retourner et de me redresser, pensant arranger la chose. Mais, quand je me redressais enfin, je me rendis compte de l'ampleur des dégâts. Outre l'état de mon propre corps, la pièce avait été souffler par l'explosion. Les murs qui avaient explosé révélaient des dizaines de couloirs, de salles et même de cellules. Le plafond qui s'était écroulé aussi à l'étage du dessus laissait entrevoir un ciel grisâtre et un rayon de soleil qui perçait entre les nuages et éclairait ce qu'il restait de la salle. La lumière se faisait de plus en plus forte, aveuglante presque. Je ne l'avais pas vu depuis longtemps maintenant alors le sentir sur ma peau, malgré les picotements, c'était un soulagement.
— Tu n'es pas encore sortie d'affaires.
Je me retournais alors hâtivement, ce qui ne manqua pas de me faire grimacer sous la douleur qui s'atténuait relativement lentement. Lumina se tenait à côté de moi, assise sur un bout de plafond surplombant une pile d'autres débris, les jambes se balançant de haut en bas dans le vide. Ses longs cheveux bruns flottaient dans l'air et renvoyaient des reflets dorés là où les rayons de soleil traversaient. Ses yeux pétillants me regardaient alors avec malice pendant qu'un sourire éclaira son visage et il y avait cette odeur caractéristique de roses et de sucre qui planait dans l'air alors que la poussière me chatouillait le nez. Vêtue de sa longue robe blanche, elle descendit de son perchoir et s'approcha de moi.
— Il faut que tu te réveilles maintenant, tu n'es plus seule.
— Mais je ne sais pas quoi faire ! M'empressai-je de répondre. Je ne sais pas comment ramener Gabriel, et je ne sais pas comment faire pour battre Jared ! S'il a encore le contrôle de mes pouvoirs, je n'ai aucun moyen de le battre !
— Tu veux que je te dise ? Tu étais trop sûr de toi. Tu te croyais invincible et puissante tout ça parce que ton pouvoir est impressionnant et d'une grande rareté. Mais toute personne trop sûre de soi finit par se faire redescendre sur terre. Et c'est ce qu'il s'est passé. Tu pensais que, comme toute héroïne, tu allais par miracle te découvrir un nouveau pouvoir qui allait tout changer, qui allait te sauver, sauf que non. Elle se releva en époussetant les plis de sa robe toujours aussi éclatante. Maintenant... que te reste-t-il ?
Ce qu'elle venait de dire me laissa sans voix. Je n'avais aucune idée de comment me défendre, car je n'avais aucune idée de la véracité de ses propos. Peut-être que dans le fond elle avait raison... Je la regardais alors se faire recouvrir par la lumière qui était devenue plus forte que jamais, me forçant à fermer les yeux. Je sentis ensuite que je me faisais traîner en dehors des gravats et la poussière mêlés à l'odeur de brûlé me ramena subitement à la réalité. J'ouvris alors les yeux pour voir Haiden qui m'avait attrapé en dessous des épaules et qui me traînait comme elle pouvait jusqu'à un coin qui ne risquait pas de s'effondrer sur nous. Je ne pus m'empêcher de prononcer son nom entre deux toussotements, comme pour vérifier que c'était bien elle. Elle me répondit d'un sourire couplé d'un hochement de tête avant de me faire comprendre qu'il fallait que je me calme et que j'arrête d'essayer de parler.
Après quelques mètres elle déplaça un bout de mur sur le sol qu'elle mit de façon à ce que je m'appuie dessus puis elle s'accroupit en face de moi et regarda l'état de mes jambes.
— Dommage que Blake ne soit plus là... soupirait-elle. Il aurait pu t'aider pour tes jambes, Allison lui avait enseigné les bases. Mais bon je pense que dans quelques minutes tes jambes seront comme neuves.
— D'accord... Disais-je surprise par l'évocation de Blake. Ça ne te fait rien qu'il soit mort ?
— Si. Elle se redressa avant de faire un signe de main à quelqu'un derrière moi. Mais... on a eu le temps de faire notre deuil en cellule. Et clairement, ce n'est pas ce qui me préoccupe le plus.
Je hochais la tête alors que des bruits de pas résonnèrent derrière le pan de mur. Mes muscles se tendirent immédiatement, me faisant grimacer. Je ne pouvais pas me laisser surprendre une seconde fois, je me redressais le plus rapidement possible et attrapa un barreau en fer qui trainait à côté de moi. Cependant, Haiden attrapa la barre d'un geste doux alors que Liam, aidé par Téo, soutenaient Gabriel alors inconscient. Un hoquet sortit de ma bouche quand je vis Gabriel avec un barreau, semblable à celui que j'avais récupéré, dans l'œil. Liam quant à lui semblait en pleine forme, malgré les signes évidents de fatigue, ce qui était à l'opposé de Haiden et Téo qui avaient de nombreux bleus et égratignures.
Haiden se précipita vers eux et aida Liam et Téo à déposer Gabriel au sol, là où quelques secondes plus tôt j'étais assise. Raphaël arriva ensuite, me soulageant d'autant plus. Il était pâle, mais ne paraissait pas blessé. Il me prit dans ses bras en faisant attention à ne pas me blesser davantage, en caressant mes cheveux et en me disant comment il s'inquiétait et comment il pensait a ce que l'autre pouvait me faire. Je décidais alors d'expliquer en résumé ce qu'il s'était passé, je ne voulais pas en avoir plus d'une ou deux minutes pour tout dire. Après avoir terminé, Raphaël et Haiden m'expliquèrent qu'il ne restait plus qu'eux, Enzo étaient mort dans les cellules d'une blessure qui s'était infecté et Jace... Il avait apparemment disparu sans laisser aucune trace dès l'explosion. Raphaël avait alors ajouté avec dédain que de toute façon on ne pouvait rien attendre de plus venant de lui.

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Demon
ParanormalPandore est une jeune fille vivant avec ces trois colocataires dans un petit appartement près de son collège depuis que ses parents l'ont abandonné sans jamais donner de raison. Si on omet cela, elle vit une adolescence normale, partagée entre les c...