Chapitre 8-2

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Je ne faisais plus que penser et dormir, à tel point que j'avais totalement perdu la notion du temps, je finissais même par me dire que l'on oubliait de me donner à manger quelques fois. Je commençais même à me parler à moi-même. J'avais beau essayer de parler à Nyx ou à Stria, ou même à Lumina, ils ne me répondaient jamais. Ce qui était logique finalement puisque je n'avais plus de pouvoirs.

La porte s'ouvrit, me coupant dans mon petit résumé quotidien. Je m'attendais à voir Jessica arrivé avec ma nourriture, mais non, ce n'était pas elle. Jared avança vers moi à pas léger, allumant la petite lumière au-dessus de ma tête. Je fermais alors les yeux par reflex, habitué à l'obscurité, j'étais éblouie par la lumière.

— Tu tiens plus que ce à quoi je m'attendais. Je te félicite.

Je ne répondis pas. Je n'avais pas parlé depuis assez longtemps donc j'étais incapable de sortir le moindre son.

— Mais on ne va pas se mentir, tu es dans un sale état. Tellement de blessures à moitié ouverte qui pourraient se guérir si tu avais accepté... Enfin bon, j'avoue que je suis heureux finalement que tu aies fait ce choix, je vais pouvoir m'amuser un peu.

Il sortit alors un couteau de boucher de sa ceinture avant de reprendre.

— Tu sais, je déteste que l'on ne me réponde pas. J'ai horreur que l'on m'ignore.

Je relevais la tête vers lui, ce sourire crispé sur son visage me terrifiait, je ne savais pas ce qu'il allait faire avec ce couteau et je n'avais pas vraiment envie de le savoir. Puisque je n'avais plus de pouvoir, la douleur que je ressentirais serait semblable à n'import quel humain. Alors que je commençais à croire qu'il n'allait rien faire avec, il leva le couteau et l'abattit sur ma main sans même sourcilier. Je hurlais de douleur en voyant le haut de ma main tomber, ainsi qu'une partie de mon pouce. Mon hurlement n'avait rien d'humain, et je pense que mon visage non plus, je serrais les dents pour ne pas faire de mouvement qui pourraient me faire mal davantage. Pendant ce temps, ma main pissait le sang jusqu'à éclaboussé le visage et la chemise blanchâtre de Jared qui n'en avait visiblement rien à faire.

La douleur était insoutenable, j'étais sûr de n'avoir jamais eu aussi mal de ma vie, même quand je recevais des coups mortels en combats. Et pourtant, là je souffrais et je savais pertinemment qu'au vu du sang que je perdais je n'allais pas rester consciente très longtemps.

— Je suis content de voir que tu as toujours de la voix. Ça aurait été problématique sinon.

— Je ne vais pas tenir longtemps comme ça, c'est bête. Disais-je, les dents toujours serrées.

— Par ce que tu penses que je vais te laisser mourir ? Bien-sûr que non, ce serait du gâchis voyons...

Je relevais légèrement la tête de sorte à pouvoir voir de nouveau son visage et dit d'une voix que j'espérais calme :

— Qu'est-ce que tu comptes me faire maintenant ?

— T'abimer. Ne t'en fais pas, c'est loin d'être terminé. Je vais te laisser le minimum de pouvoir pour t'éviter de mourir. Et bien-sûr, il récupéra le bout de main et de pouce avant de les coller à ce qu'il en restait d'accrocher à mon bras, je vais te laisser le loisir d'avoir une main, ce serait moins drôle si je n'avais plus de main à couper.

— Comment c'est possible d'être aussi horrible ?

— À vrai dire, je ne me considère pas comme horrible. Par contre, si tu veux mon avis, la seule personne qu'il l'est ici, c'est toi. Tu n'as eu aucune hésitation à mettre tes amis en danger en refusant mon offre et en plus tu en as tué un. Et puis si on compte toutes les personnes que tu as tuées dans ta courte vie... Tu es loin d'être une sainte.

— Ferme...

— Eh, il attrapa mon visage entre ses mains, n'oublie pas dans quelle position tu es. Sur ce, il se redressa et lâcha mon visage en se déplaçant vers la porte, repose-toi bien !

Puis, il partit en claquant la porte. Heureusement pour moi il n'avait pas éteint la lumière en sortant et grâce au peu de pouvoir que j'avais récupéré a sa sotie ma douleur était devenu un peu plus soutenable. Ma main guérissait lentement, je pouvais voir chaque veine et chaque muscle se reconstruire petit à petit. J'avoue que ce n'était pas vraiment un spectacle que je conseillerais, enfin bon je suppose que ce n'était pas vraiment une question de choix.

Plus les heures passait, moins la douleur se faisait forte et ma main était maintenant en grande partie guérie même si je n'arrivais pas à soigner au-delà des muscles. Cependant, je commençais à sentir les effets de mes différentes blessures, j'avais le front dégoulinant de sueur et du mal à respirer. On m'avait heureusement donné un peu plus de nourriture, j'avais eu le droit à un peu de fromage avec le sandwich habituel, pour, je cite : "Te redonner assez d'énergie pour soigner en grande partie ta main." Il savait pertinemment que ma main ne se soignerait jamais entièrement et pareil pour mes autres blessures. Ça l'amusait de me voir comme ça et c'est ce qui me dégoutais le plus.

J'avais cru être maligne, j'aurais mieux fait d'accepter son offre. Je savais qu'il y aurait des problèmes, mais pas au point de me retrouver torturer. Je me demandais aussi si mes amis allaient bien, je l'espérais en tout cas. Et même si je ne crois pas aux dieux, je priais en espérant qu'ils interviennent, qu'ils fassent quelque chose pour moi. La plupart du temps je priais Serath, dieu de la vengeance et de la guerre, mais il m'arrivait aussi de prier Zélésia, reine des dieux, reconnue pour son pardon légendaire, du moment qu'on ne dépassait pas les limites.

En y repensant, je ne croyais déjà pas en Dieu quand j'étais encore... Normale ? Mais depuis que j'avais commencé à vivre dans l'arène et à côtoyer des gens avec des pouvoirs qui avaient tous la même religion, j'avais adopté leur culture. Pour moi, quand on me parlait de Dieu, je ne pensais pas aux dieux qui gouvernent le monde humain à première vue, mais bien aux dieux qui régnaient sur ce monde magique qui était maintenant devenu le mien. En réalité, ces dieux se rapprochaient plus de la mythologie Grec, nordique ou encore égyptienne pour ne citer que les plus connus. Je n'avais certainement pas l'habitude de les prier, et c'était même d'ailleurs la première fois, mais j'espérais vraiment avoir une chance. Il me suffisait d'un élément déclencheur qui causerait une perte de contrôle sur mes pouvoirs. À partir de là, Jared ne serait plus capable de contrôler quoi que ce soit puisque mon corps ne me répond alors pas. Il me fallait quelque chose, n'importe quoi.

DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant