Chapitre 5-6

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La soirée passa rapidement, nous étions tous un peu fatigué par le trajet et même si l'équipe s'entendait plutôt bien Raphaël avait un peu de mal à se mêler aux autres. Et comme toute bonne meilleure amie, il était hors de question que je le laisse tout seul dans un coin. À la fin, j'avais passé toute la soirée à rigoler sur le canapé en sa compagnie et je suis partie me coucher un peu avant tout le monde. Je savais pertinemment que je n'avais pas encore tout à fait récupéré donc un peu plus de sommeil ne pouvait qu'accélérer le processus.

Quand je me réveillais le lendemain, la douleur que je ressentais dans le ventre avait complètement disparue à mon grand soulagement, et j'avais l'impression d'avoir récupéré une grande partie de ma force, j'aurais pensé que ça prendrais plus de temps que ça, ainsi je suis plutôt surprise, agréablement bien-sûre. Une fois que j'avais fini de laver et de m'habiller, Gabriel débarquait en ouvrant grand la porte, le visage impassible.

— Tiens, disait-il en me lançant une machette que je récupérais au dernier moment et de me sourire, je t'avais prévenue hier. La salle au sous sol est prise alors on va dans la forêt.

Je hochais la tête avant de regarder la machette aux couleurs sombres qu'il venait de me donner. J'avais déjà manié deux ou trois fois ce genre d'arme dans l'arène dans le cadre de partenariat ou autre. Cependant, même si j'aimais beaucoup me battre avec, j'avais préféré le laisser de côté, pour aucune raison d'ailleurs. Je suivis ensuite Gabriel à travers la forêt qui était plutôt bruyante avec le bruit du petit cours d'eau, des oiseaux et des feuilles. On arriva, après quelques minutes de marche, dans un endroit un peu plus dégagé que le restant de la forêt. Ça restait quand même assez étroit pour pouvoir bien s'entraîner, mais ça restait toujours plus grand que les chemins par lesquels nous étions passés.

— Bon, ça me paraissait plus grand cette nuit, mais tant pis ! S'exclamait-il en s'étirant.

— C'est toujours mieux que rien, répondis-je, on commence par quoi ?

— Toujours aussi pressé à ce que je vois ! On s'échauffe un peu et ensuite on verra.

Je posais alors la machette au sol à côté de moi et commençais à m'échauffer sans grande conviction. Alors que je regardais ailleurs en tournant mes poignets, Gabriel en profitais pour me jeter un bout de bois qui m'arriva en pleine tête. Je le regardais avec incompréhension et alors que je commençais déjà à préparer un plan pour la vengeance dans ma tête, il se justifiait en disant simplement qu'il faut que je "mette un peu plus de nerf" dans cet échauffement avant qu'il ne fasse pire que cela.

C'était décidé, ma vengeance allait être pire.

Je finis l'échauffement quelques minutes plus tard, un peu plus excité à l'idée que c'était une bonne occasion pour moi de lui faire mordre la poussière et de me venger en quelque sorte pour le bâton de tout à l'heure, n'ayant malheureusement pas trouver de plan viable. Je repris alors mon arme toujours au sol et m'approchait de Gabriel en souriant bizarrement. Il me rendit mon sourire et s'approcha à son tour avec ses deux dagues dans chaque main, prêt à en découdre autant que moi apparemment.

Sans dire un mot de plus, on se mit en position de garde, et on se regardait attentivement, attendant de savoir qui ferait le premier mouvement. N'ayant aucune patience, je m'élançai sur lui et tentai de lui asséné un coup dans le ventre en faisant bien attention à ne pas baisser ma défense. Il esquiva aisément avant de me donner un violent coup dans les tibias me faisant tomber au sol, je me retournais alors rapidement et parais son coup au dernier moment. Le fracas de ses lames contre la mienne le fit sourire avant qu'il ne me demande ce que ça faisait d'être déjà au sol. Je me contentais de lui faire un faux sourire et d'attraper sa dague avec ma main libre. À cause de l'effet de surprise, il n'avait pas eu le réflexe de lâcher sa dague et je pus donc le rapprocher de moi en plantant sa dague dans le sol à une trentaine de centimètres de ma tête. J'en profitais alors pour donner un violent coup de genou entre ces jambes, il se reculait alors précipitamment en gémissant. Je me redressais et le regardais toute contente, avec une fierté non dissimulée pendant qu'il tentait tant bien que mal de se redresser.

— Attends trente secondes... Disait-il pendant qu'il essayait de cacher sa douleur sur son visage.

— Alors comme ça on ne supporte pas un simple coup de genou ? Le charriai-je.

— Un simple coup de genou ? S'indignait-il. Un simple coup de genou ?. J'ai mal là !

Je ne pouvais pas m'empêcher de rigoler à mon tour, ce qui le fit rire à son tour. Quelques secondes plus tard, l'entraînement repris, et comme il fallait s'y attendre, il ne retenait plus du tout ces coups. Quand, après plusieurs heures de combat acharné, l'entraînement prit fin, nous avancions dans la forêt d'un pas difficile, exténué par tous les efforts qu'on avait fournis.

— Putain ça faisait longtemps que je ne m'étais pas entrainé ! S'exclamait-il.

— Arrête, quand je t'ai vu à l'hôpital, tu avais l'air exténué. Je parierais tout ce que tu veux que tu t'étais entraîné un ou deux jours avant.

— Parce que t'as quelque chose à parier même ? Me taquinait-il. Mais bon, je m'étais entraîné la veille.

— Qu'est-ce que je disais ? J'en étais sûre.

— Mais bon j'ai passé quatre ans à m'entraîner presque tous les jours, disait-il en reprenant son sérieux, toute trace d'humour avait disparu de son visage, alors ne pas m'entraîner pendant quatre jours ça me paraît énorme.

— Tu... Tu t'es vraiment entraînée tous les jours ?

— Il fallait que je sois sûre d'être plus fort, disait-il en me regardant, je ne voulais pas me retrouver tout seul à nouveau, mais je ne souhaitais pas mourir non plus, donc j'ai trouvé une solution. Mais bon, je savais très bien que tu t'entraînerais toi aussi de ton côté et que tu ne resterais pas à rien faire. D'ailleurs, à la fin, j'ai gagné une bonne partie des matches à l'entraînement alors c'est que ce n'était pas une mauvaise idée.

Je ne savais pas trop que dire, c'est vrai que dans l'histoire, c'est lui qui a vu sa propre mort, et par ma faute en plus. J'avais de la peine pour lui et je me sentais coupable qu'à cause de moi il dut faire tout ça. Même si finalement, s'être entrainé ne peut avoir que du positif, je me disais qu'il était aussi passé à côté de quatre ans de sa vie, que les gens décrivent comme les plus belles qui plus est. Voyant que je commençais à me sentir mal et que je ne savais pas quoi dire, il décida de changer de sujet de conversation pour quelque chose de plus léger. Et on continua le court trajet de cette manière, à parler de tout et de rien, comme la première fois, même c'était il y a longtemps maintenant.


DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant