La voiture se garait à quelques mètres de la porte. Beaucoup de choses avaient changé depuis la dernière fois que j'étais venue, ça se voyait que la maison était occupée et entretenue et la forêt semblait avoir pris un peu plus le pas sur l'allée à l'avant de la maison.
— Je ne comprends toujours pas comment le M.S.G. n'a pas encore capté que vous étiez là. pensais-je à voix haute malgré moi.
— C'est le même principe que l'arène, les gens normaux ne peuvent pas la voir et les appareils ne peuvent pas la détecter. Me répondit Blake. Surtout que comme la forêt est de plus en plus sur la maison, c'est encore moins visible.
Je hochais la tête en fixant la maison avec une pointe de nostalgie dans le regard, me rappelant du moi d'il y a quelques années, qui était perdue et qui ne savait pas vraiment ce qu'elle était capable de faire. En y repensant, il y a quatre ans, j'aurais pu imaginer tout et n'importe quoi sauf ce qu'il s'est réellement passé. Qui aurait cru que la gamine un peu cruche et blasée de la vie que j'étais aurait fini comme ça. Enfin fini, façon de parler, j'ai encore toute une vie devant moi. Enfin... J'espère.
J'avançais derrière les autres à côté de Raphaël qui ne semblait toujours pas bien réveiller, et qui s'obstinait à se frotter les yeux en espérant chasser le sommeille. Il se tournait ensuite vers moi, prêt à dire quelque chose avant de se raviser et de se concentrer sur les petites dalles en pierre qui ornaient le sol du chemin. Puis comme s'il avait décidé que finalement ce qu'il avait à dire valait la peine d'être dit.
— Tu... Tu penses qu'on va y arriver ? Me demandait-il. J'y ai pas mal pensé et... Je ne sais pas, je ne sens pas vraiment cette mission.
— Aurais-tu perdu ta fameuse assurance ? Rigolais-je. Ne t'en fais pas pour la mission, ça va bien se passer, comme celles qu'on a vues avant. C'est vrai que celle-là est un peu différente puisque là, c'est des personnes que je connais, mais ne t'en fais pas, tout se passera bien.
J'essayais tant bien que mal de le rassurer, mais c'était compliqué. C'était toujours moi qui stressais avant les missions parce que j'avais trop peur pour lui et il finissait souvent par me rassurer en faisant des blagues à la con. Donc là, c'était différent et ça me prenait moi-même au dépourvu, est-ce-que tout allait bien se passer ?
On entrait dans la maison nos sacs sur l'épaule, qu'on déposa rapidement près de la porte. Jace et Enzo avait été déposé à un hôtel sur la route puisqu'il ne souhaitait pas dormir au même endroit que nous, sûrement par peur de se faire étouffer par un coussin en pleine nuit.
L'intérieur n'avait plus rien à voir avec ce que c'était auparavant, les meubles d'appoint avaient été pour la plupart remplacés et le vieux canapé avait été échangé contre un clic clac qui avait déjà été placé en mode lit, certainement pour nous.
— Alors euh... C'est gentil, mais on est trois, ou dort le troisième ? Demandait Raphaël qui avait l'air d'avoir juste envie de se coucher.
— Tout dépend de vous, mais il reste une place dans la chambre de Haiden donc on avait pensé que Pandore dormait là.
— Ça me va ! S'empressait de rajouter Raphaël qui, sous mon regard interrogateur, ajoutait d'une voix un peu plus calme, mais tout de même méfiante : il y a trop de mecs ici et je n'ai pas confiance en eux.
Je ne pouvais pas m'empêcher de rigoler quand je l'entendis et le vis avec son regard méfiant qui n'était pas du tout crédible quand on le connaissait un minimum. Il avait ce truc qui faisait qu'il était presque impossible de le prendre au sérieux, et pourtant ce n'était pas faute d'essayer.
— La mission est dans deux semaines, on a aménagé le sous-sol pour pouvoir faire une petite salle d'entrainement. Je pense que c'est important qu'on se batte un peu ensemble avant le début de l'attaque. Expliqua Blake. Mais c'est temporaire, dans trois jours on bouge de la planque.
— Pourquoi ça ? Demandait Téo avec un air perplexe.
— On va se rapprocher un peu de l'endroit de la mission, histoire d'éviter de faire trop de route, Liam et moi on a déjà repéré un vieil hôtel abandonné pas trop loin.
— Ça va finir avec une chasse aux fantômes cette histoire, un vieil hôtel abandonné ? Sérieusement ? Se plaignait Raphaël.
Il avait en horreur tout ce qui touchait au surnaturel, bien que, pour les gens normaux, nous étions des êtres surnaturels. Et en réalité, je trouvais ça trop adorable, quand il avait peur il passait sa vie à se retourner, à se gratter l'épaule et à se triturer les doigts quand ceux-ci étaient libres.
— Et oui, après tu es libre de ne pas nous suivre, mais bon, ce sera compté dans ton salaire... Le taquinait Téo.
— Euh... Nan mais... Voilà, je vais venir.
Téo souriait face à ces balbutiements pendant que je déposais près de la porte de la chambre de Haiden mon sac que j'avais repris rapidement. Je revins dans le salon et me rapprochai de Gabriel qui était avachi sur la table en massant ses tempes. Quand il me vit arriver, il tira légèrement la chaise à côté de lui, m'invitant à m'y asseoir. Ce que je fis avant de m'accouder à mon tour sur la table, étant un peu fatiguée par le voyage.
— Demain on s'entraîne ? Me demandait-il en baillant. Je n'ai jamais eu réellement l'occasion de me battre contre toi, et maintenant que tu es devenue plus forte...
— C'est l'occasion de voir ce que je vaux ?
— Un peu oui. L'arène... On peut difficilement trouver mieux comme entraînement. Enfin sauf le mien bien évidemment, c'était le meilleur. Souriait-il.
— Je me doute ! Rigolais-je. Mais bon, je ne parierai pas là-dessus !
Il me regardait en souriant légèrement, c'était le genre de regard où tu finissais par te demander à quoi il pensait. Raphaël avait d'ailleurs exactement le même regard, et à chaque fois je finissais par lui lancer quelque chose, au plus souvent un coussin ou de quoi manger, pour le ramener à la réalité. C'était comme si leurs cerveaux avait totalement dérivé en l'espace que quelque secondes après m'avoir regardé. Contrairement à Raphaël, je ne pouvais pas jeter quoi que ce soit sur Gabriel. Déjà parce que ça fait plus de quatre ans que l'on ne s'est pas vu, mais aussi parce que la relation que j'ai avec Gabriel est totalement différente, Raphaël est mon meilleur ami alors que Gabriel... je ne saurais même pas qualifier notre relation, si on est ami ou juste collègue.
Il se redressa ensuite et s'avachit sur sa chaise, les mains dans ses poches.
— C'est ce qu'on verra. Affirmait-il avec un regard défiant et un sourire toujours plaqué sur son visage. N'oublie pas que j'ai plus d'années "d'entraînement" en quelque sorte que toi.
— Ce n'est pas parce que tu te bats depuis plus longtemps que tu es forcément meilleur. Affirmais-je à mon tour.
Il hocha alors lentement la tête en pinçant ses lèvres, comme si ce que je disais était logique, mais qu'il n'y croyait pas ou qu'il s'en fichait totalement.
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Demon
ParanormalPandore est une jeune fille vivant avec ces trois colocataires dans un petit appartement près de son collège depuis que ses parents l'ont abandonné sans jamais donner de raison. Si on omet cela, elle vit une adolescence normale, partagée entre les c...