Chapitre 7-1

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Je me réveillais avec peine, mes yeux avait du mal à faire le moindre mouvement et ne voulait pas s'habituer au manque de lumière de la pièce. J'avais l'impression que l'on m'avait traîné par terre, que mon corps avait été étiré puis écrasé, comme si j'avais été un chewing-gum que l'on avait mâché. Chaque articulation de mon corps me faisait plus ou moins souffrir, en fonction de leur emplacement et mes muscles tendus me faisaient grimacer dès que j'essayais de les bouger. Au bout de quelques instants, j'arrivais enfin, non sans quelques gémissements, à me lever du sol bétonné sur lequel j'étais étendu. Une fois debout et remise un peu de mon effort, une voix résonnait dans la pièce. Elle était grave et menaçante, l'écho que l'on put entendre à chaque mot qui sortait de sa bouche me rassura un peu, la pièce devait-être quasiment vide.

— J'espère que tu as bien dormi !

— Pas vraiment, répondis-je sur la défensive, où suis-je ? Et où sont les autres ?

— Je suis étonné que tu ne me demandes pas qui suis-je...

— Désolé de te casser ton délire, mais tu es le gars de tout à l'heure, dans tous les cas tu vas bientôt mourir, alors connaître ton identité ne me serviras pas à grand-chose.

— Quelle arrogance ! Tu te surestimes... Mais je vais répondre à tes deux questions par bonté d'âme.

— Bonté d'âme ? Ne te fous pas de...

Je n'eus même pas le temps de finir ma phrase qu'une petite lumière s'alluma du plafond, rendant la pièce visible malgré la faible luminosité. Du sang était étalé sur les murs et le plafond alors que des flaques se formaient sur le sol, imprégnant la pièce d'une odeur de sang affreusement forte que, bizarrement, je n'avais pas senti plus tôt. Quand je baissais la tête pour voir d'où tout ce sang venait, je n'osais plus bouger, mes muscles s'étaient tétanisés. Tout le monde était étalé au sol, mais ce n'était pas le plus grave. 

Ce qui était le plus horrible pour moi, c'était de voir, au centre, le corps éventré de Blake gisant sans vie sur le sol. Ses intestins ressortaient de son torse, ou de ce qu'il en restait et allait s'échouer sur le sol, formant une petite marre rougeâtre. Ses yeux encore ouverts n'avaient plus aucune vie, ils étaient ternes, sans la moindre lueur ou expression, ils étaient juste vides. J'avais déjà vu des milliers de morts, et j'en avais tué sûrement les trois quarts, mais là... C'était trop pour moi. C'était impossible pour moi de garder mon regard posé sur lui plus longtemps. J'avais l'impression que j'allais vomir, dégoûté de voir tout ça.

Je répétais alors sans cesse que ce n'était pas possible, j'étais obsédée avec l'idée que ce n'était qu'un cauchemar d'où je vais bientôt me réveiller. Mes jambes flageolaient, je peinais pour rester debout et je savais qu'elle n'allait pas tarder à me lâcher. Je reculais de quelques pas avant de tomber lourdement au sol, déséquilibrée par le corps inerte de Haiden, recroqueviller sur le sol, comme si elle dormait. Prise d'un élan de panique, je la secouai en espérant la réveiller, mais rien, je respirais alors un bon coup et vérifiais si elle respirait toujours et si elle n'avait pas de blessure apparente comme Blake. Je poussais alors un grand soupir de soulagement quand je sentis son souffle et son cœur battant. Elle était toujours en vie. Je me retournais alors pour observer les autres, étaient-ils toujours en vie eux aussi ?

Le temps me manqua pour vérifier quoi que ce soit parce qu'un gros bruit se fit entendre devant moi. L'homme qui m'avait parlé quelques minutes plus tôt était penché en avant et se tenait l'arrière du crâne. Derrière lui, Gabriel qui était salement amoché, continua son retournement de situation en le frappant une nouvelle fois et avec beaucoup plus de force. L'homme s'écrasa alors au sol, fissurant le béton jusqu'à mes pieds. J'allais pour venir en aide à Gabriel quand l'homme, qui se relevait alors, fit un geste de main vers moi. Mon corps qui était en mouvement se stoppa net. Je ne pouvais plus bouger ou esquisser le moindre mouvement.

— C'est du contrôle mental ma chère, j'ai profité de ton sommeil pour te mordre.

Il finit de se redresser alors que Gabriel se précipitait vers moi. Comment ça me mordre ? Me demandais-je en regardant les parties visibles de mon corps, pourtant je ne voyais aucune morsure. Il y avait donc trois possibilités, soit il m'avait mordu, mais cette dernière se trouvait dans mon dos ou mon cou, soit mon corps avait déjà soigné la morsure, ou alors il bluffait et ne m'avait pas mordue du tout. Mais soyons honnête, cette troisième possibilité ne me semblait pas probable.

Gabriel, qui était arrivé à ma hauteur, essayait tant bien que mal de me faire partir rapidement. Il me secoua dans tous les sens, remuant chaque parcelle de mon corps inerte, puis dans un élan de panique me claqua la joue avec force. Mais rien n'y faisait, je ne bougeais pas. Ses yeux écarquillés me regardaient avec désespoir, il savait, il savait qu'on était fini.

— Je te l'ai dit, reprit le vampire, elle est sous mon contrôle. Tu ne peux rien y faire. Il sourit alors avec un sourire qui me paraissait alors très dérangé. Par contre, tu es une gêne maintenant que tu t'es réveillé... Mais tu vas avoir le mérite de bien me divertir.

Il claqua de nouveau des doigts et mon corps se remit à remuer. Sauf que ce n'était pas moi qui le faisais se mouvoir... Il agissait tout seul. Ses mouvements étaient saccadés et semblaient difficiles, comme un robot ou une poupée que l'on essaierait de faire bouger. Les articulations se pliaient dans un sens puis dans l'autre à des moments où elles devaient rester tendues, et parfois inversement. Ce corps, j'avais l'impression qu'il n'était plus le mien, qu'il était meurtri, mais que ce n'était pas moi. 

Tout à coup, mon visage qui était dirigé vers le sol se releva vers Gabriel, qui reculait alors de quelques pas. Comprenant que rester proche de moi n'était pas une bonne idée. Ce corps, alors endormis parut se réveiller, comme sortant d'une sorte de trans, je m'élançais vers lui à pleine vitesse, le bras avancé vers lui. Il n'eut même pas le temps de se déplacer d'un centimètre. Ma main avait déjà transpercé son torse, arrachant son cœur dans le même temps. Il y eut ensuite un autre claquement de doigt, qui me fit revenir à moi, mais c'était déjà trop tard.

— Non... Murmurais-je.

DemonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant