Demon

Chapitre 2-5

Je lui répondais donc d'un salut attendant une potentielle discussion qui ne semblait pas arriver, je commençais une phrase quand celui-ci reprit avec une voix calme :

— Je m'appelle Liam et si tu te demandes, je suis un vampire, je voulais savoir... Tu ne savais vraiment pas que tu étais un démon ?

Cette question me prit un peu au dépourvu, je ne m'y attendais pas réellement et pour être franche, je m'attendais à tout sauf à ça. Il y avait un milliard d'autres questions qu'il aurait pu me poser comme : "pourquoi es ce que tu ne fuis pas" ou même simplement : "comment tu vas", qui est quand même une des questions les plus basiques pour commencer une discussion. Je décidais donc de passer outre ce moment très étrange et de répondre à cette question.

— Non, je ne savais pas, en fait j'ai appris qu'il y avait des gens avec des pouvoirs hier après-midi seulement.

— Mais les pouvoirs sont héréditaires, c'est ça que je ne comprends pas, un de tes parents doit forcément l'être !

— Ils ne me l'ont peut-être jamais dit, ils étaient militaires donc je ne les voyais pas souvent, les seuls moments ou je les voyais, c'était pendant nos... Sorties. Puis ils m'ont envoyé vivre en colocation, je ne sais pas comment alors... Ça ne devait pas être très difficile de me le cacher.

Il hochait la tête et semblait réfléchir sans dire un mot, il se levait ensuite et se retournait vers moi avant de me dire :

— Passe voir Blake, à l'occasion, ça doit-être le gars le plus responsable ici. Et j'espère que tu t'y feras vite à la vie avec nous, surtout que si tu es réellement un démon, on aura besoin de toi, on a des gens à sauver.

— Et d'autre à tuer ? Répondis-je sur le même ton.

Il se contenta de me sourire et partis sans dire un mot de plus. Je n'avais pas oublié tout ce qu'il s'était passé et la mort de certaines personnes de ma classe, qui n'avaient juste rien demandé et qui n'avaient rien à voir avec ce qu'il se passait. J'avais une forte pensée pour mes trois colocataires qui devaient être quelque part, attendant des retrouvailles qui n'arrivera pas. Je savais que je devrais m'y faire dans tous les cas puisque je ne voulais pas partir, mais l'entendre me le dire sonnait comme un ordre dans mes oreilles et me donnait justement l'envie de fuir loin d'ici, loin de tous ces tueurs en série. Je me levais donc et décidais de partir à la recherche d'Allison, je savais que Haiden souhaiterait rester un peu seule et j'avais besoin de savoir si ce qu'elle m'avait dit tout-à l'heure était vraie. Je m'aventurais alors dans les couloirs à ça recherche, mais même après avoir fait une bonne partie du bâtiment et après m'être perdue plusieurs fois, je ne l'avais toujours pas trouvé.

— À cette heure-là, je pensais que tu te serais déjà enfuie. Disait quelqu'un derrière moi.

Je me retournais pour savoir de qui venait la voix et je fus seulement qu'à moitié surprise de voir Gabriel tenant un carton avec de la nourriture sous le bras et arborant le même sourire narquois qu'il semblait adorer me faire. En voyant son visage, je me rappelai ce que l'on m'avait dit à son égard, mais je me rendis compte aussi de ce qui ne collait pas. En effet, s'il était vraiment aussi horrible qu'elle l'avait dit, pourquoi c'est lui qui avait tenté de me soigner et pourquoi à ce moment-là, il avait l'air aussi gentil ?

— C'est vrai que je devrais, mais vous me laissez trop d'occasions, c'est louche. Répondis-je en me retournant face à lui tout en gardant une certaine distance dans le couloir mal éclairé.

— Je pense surtout que tu ne veux pas partir, tu n'as nulle part ou aller et tu le sais. La vraie question, c'est qu'est-ce que tu vas faire ?

— Non, la bonne question, c'est ce que tu comptes faire. Si j'ai bien compris, c'était toi qui m'avais découverte, je ne sais pas comment d'ailleurs, et c'est toi qui mènes la danse donc, que souhaites-tu faire au juste ?

— Tu vois, commençait-il en s'avançant, chaque démon a des pouvoirs différents. Même si le principe reste le même, voir les aura des autres en fait parties. Selon l'aura, je peux voir le type de pouvoirs, la puissance et même si la personne met ses pouvoirs au service de la bonne cause... Ou pas.

— Et c'est la bonne cause selon toi ? Ou selon la majorité ? Par ce que si c'est selon toi, c'est à revoir, je pense. Il souriait de manière tordue avant que je ne continue. Du coup moi, c'est mal ou bien ?

— À toi de voir, je pense que tu sais déjà... Il se rapprocha un peu plus jusqu'à être à quelques centimètres de moi. Un démon, c'est rarement bien.

— C'est sûr que si tu te prends toi comme exemple un démon ce n'est pas ce qu'il y a de meilleurs. Répondis-je sans reculer d'un millimètre.

— Et qu'est-ce que tu en sais, tu ne sais même pas ce qu'est un démon.

— Alors explique-moi si tu sais.

   Il souriait et rigolait légèrement avant de reculer en passant sa main dans ses cheveux avant de me faire un signe de main vers la porte à coter de lui, m'invitant à rentrer. Je ne me posais pas plus de questions et continuais dans ma lancée en rentrant dans la petite salle qui était comme le couloir, en état et mal éclairé, mais incroyablement sale. Je m'asseyais donc sur une chaise en face d'une table avant qu'il ne s'assoit juste en face.

— Que veux-tu savoir ? Me demandait-il avec un air arrogant.

— Qu'est-ce qu'un démon ? Les pouvoirs, les catégories... Tout. Je veux tout savoir.

— Un démon, commençait-il en souriant, c'est une personne possédant un des pouvoirs les plus puissants qui n'aient jamais existé. Ils se divisent en trois catégories : la première est assez faible, elles ne peuvent pas laisser le contrôle au démon, elles ont juste leur seconde personnalité dans leur tête et peuvent utiliser quelques pouvoirs, mais ça ne va pas plus loin. La deuxième, elle est capable laisser la place à leur seconde personnalité et prendre leur forme. La deuxième catégorie peut être redoutable comme elle peut avoir autant de pouvoir qu'un moucheron, tout dépend de leur capacité à faire ressortir la force de leur seconde personnalité. Et pour finir, la troisième catégorie, la nôtre et la plus rare d'entre toutes. Ce sont ceux dont la seconde personnalité est totalement indépendante, c'est-à-dire qu'elle peut se matérialiser dans la vraie vie et y avoir un impact dès que le corps le permet. Les déclencheurs sont des traumatismes qui permettent de réveiller les pouvoirs, c'est surtout la troisième catégorie qui en a besoin. Le fait que leur personnalité soit aussi indépendante les empêche d'utiliser leurs pouvoirs quand ils le veulent réellement.

— Tu parles de secondes personnalités, qu'est-ce que c'est ?

Ma tête commençait à me faire souffrir, ça me faisait comme de petits piques dans mes tempes, le genre de petits piques qui font de plus en plus mal et qui donne l'envie de se taper la tête dans un mur.

— La seconde personnalité, c'est... Ce qu'il y a de plus controversé, certains parle de folie d'autre d'entité vivant à l'intérieur de nous... Bref, c'est la petite voix que tu entendras au moment où tes pouvoirs se réveilleront et qui te suivra jusqu'à la fin. Normalement.

— Comment ça normalement ? Demandai-je surprise.

— J'ai dix-sept ans, je n'ai pas soixante-dix ans, je n'en sais rien de ce qu'il se passe exactement plus tard, je ne suis pas médium.

— Arrête tes conneries.

Ma tête commençait à me lancer plus qu'il y a quelques minutes, elle tournait de plus en plus, et des flashes, toujours plus de flash, jusqu'à ce que ma tête devienne lourde et difficile à garder droite. Ils devenaient de plus en plus importants et aveuglants quand deux voix féminines se mirent à résonner gravement dans ma tête de manière incompréhensible jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Seulement les deux voix qui parlaient en même temps et distinctement.

"Ça arrive... Pandore... "

Ma tête se remit d'un coup, les flashes, les maux de tête... Tout avait disparu. Au moment où j'allais poursuivre par une énième question, me disant que je devais juste avoir un peu déliré à cause du stress important que j'avais subis aujourd'hui, Blake entra dans la salle paniquer et tapa du plat de la main sur la table avant de s'adresser à Gabriel.

— Ce que tu voulais est arrivé, maintenant, on est attaqué !