Je retirais alors précipitamment mon bras, lâchant son cœur en même temps. Je n'arrivais pas à réaliser ce qu'il venait de se passer, Gabriel était étendu sur le sol, une flaque de sang se formant sous lui et un creux à la place du cœur. Serte, il en fallait beaucoup pour qu'un démon meure, mais lui arracher le cœur était un de ses moyens.
Je ne comprenais pas comment j'avais pu faire ça. En fait, je ne comprenais rien du tout. Je ne comprenais pas comment mon corps avait pu bouger tout seul de la sorte, et comment il avait pu toucher Gabriel, qui devait être la personne, avec Haiden, à laquelle je devais le plus. Surtout que, en entrainement, je n'avais jamais réussi à le toucher, alors pourquoi là j'avais réussi. Était-ce par ce qu'il ne s'y attendait pas ? Je ne saurai sans doute jamais.
Je m'approchais alors de lui, les jambes tremblantes avant de m'écrouler à ses côtés. Son cœur était encore hors de son corps alors que je le regardais, les larmes dévalant mon visage et les lèvres pincées. Cependant, la tristesse avait vite laissé place à la haine, contre moi-même, contre lui et contre ce gars qui me regardait avec un sourire en coin. J'avais envie de hurler, de tout saccager, mais j'étais tellement faible que je savais que mon corps ne suivrait pas. J'avais beau être en colère contre moi, celui envers qui ma colère était la plus violente était ce vampire, c'était sa faute, c'était lui qui avait fait bouger mes membres jusqu'à ce qu'ils lui arrachent le cœur.
— Qui t'es ? Demandai-je les lèvres et les dents serrées.
Il s'approchait de moi lentement, rythmant chacun de ses pas qui claquait contre le sol gris.
— Je savais que tu allais finir par me la poser... Je m'appelle Jared, c'est un plaisir de te rencontrer Pandore.
Je le regardais alors avec un désespoir phénoménal. C'était lui, le chef de tous les vampires... Celui qui contrôlait tout et qui en avait après Liam.
— Pourquoi ? Réussis-je difficilement à articuler.
— Pourquoi ? Quand tu vis aussi longtemps que moi, tu as besoin d'amusement, et mentalement tu es la plus instable. Donc le choix était vite fait. Après je suis un peu triste que tu aies tué l'autre petit démon, ça aurait pu être intéressant avec lui aussi... Enfin bref, il claqua des doigts et mon corps se figea de nouveau, j'aurais bien aimé m'amuser un peu plus avec toi, mais j'ai des affaires à régler avec un autre petit vampire qui n'en fait qu'à sa tête. Passe une bonne nuit !
Un nouveau claquage de doigt et puis plus rien. C'était comme la première fois, sauf que cette fois-ci je n'avais pas pris de coup, me dis-je alors que mon esprit s'effaçait peu à peu.
***
Je me réveillais alors sur une falaise, j'avais appris depuis longtemps à faire la part des choses entre mes rêves et la réalité, donc je savais déjà que ceci n'avait rien à voir avec le monde réel. Je sentais l'air frais arriver sur mon visage, il était assez froid pour piquer légèrement ma peau, mais il ne l'était pas assez pour que je regrette de ne m'être plus couverte. C'était le point positif avec les rêves.
— Salut Pandore, je ne m'attendais pas à te voir aussitôt...
Son visage contrarié me ramena brusquement à moi, j'avais beau être en train de rêver, ce qui s'était passé était bien réel.
— Désolé Lumina, je ne contrôle toujours pas mes rêves. Elle souriait avant de m'inciter à lui dire ce qu'il se passait. Je... J'ai tué Gabriel et... Blake est mort aussi. Et puis tout le monde est blessé... J'ai l'impression que c'est ma faute. Si j'avais pu réagir plus tôt, rien de tout ceci ne serait arrivé et je...
Elle me serra dans ses bras sans dire un mot. Bien que notre connexion se faisait de plus en plus faible avec le temps, ce qui faisait qu'elle n'avait plus accès à mes souvenirs, à chaque fois que j'étais avec elle je me sentais beaucoup mieux, comme apaisé. J'avais l'impression de retrouver une partie de moi manquante. Lumina et moi nous ressemblons physiquement, mais mentalement elle était tout l'inverse de moi, et c'est sans doute pour cela qu'elle m'apaisait autant. J'espérais que de mon côté, j'arrivais à la faire se sentir aussi bien qu'elle le faisait pour moi, mais mon caractère m'en faisait douter fortement.
— Ce n'est pas ta faute et tu le sais. Ce n'est pas toi qui as décidé de te faire capturer et encore moins contrôler. Notre lien fait que je sais ce qu'il se passe avec ton corps, mais malheureusement je ne peux rien y faire.
— Donc tu sais comment m'aider ?
— Oui, il y a deux moyens de te libérer d'un contrôle mental, le premier, c'est la mort du contrôleur, ce qui est un peu compliqué dans ton cas puisque Gabriel est... Bref, le deuxième est que ton mental soit plus fort que son contrôle, c'est compliqué et ça prend du temps donc je ne suis pas sûre que ce soit une idée viable.
— En gros, je suis coincée ?
— Non. Disait-elle en se détachant de moi. Tout dépend de ce que tu vas vivre par la suite et de comment tu vas réagir. Pour le moment, la mort de Blake et Gabriel a affaibli ton mental, mais quand tu auras repris tes esprits, tu ne seras que plus forte.
Je hochais la tête. Mais une autre question me brûlait les lèvres.
— Comment peux-tu savoir tout ça ? Toi aussi tu peux contrôler les esprits ?
— Je suis un ange. C'est mon devoir de protéger et de veiller au bien autre de la personne avec qui je suis reliée.
En un sourire, elle disparut et tout devint vide autour de moi. J'aurais voulu lui poser des centaines de questions face à sa révélation, mais il m'en était maintenant impossible. Les anges n'étaient plus censés exister depuis des milliers d'années. Selon la légende, les anges auraient disparu après que les dieux aient décidé de les appeler à rejoindre les cieux, abandonnant les humains entre les mains des démons. Cette vieille histoire inspira notamment le mythe d'anges et de démons dans certaines religions.
Je fus ensuite comme aspiré par le vide qui m'entourait, signe d'un réveil imminent, ce qui n'a pas loupé puisque je me réveillais quelques secondes après. Sauf que contre toute attente, je ne me réveillai pas sur le sol froid et gluant d'où je m'étais évanoui, mais plutôt dans un lit, qui malgré les ressorts et le sentiment d'avoir dormi sur des parpaings, était plus confortable que le sol. Je me levais alors en inspectant les alentours. J'étais dans une chambre à l'allure vieillotte avec un papier peint à petites fleures violettes sur un fond de la même couleur, mais cette fois-ci beaucoup plus claire. Le lit était usé et les draps tirait plus sur le rose poudré que l'oreiller qui était lui d'un blanc un peu grisâtre. La pièce n'était composée que d'un lit, d'une vielle porte noir et d'une table de chevet ainsi que d'une vieille commode noire. Je me relevais alors du lit, espérant pouvoir sortir d'ici, mais rien à faire, la porte était verrouillée.
— Tu comptes aller quelque part ?
Je me retournais alors, cherchant où dans la pièce elle aurait pu sortir, mais il n'y avait personne. Jusqu'à ce que dans l'ombre au coin de ma chambre une silhouette se forma et sortit à pas léger. Jessica. Ses cheveux bouclés sautaient dans l'air au fur et à mesure qu'elle faisait un pas dans la pièce. Elle avait l'allure d'une grande méchante de film avec ses vêtements noir et sa démarche assuré.
— Ça dépend où tu comptes m'emmener.
Elle souriait et s'avançait jusqu'à la porte qu'elle déverrouilla d'un geste de main, une sorte de petite ombre noire sortit de la serrure.
— Je t'emmène là où tu as un choix à faire.
— Comment ça un choix ?
Elle ouvrit la porte et tout ce qu'il y avait derrière sembla comme se faire aspirer. Puis, l'espace sembla revenir à sa place et une pièce se trouva en face de la porte. Elle était dans le même style vieillot que la chambre, il n'y avait qu'une vieille chaise au milieu avec en face un bureau avec lui aussi sa chaise. L'agencement des meubles me faisait penser à une salle d'interrogatoire, mais le papier peint beige à fleur donnait une autre atmosphère.
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Demon
ParanormalPandore est une jeune fille vivant avec ces trois colocataires dans un petit appartement près de son collège depuis que ses parents l'ont abandonné sans jamais donner de raison. Si on omet cela, elle vit une adolescence normale, partagée entre les c...