Chapitre 42

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— Pourquoi Nahôm tenait-il tant à m'aider ? interrogea Morgal à l'égard de Locea alors qu'ils redirigeaient leurs pas vers le carrosse.

Le mage glissa un regard froid vers son protégé avant de dégager son visage de ses longues mèches immaculées. Un vent froid s'était levé et giflait leurs joues ; le soleil ne poindrait pas avant quelques heures.

— Ce n'est pas gratuit, objecta-t-elle, tu as une dette envers lui.

— Je n'ai rien demandé.

— Moi si.

— La Confrérie est ta maison, pourquoi vouloir y mettre fin ?

— J'ai d'autres projets.

Morgal soupira, conscient qu'elle ne lui en dirait pas plus. La vampire marchait silencieusement à ses côtés, le visage toujours aussi fermé. Dans ses mains, elle tenait le précieux coffret renfermant la gemme.

— En attendant, ce n'est pas ça qui va m'empêcher de finir esclave, grommela-t-il.

— Si. Je vais parler à Hervan à propos du roi des Réceptacle. Il ne s'opposera pas à sa volonté.

— À ce point ?

— Calme ton esprit, Chérubin, tu ne risques rien tant que tu es avec moi.

— Mmh...

Alors qu'il s'apprêtait à monter dans la voiture, Morgal jeta un dernier regard sur les remparts. L'énorme enceinte protègerait la ville contre la pire des invasions. Mais comme s'ils faisaient confiance à l'architecture inébranlable de leur ville, les soldats ne courraient pas les chemins de ronde. Non, des douves aux créneaux, les lieux étaient déserts.

Brusquement, une ombre attira l'attention de l'elfe : quelqu'un les épiait !

— Locea, je reviens tout de suite !

— Chérubin !

Loin d'écouter sa maîtresse, il s'élança vers le porche où avait disparu la silhouette.

— « Pas question qu'il s'échappe ! » pesta-t-il.

Sans ralentir, il passa la porte et se retrouva plongé dans les quartiers aisés. Sa vue affutée lui permit de distinguer le fuyard qui ne tarda pas à s'éclipser derrière les colonnes d'un temple. Morgal accéléra, s'engagea sur le parvis et accentua son allure pour rejoindre l'impertinent. Il allait le rattraper lorsque ce dernier sauta soudain sur une toiture et poursuivit sa course sur les toits.

— « Très mauvaise idée, mon petit, ne provoque pas un elfe sylvestre à ce jeu. »

Avec facilité, il grimpa à son tour sur le faîte de la maison et continua la poursuite. Cependant, il s'avéra que l'inconnu connaissait la moindre tuile par cœur car pas une seule fois, son pied ne flancha.

Cette impression ne plut guère à Morgal et encore moins lorsqu'il reconnut Dorgon, toujours affublé de ses voiles et turbans de jaunes bigarrés.

— « Encore lui ?! C'est pas possible. »

Même si un affrontement avec le Tigre ne le laisserait pas indemne, l'elfe allongea ses foulées, sautant d'un toit à l'autre quand la nécessité l'exigeait. Toujours, il se réceptionnait comme un chat et repartait de plus belle. Malheureusement, le garde royal aussi.

Au fur et à mesure qu'ils couraient de la sorte sur les faitages et les terrasses d'Atalantë, Morgal remarqua bien qu'ils se rapprochaient fatalement du palais. Il était étonné que Dorgon ne se retourne pas pour l'affronter mais peut-être ce dernier préférait-il sans sortir sans dégainer son cimeterre.

Gloire et Déchéance - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant