Chapitre 34

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Finalement, Morgal s'était octroyé le plaisir de prendre un bain. Après tout, il fallait bien laver tout le sang qui recouvrait sa peau et ses vêtements. Il prévoyait de remettre ses habits trempés : avec cette chaleur, tout sécherait en quelques minutes.

Il jeta un bref regard sur la berge où les reliefs du massacre apparaissaient toujours. Il ignorait s'il devait culpabiliser, se lamenter sur la monstruosité de son syndrome ou juste passer outre. Il décida d'adopter pour la dernière option. Après tout, il faudrait bien recommencer. Mais ses pulsions de violence commençaient à le dérouter.

Voilà une dizaine d'hommes qui gisaient au sol, démembrés ou éventrés, la moitié d'entre eux exsangues.

Morgal haussa les épaules et sortit de l'eau pour se rhabiller : le convoi ne tarderait pas à lever le camp. Une fois sur terre, il siffla Alaxos afin de gagner du temps.

— Dis-moi, Chérubin, rappelle-moi de te donner des calmants à la prochaine pause.

Il se retourna vers Locea : ainsi assise sur un rocher élevé, elle ressemblait à une sirène.

— Je commençais à me faire du souci pour toi, chérie.

— Il ne fallait pas...

— Ta vouivre a manqué de me dévorer.

— Elles sont agressives ; je n'y peux rien.

Elle descendit sensuellement de son perchoir et le rejoignit sans se départir de son apparence reptilienne.

— Toutes les Entités du Passé mettent-elles au monde ces créatures ?

— Non, bien sûr que non.

Morgal fronça les sourcils, ne parvenant à comprendre les émotions de cette femme si énigmatique. Elle semblait rester de marbre face à cet horrible phénomène. Mais après tout, peu lui importait tant qu'elle n'accouchait pas pendant qu'il dormait à ses côtés.

— Tu me laisses une place sur ton cheval ?

— Évidemment.

Le frison parvint à eux de son pas léger. Si les températures de Narraca ne lui correspondaient guère, il s'y était habitué. Morgal lui caressa l'encolure avant de faire monter sa maîtresse sur la selle. Il s'installa derrière elle et talonna la monture jusqu'au convoi.

— Pourquoi as-tu égorgé ces hommes ?

— Je t'en pose des questions ?

— Morgal, pourquoi ?

— Ils savaient qui j'étais. La prime sur ma tête ne cesse d'augmenter.

— Mmh... J'accepterai ce mensonge comme réponse, Chérubin.

— Bon d'accord, j'ignore ce qu'ils voulaient mais ça restait des brigands. Rien ne contredit la possibilité qu'ils me cherchaient.

Locea haussa les épaules alors qu'ils rejoignaient le convoi.

— Je vais te conduire à la voiture.

— Non, je veux chevaucher avec toi.

Morgal baissa la tête, en partie pour cacher aux autres vampires les tatouages sur son visage. Il en avait terriblement honte. Mais quoi qu'il en soit, il devait n'en laisser rien paraitre.

Alaxos trotta jusqu'à l'avant du défilé avec son élégance habituelle, comme pour dissimuler le mal-être de son maître. Une fois les Égorgeurs derrière eux, Locea demanda :

— Dis-moi, mon ange, j'ai trouvé que ces derniers mois tu passais beaucoup de temps avec Jenny.

— C'est exact... Cela t'inquiéterait-il ?

Gloire et Déchéance - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant