Chapitre 14

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Terren guida sa jeune future épouse jusqu'à la chambre de son père. Mal à l'aise, il n'arrivait pas à trouver ses mots. Tout s'écroulait en un instant. Il avait lié sa main à celle de Célestia qui n'hésita pas à la serrer pour lui assurer son soutien et lui dire qu'elle était toujours là pour lui s'il avait besoin de parler. Le silence de Terren a convaincu la future reine que, bien qu'il n'ait pas les mots pour exprimer sa peine, sa crainte et sa souffrance de perdre un parent, il souhaitait partager quelque chose avec elle. Célestia avait appris à connaître Terren lors de leur première rencontre. Elle savait donc qu'il ne parlerait que lorsqu'il aurait besoin de déverser son cœur. Il suffisait qu'on soit présent pour l'aider au moment où il avait le plus besoin de soutien. Célestia caressait le dos de Terren pour tenter de le calmer et de partager avec lui sa peine. Elle voulait surtout lui montrer son appui sans avoir besoin de parler. Terren la remerciait d'être demeurée silencieuse alors qu'il avait le cœur brisé. Le dragon rouge les suivait en tant qu'humain ; il observait leurs échanges dans un silence respectueux. En premier lieu, il était avant tout un père et Célestia était sa fille. Son instinct protecteur était fort. Après tout, sa femme avait donné sa vie pour avoir cet enfant. C'était maintenant son petit trésor. Il fallait le mériter, et en voyant la relation qu'entretenait sa fille avec le prince du royaume, il y voyait de la tendresse, de l'attention, de la douceur et de la bienveillance. Sa fille avait choisi une personne sensible et douce, mais aussi attentive et aimante. Il voyait bien que sa fille avait des sentiments pour le prince comme il avait des sentiments pour elle. C'était un amour réciproque. Toutefois, il surveillerait attentivement le prince pour s'assurer qu'il ne ferait jamais de mal à sa fille. Il allait lui montrer sa colère ! Arrivée devant les portes menant à la chambre à coucher du roi et père de Terren et de Georges, le garde s'inclina devant son prince et la future reine avant de leur ouvrir les portes menant à la chambre. Célestia vit alors son beau-père, mais aussi sa belle-mère et son beau-frère, Georges. Elle se dégagea de l'étreinte de Terren et s'approcha timidement du roi. Ce dernier tendit sa main tremblante vers elle. Le roi était très affaibli, alors que le dragon écarlate était mis de côté pour observer l'échange. Célestia avait le cœur brisé et avait les yeux embrumés. Elle la prit délicatement, car le moment était douloureux, et elle comprenait parfaitement ce que Terren ressentait face à la perte d'un parent.

— Majesté...

— Soyez courageuse... Aimez-le de tout votre cœur... Mon fils est à vous.

— J'en prendrai le plus grand soin.

— Vous êtes... la plus belle femme que tous les hommes auraient voulu avoir pour épouse... Vous êtes gentille, douce, aimante, sans peur... Vous êtes courageuse, forte et brave... Mais attention à Khomor, mon enfant ! Si le prince... apprend que vous avez des cheveux écarlate... Il voudra faire de vous sa femme et... de vous traiter comme une femme faible et inutile.

— Je ne le laisserais pas me posséder aussi facilement, Majesté. Je me battrai pour ma liberté. Soyez fort, je vous prie. Vous avez été si bons avec moi. Vous ne pouvez pas partir comme ça ; j'ai tellement de choses à apprendre !

Les larmes commençaient à couler le long des joues de Célestia. Elle aussi était finalement envahie par la tristesse et l'impuissance. Elle posa sa tête sur le poitrail du roi, qui la serra dans ses bras, puis il toussa en crachant du sang. Le roi aimait bien cette petite ; il avait lentement accepté Célestia comme sa propre fille. Elle faisait maintenant partie de sa famille. Il n'avait pas encore complètement réalisé qu'il ne verrait jamais ses petits-enfants. Georges pleurait et souhaitait voir son père ; il se blottissait dans les bras de sa mère, dont le visage était déformé par la tristesse. Terren baissa les yeux, il était impuissant. Les poings serrés, il s'était senti faible et incapable de protéger ses proches. Le dragon légendaire soupira silencieusement, le cœur déchiré de voir sa fille pleurer. Il s'approcha en se faisant une entaille au bras. Les soldats étaient prêts à intervenir en voyant la dague, mais les deux gardes se sont regardés et se sont demandé : « Qu'allait-il faire ? ». Le dragon écarlate se mit à côté de Célestia qui regarda son père faire cela. Elle s'écarta ensuite pour retrouver Terren, posant sa tête sur son épaule. Son père porta alors son bras contenant l'entaille jusqu'aux lèvres du roi. Même si ce dernier avait demandé à tuer les dragons, il restait avant tout un père, et il se devait de l'aider pour redonner le sourire à sa fille et le bonheur aux deux jeunes garçons.

Tome 1 - Célestia Et La Prophétie DraconiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant