Dresser à tuer

Chapitre 35 : Humiliation totale

J'avais envie de protester, de me révolter, mais je ne faisais que créer des problèmes en agissant ainsi. Or, je ne voulais pas vivre dans cette famille... Encore moins voir Nathaniel se moquer de moi, et présenter mes excuses à cette idiote.

Pourtant, j'y étais forcée.

C'est pour ça que je me retrouvais chez eux, les mains menottées dans le dos, mes bagages dans le salon, devant tout le monde qui attendait que je présente mes excuses à cette idiote, qui semblait si heureuse.

Elle se dandinait sur place. Je n'avais pas vu son frère depuis que j'étais arrivée chez eux, et le père tentait de convaincre le colonel de me reprendre. Me retrouver sur un champ de bataille en ce moment même ne me gênerait pas du tout, mais je ne pouvais pas.

- Alors ? Qu'est-ce que tu attends pour t'excuser ? me fit Ambre en me regardant de son air supérieur.

J'ai serré les poings pour me retenir. Et si je lui mettais une droite ? J'ai croisé le regard du colonel et je me suis résignée. J'ai incliné légèrement la tête en me tenant les mains pour ne pas craquer.

- Je te prie de m'ex... de m'ex... de m'excuser pour les coups que j'ai pu te porter, réussis-je à dire en restant dans cette position.

- Quoi c'est tout ?

SALE PESTE.

Qu'est-ce qu'elle voulait d'autre ?

- Ambre, c'est assez, intervint Seth.

- Non ! Elle doit s'agenouiller.

J'ai écarquillé des yeux et j'ai relevé la tête pour la voir, les bras croisés, me regarder d'un air méprisant.

Alexy et Armin regardaient ailleurs, et le colonel attendait impatiemment. Seth me fixait d'un air impuissant et le père semblait fier de sa fille. Blessée dans ma fierté, humiliée devant tant de monde, j'aurais préféré avoir la tête coupée. Mais je n'avais pas le choix.

Petit à petit, je me suis laissée tomber sur le tapis de leur salon, les genoux tapant lourdement sur ce sol couvert. J'ai gardé la tête baissée, les larmes me montant aux yeux, tellement j'étais furieuse.

Je me contenais.

Je ne pouvais pas l'attaquer. Je ne pouvais pas me relever, j'étais soumise. Mon amour propre venait d'en prendre un coup.

J'étais pitoyable.

Cette ville m'avait ramolli à ce point ? J'ai été stupide.

Bordel, fusillez-moi.

- C'est beaucoup mieux ! s'exclama Ambre d'un air joyeux.

J'ai dégluti péniblement. Allais-je tenir dans cette position encore longtemps avant de lui sauter à la gorge ?

- Maintenant redis-moi que tu t'excuses.

J'ai ouvert la bouche avant de la refermer. Lui dire une nouvelle fois des excuses, alors que je n'étais pas le moins du monde désolée ? Elle se fout de moi là ?!

- Allez ! J'attends !!

J'ai enfoncé mes ongles dans ma chair pour contenir ma colère. Je m'agenouillais devant elle et je lui avais déjà présenté mes excuses, et il fallait que je me répète ?! J'ai senti ce liquide brûlant déborder de mes yeux pour rouler le long de mes joues.

Putain...

- Je... Je te prie...

Ma voix s'étrangla dans ma gorge. Les mots ne voulant pas en sortir.

- J'entends rien !

- Je te prie... de m'excuser pour ce que j'ai pu te faire... subir...

Elle applaudit en sautillant. J'étais dégoutée de moi-même. Les mots avaient laissé une traîné de feu le long de mon oesophage et un goût amer dans ma bouche.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

Comme si ça ne suffisait pas. Il fallait qu'il arrive au pire moment.

- Angely ? Qu'est-ce que tu fais à genoux ?

- Elle a enfin présenté ses excuses ! s'exclama la blonde.

- Quoi ?!

Il se mit à ma hauteur et croisa mon regard embué. Ses yeux bruns se figèrent un instant, et j'ai reculé d'un geste rapide, pour essuyer mon visage avec mes épaules. Nathaniel se releva et jeta un regard dégouté à sa soeur.

- Je ramène Angely dans sa chambre, dit-il.

- Mais...

- Tu en as assez fait Ambre.

Son ton était tranchant et froid. Comme...

- Tu peux te lever ?

J'ai croisé son regard compatissant et j'ai tiqué. J'ai regardé ailleurs, et j'ai hoché la tête. Forçant sur mes pieds, je me suis levée en titubant légèrement, et il me rattrapa.

- Viens.

Il me lâcha et me fit signe de le suivre. J'ai obéi à contrecoeur alors que j'ordonnais à mon coeur de se calmer suite à la proximité du jeune homme.

On est monté à l'étage. Il ouvrit une porte qui se trouvait à gauche de sa chambre et je suis entrée. Un lit simple, des rideaux à la fenêtre, une table pour travailler et mes affaires posés sur la commode qui allait servir à contenir mes vêtements.

- Je suis désolé pour ma soeur.

Je n'ai rien dit. Je ne voulais même pas lui parler, et encore moins entendre des mots d'excuses venant de lui pour sa soeur.

- Je...

- Angel' !

Nath' sursauta en voyant Armin et Alexy apparaître au pas de la porte.

- On est désolé ! On pouvait rien faire...

- Si on avait su qu'elle voulait aller si loin dans ses excuses...

- Ça suffit, sifflais-je. Laissez-moi seule avant que je ne fasse quelque chose d'irréparable.

Les jumeaux se jetèrent un coup d'oeil et firent signe à Nathaniel de les suivre. Le jeune blond hésita mais prit sa décision en me voyant le fusillet du regard.

Bientôt la pièce se vida, sur un dernier coup d'oeil de Nath, avant que la porte ne se referme comme le son d'une porte de prison.

Oui, j'étais dans une prison dorée. Une prison empoisonnée.

J'étais seule... Avec l'impossibilité de me battre. Non, je ne pouvais plus.

Les larmes jaillirent d'un coup, sans pouvoir me retenir.

Parce que j'étais faible et blessée au plus profond de moi-même.

Et personne n'était capable de me comprendre et encore moins de m'aider.

Faible, seule, blessée et incomprise.

Triste sort auquel je devais faire face par moi même.

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