Chapitre 36 : Faiblesse

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Le colonel était venu retirer mes menottes et n'avait rien dit sur mes yeux gonflés. Il n'avait rien dit non plus sur ce que j'avais dû faire. Et tant mieux d'ailleurs. Je ne sais pas si j'aurais été capable de gérer ça avec mon sang froid qui s'était estompé.

Me retrouvant seule dans cette chambre, j'étais restée dos contre le mur à méditer sur moi-même, quand quelques petits coups sur la porte retinrent mon attention.

- Angely ?

J'ai soupiré. J'aurais dû me douter que Nathaniel reviendrait à la charge... mais je ne voulais pas le voir. Pas après ce qu'il s'était passé entre nous.

Pas après ce que j'avais dû faire pour sa satané soeur.

- Je pose ton plateau devant la porte.

Il fit ce qu'il dit, et j'ai entendu ses pas s'éloigner. Seulement, je n'avais pas faim. Je me sentais tellement humiliée, tellement faible, tellement... humaine... et pourtant je suis un monstre.

Est ce que c'est possible ça ?

Un monstre n'est rien qu'un être abjecte dépourvu d'humanité.

Alors c'est quoi mon problème ?

Je n'avais pas dormi de la nuit, et j'avais entendu des bruits de pas faire des va et vient devant ma chambre plusieurs fois.

À croire que quelqu'un était somnambule ou s'amusait dans le couloir.

Finalement, vers 7h, cette famille s'est réveillée, et je les ai entendus se précipiter vers la salle de bain ou à l'étage du dessous. Pendant ce temps, je n'avais pas encore le droit de retourner au lycée Sweety, comme je l'appelais vu que son vrai nom était trop long. Je devais encore attendre l'autorisation du colonel.

Le temps passait lentement, l'ennui me fatiguait, et me tuait à petit feu. Je ne voulais même plus faire du sport pour m'occuper. Comme si avoir fait ce geste devant cette peste blonde avait cassé quelque chose à l'intérieur de moi...

J'ai passé une main autour de mon cou pour prendre ce collier qui signifiait tout à mes yeux. Ces plaques militaires... Tant de vie retirée, tant de sang qui a coulé... Sans elles, cela signifierait que je suis morte.

Et si c'était le cas maintenant ?

Ce collier si léger et si lourd à porter me pendait au cou depuis si longtemps. Qu'arriverait-il si je le retirais ? Est-ce que je serais... morte ? Alors que je n'ai fais que me battre pour survivre. Pour quoi en fin de compte ?

Une vie misérable à mes yeux... Sans Anthony... Sans parents... Dans une famille sans mère avec une peste de fille et un fils indécis ? Un père alcoolique qui ne cherche que de l'argent ?

Petit à petit, j'ai soulevé le collier pour le faire passer au dessus de ma tête. Une sensation étrange me traversa. Mon cou était trop vide à mon goût, j'avais l'impression de ne plus être moi-même sans lui... d'être une entité sans rien à l'intérieur.

Une marionnette pendue aux fils du destin.

- Angely ! Viens là tout de suite !

J'ai sursauté en me redressant. Cette voix... celle du colonel. Il était là !

- TOUT DE SUITE !

Je me suis levée précipitamment, et j'ai lâché le collier par mégarde. J'hésitais entre le ramasser et rejoindre immédiatement le colonel... Ma décision fut très vite prise, lorsque le colonel aboya. Laissant le collier où il était, j'ai accouru en descendant les escaliers à toute vitesse pour rejoindre le colonel au salon avec...

Dresser à tuerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant