Chapitre 1.2

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"Bienvenue en enfer Parker"

Je ne sais pas quoi répondre ni comment réagir à ça, alors je ne fais ni l’un ni l’autre et pointe plutôt du doigt la porte au fond de la chambre.

— C'est une salle de bain ça ?

Kally hoche la tête, je n'attends pas plus longtemps pour m'y rendre et verrouiller derrière moi. M'énerver, ou plutôt m'empêcher de le faire, m'a donné trop chaud. Je passe de l'eau sur mon visage à plusieurs reprises, jusqu'à sentir mes muscles se décontracter un peu. Ce n'est peut-être pas la meilleure idée si je veux rester calme, mais je me force à penser à mon père. J'ai besoin de me remémorer ses paroles. 

C'est une seconde chance, être ici est une seconde chance, et peu importe les raisons pour lesquelles on me l'a donnée, je serais stupide de ne pas la saisir. 

C'est ce qu'il m'avait dit, et comme souvent, il avait raison. Tout est trop flou mais je sais au moins que si je n'étais pas ici, je serais dans un endroit bien pire avec un avenir ruiné pour seule perspective, et je peux essayer de m'y raccrocher.

Je quitte la salle de bain, pas moins nerveuse mais plus déterminée à le contenir. Mes deux colocataires sont chacune assises sur leurs lits, aucune ne m'adresse la parole. Je vais dans le coin de la chambre où un lit, une armoire et un bureau ont été laissés libre, et commence à décharger ma valise. 

Ma tâche n'est pas encore terminée quand la porte s'ouvre à la volée et nous fait toutes sursauter. Un garçon au crâne rasé et aux épaules larges pose un regard détaché sur moi. 

— C'est toi Lana ? 

Kally l’engeule sans me laisser le temps de répondre :

— Putain mais mec, frappe avant d’entrer !

— Désolé, tu m’as trop manqué c’est pour ça. 

Elle soupire alors qu’il me fait signe de le rejoindre. 

— Je dois te faire visiter l'établissement, viens avec moi. 

Je le suis dans le couloir jusque devant une autre chambre, où il prend le temps de donner trois coups contre la porte cette fois. 

— Emma Nelly ? appelle-t-il. 

Une fille lui répond timidement avant de se joindre à nous, la tête rentrée dans les épaules et les yeux fixés sur le sol. Tandis que le garçon nous conduit au hall d'entrée, je tente de lancer la conversation pour la mettre plus à l'aise : 

— T'es nouvelle aussi ? 

Elle hoche à peine la tête sans rien ajouter. J'aurais essayé, tant pis pour elle. 

— Vous êtes nouvelles toutes les deux, confirme le garçon qui marche devant nous, et c'est assez exceptionnel. S'inscrire en troisième année coûte deux fois plus cher. 

C'est l'une des seules informations que j'avais pu obtenir lors de mes recherches : le prix de l'inscription. Le chiffre exact m'échappe mais c'était énorme. Mon admission gratuite est plus qu’étrange, elle est suspecte. 

— Bon, reprend le garçon, ici on est dans le hall. L'escalier de droite par lequel on vient d'arriver vous permet d'accéder à l'aile Est, celui de gauche à l'aile Ouest, et l'escalier centrale donne sur les deux. C'est aussi le chemin le plus court pour accéder au réfectoire, je vais vous montrer.

Il se remet en marche, l'air trop peu impliqué. J'ai déjà trop de questions pour me contenter d'un tour rapide des lieux, il faut que je le secoue un peu. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant