Chapitre 12

2.5K 313 41
                                    

Lana Parker

J'interromps ma course pour souffler, les mains appuyé sur les genoux, et entends la voix de Kally m'appeler plus loin : 

— Allez Lana ! Bouge toi encore un peu ! 

— Je te déteste, je lâche entre mes dents avant de me remettre à courir pour la rattraper. 

Elle consulte sa montre. 

— Encore cinq minutes. Tu peux pas lâcher maintenant. 

— Cinq minutes en allant à ce rythme c'est énorme, je rétorque à bout de souffle. 

Elle sourit. Je me demande par quel miracle il est encore possible de sourire après cinquante-cinq minutes passées à courir. Quand on s'arrête enfin, je suis à deux doigts de me jeter dans le lac qui nous fait face. 

— Je te rappelle que c'est toi qui m'a demandé si tu pouvais m'accompagner, claironne Kally qui entame des étirements. 

Je lève les deux majeurs, en sérieux manque de souffle pour répliquer. On a fait une boucle en courant. Je me rappelle être passé devant ce même lac quelques minutes après avoir quitté le pensionnat. Certains élèves rentrent chez eux le week-end, mais avant aujourd’hui, je ne savais même pas qu'il était possible d'en sortir en semaine. On a dû remplir une autorisation à l'accueil, en donnant le motif et la durée maximum de notre sortie, qu'on devra signer à nouveau en revenant. 

— On va aussi  être fouillées, m'informe Kally alors qu'on reprend le chemin du pensionnat. Tu sera pas surprise. 

— Sérieusement... Je commente en haussant les sourcils avec dédain. 

Kally sourit. 

— Tu comprends, ce serait trop facile de faire entrer des trucs au pensionnat sinon. 

— Certains le font quand même. J'ai vu Noah fumer sur le toit et c'était pas du tabac. 

— Ouais, le seul moment où c'est possible d'emmener ce qu'on veut c'est la rentrée. Il y a trop de monde et trop de bagages pour que tout soit fouillé. Noah en profite. Il doit pas être le seul d'ailleurs... 

Ça me fait sourire d'imaginer tous ces fils à papa snob que je croises au pensionnat complètement stone dans leur chambre le soir. Comme toujours, les apparences sont trompeuses. 

— D'ailleurs, je t'ai jamais parlé de ça ! s'exclame Kally. Il y a une salle de musique au pensionnat. Grande, complètement insonorisée... Il paraît que les élèves du programme de redressement organisent des grosses soirées secrètes là bas. 

— Intéressant, je commente. 

Elle hoche la tête. 

— Ceux de notre promo l'ont encore jamais fait, c'est toujours les troisième année qui font ce genre de connerie. Ils ont plus de cran. En tout cas selon les rumeurs. Mais les troisième année c'est nous maintenant, alors... Il faut assurer la relève. 

Je lui jette un coup d'oeil de billet avant de rétorquer en regardant devant moi : 

— Si les élèves du programme de redressement doivent organiser une soirée, les autres seront pas invités. Ça vous apprendra à nous rabaisser tout le temps. Vous êtes trop parfait pour faire des bêtises, alors que nous, on est déjà des déchets de toute façon. 

Elle sert les dents et je la laisse faire la gueule un moment avant de lui taper dans le dos. 

— C'était juste pour te faire chier. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant