Chapitre 48

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Noah Soden


J'ai l'impression d'avoir fait un retour en arrière chaque fois que je descends au sous-sol pour voir ma psychologue. Quand la directrice m'avait autorisé à stopper ces rendez-vous il y a plusieurs mois, je pensais en être débarrassé pour de bon. Venir au sous-sol ne me manquait pas. 

Mais c'est le prix à payer pour la bourse. 

Je fixe toujours la même fissure au mur en attendant mes séances. Je suis toujours persuadé qu'elle grandit. Mais j'ai surtout toujours l'impression d'étouffer ici, et ce n'est pas impossible que ça me fasse un peu délirer. 

Des pas approchent. Je m'attends à voir la psychologue arriver, mais c'est Simon qui apparaît à l'angle du couloir. 

— Qu'est-ce que tu fais là ? je demande. 

— Je voulais te voir, on a pas eu le temps de reparler depuis ce matin à cause de Lana. 

— À cause de Lana ?

— Oui, elle t'a enlevé quand on était au réfectoire…

— Est-ce qu'elle t'as fait quelque chose ? 

J'entends tout de suite au son de sa voix qu'il est agacé. C'est tellement inhabituel. 

— Non elle m'a rien fait, c'est juste ses "réfléchi un peu" que je supporte pas. 

Le ton désagréable qu'il a pris pour l'imiter me fait sourire. 

— C'était très réaliste, bravo.  

— Hmm. 

— Mais qu'est-ce que t'as ? 

Il a tellement l'air de mauvaise humeur que même sans l'imiter, il ressemble à Lana. 

— Rien. Je sais juste pas quoi penser de ce qu'il s'est passé cette nuit. Je trouve ça bien que Luke ait été affiché, mais ça m'inquiète pour Axel. Sauf que sans savoir ce qu'il a fait à Matthew je peux pas savoir s'il mérite que je m'inquiète pour lui. Et ça me stress de pas savoir qui a écrit sur les portes, surtout. 

— On parlera de tout ça ce soir avec les autres, et on trouvera le responsable. Ça va s’arranger. 

Il n’a pas l’air convaincu. Je crois que je comprends le vrai problème, ce qu’il s’est passé cette nuit s’ajoute à tout ce qu’on subit déjà depuis trois ans, et il est juste à bout. 

— Ce sera bientôt fini Simon, il reste à peine plus d’un mois. 

— Ce sera pas fini pour tout le monde. 

Je vois ce qu’il veut dire. Pas pour Adam parce que tout ça le touche directement, même en dehors du pensionnat, sûrement pas pour Axel, quoiqu’il est fait exactement, ça risque de le suivre, et peut-être pas pour Lana. Si la façon dont les choses se terminent ne lui convient pas, elle ne lâchera pas l’affaire, même après avoir quitté l’école. 

— OK, mais c’est pas le moment de penser aux autres. Pour toi, ce sera fini. Tu pourras partir, faire tes études, et laisser tout ça derrière toi. 

— C’est plus facile à dire qu’à faire, tu le sais très bien. 

Il y a un sous-entendu que je ne saisis pas. Simon a utilisé le même ton irrité qu’en parlant de Lana. 

— Qu’est-ce que tu veux dire ? 

— C’est pas si simple de laisser derrière nous des choses qui nous ont fait du mal, même quand tout se termine. C’est pour ça que tu envoies encore des messages à Tyler. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant