Chapitre 11

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Lana Parker

Monsieur Hatson pianote sur le clavier de son ordinateur depuis près d'une demi heure, relevant à peine les yeux pour réclamer le silence quand quelqu'un chuchote. J'ai terminé ses exercices il y a un moment et je commence à m'impatienter. 

On est mercredi matin, ce qui signifie que cet après-midi, je vais enfin pouvoir parler à Adam. J'attends ce moment depuis Samedi, le temps m'a paru s'étirer, c'était insupportable de voir Eryn jubiler chaque fois que je la croisais dans un couloir. 

C'est elle qui m'a fait accuser je n'ai plus aucuns doutes. Elle a livré l'équivalent d'un aveux quand elle m'a suggéré de m'acheter un sac à main à la place de mon sac à dos "trop facile à ouvrir à mon insue".

Mais elle remballera cet air suffisant quand j'aurais réveillé Adam. 

Je laisse mon regard glisser sur lui. Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre pour le convaincre, mais cet après-midi sera un test. Je vais lui dire ce qu'Eryn à fait, j'aviserais selon comment il le prend. 

Monsieur Hatson bouge enfin quand le cours approche de son terme. Il se penche justement sur Adam pour lui glisser quelque chose, puis tapote sa montre et désigne son bureau à mon attention. Il veut me voir à la fin du cours, encore une fois. 

— Je te retrouve au réfectoire, je lance à l'adresse d'Astrid quand la sonnerie nous libère. 

Elle hoche la tête avant de quitter la classe, et je rejoins Adam près du bureau de monsieur Hatson, qui attends que le dernier élève est refermé la porte derrière lui pour s’adresser à nous : 

— J'ai appris que votre cours de la semaine dernière n'avait pas abouti. Vous pourriez m’expliquer ? 

Adam me lance un regard de billet. 

— Lana est partie avant la fin, déclare t-il. 

— Ça je le sais, mais j'aimerais savoir pourquoi.  

C'est à mon tour de répondre. Peut-être que stratégiquement, si je veux qu'il soit de mon côté, je devrais être cool avec Adam. Mais je le vois autrement. Je veux lui ouvrir les yeux, pas le brosser dans le sens du poil comme tout le monde ici. C'est ça qui le rend aussi naïf. 

— Mon professeur était désagréable, je réponds. Les conditions n'étaient pas bonnes pour travailler. 

— Désagréable ? répète monsieur Hatson. 

— Méprisant, je précise sans laisser à Adam le temps de se défendre. Et déplacé aussi. Il s'est permis de faire des commentaires sur ma situation, qui ne le regarde en aucun cas. 

— C'est la vérité ? interroge le professeur en se tournant vers Adam. 

Il essaye de ne rien laisser transparaître pour rester impartial, mais je sens bien qu'il est sceptique. Adam fait non de la tête. 

— Je n'étais pas méprisant. Et c'est Lana qui a lancé la conversation. Je lui ai dit plusieurs fois de se reconcentrer. 

Monsieur Hatson soupire. 

— Pour trancher il faudrait que je juge si mademoiselle Parker avait une raison valable de quitter le cours. Vous maintenez que c'est le cas ? 

Je hoche la tête. 

— Et vous monsieur Keppel, vous maintenez que non ? 

Il acquiesce à son tour. Monsieur Hatson s'assoit derrière son ordinateur. 

— Si vous êtes sûr de vous tous les deux, je peux donner un avis extérieur, mais pour ça il faudrait que vous acceptiez que je visione la vidéosurveillance. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant