Chapitre 51

1.5K 252 227
                                    

Lana Parker

J'observe les cinq liasses de billets alignées sur le bureau face à moi. Ma clé USB serré dans mon poing, l'arme de Luke dans l'autre. Les preuves dont je me débarrasserais en acceptant l'échange seront perdues pour de bon, je n'ai aucune copie de la plupart d'entre elles. J'aurais dû y penser, mais maintenant c'est trop tard, je vais tout perdre.

Je dois donner l'impression d'hésiter.

Même si en réalité, ma décision est prise.

- J'accepte, je lâche après avoir laissé passer suffisamment de temps.

La directrice hoche la tête, rassemble les liasses, et les glisse vers moi. Je pose l'arme et la clé sur le bureau à mon tour, elle s'en empare immédiatement pour les ranger dans ses poches.

- Tu as fait le bon choix Lana.

Ce n'est pas l'impression que j'en ai. Le poids des billets que je récupère ne suffit pas à compenser ce que je ressens à l'idée de perdre tout ce que j'avais gagné en allant à New York. Mes preuves les plus solides, mais pas seulement. C'est loin d'être ce qui compte le plus.

- Tu n'aurais jamais pû gagner contre moi de toute façon, ajoute la directrice. Tu ne perds rien.

- Je viens de briser ma promesse avec Adam, c'est lui que je vais perdre.

- Et c'est ce qu'il y a de mieux pour lui. Je vais continuer de prendre soin de lui comme je l'ai toujours fait, toi tu ne lui as jamais apporté rien de bon.

Elle a raison, voir la vérité en face lui a fait du mal, je sais à quel point. J'aurais pu lui épargner tout ça. Mais là encore, c'est trop tard.

Maintenant je ne vois plus d'autres options que de m'en servir.

Adam est le seul à pouvoir arrêter sa mère. Tout ce qui le retient, c'est son affection pour elle. Au point qu'il ait été obligé de boire pour se donner le courage d'aller seulement lui parler. Il n'est pas encore près, il la déteste déjà. Mais il doit la haïr.

Assez pour avoir la force de l'arrêter tout seul. Même si je lui avais promis qu'il n'aurait jamais à le faire.

- Tu peux y aller, décrète la directrice. Je t'ai donné l'argent, tu m'a donné les preuves, mais n'oublies pas l'autre marché : je laisserais ton père aussi tranquille que toi tu laisse mon fils tranquille. Compris ?

- Oui.

Je sors. Adam est toujours sur le canapé au fond du bureau. J'arrive très bien à me représenter la scène alors que j'approche : il est venu voir sa mère, il lui a dit tout ce qu'il savait, il s'est emporté au point de s'épuiser, et c'est elle qui l'a calmé, jusqu'à ce qu'il s'endorme.

Ça ne fait que le confirmer encore. Il n'est pas prêt a faire plus.

Je pose une main sur sa joue et l'appel à voix basse. Ses yeux s'ouvrent tout de suite. Il parcourt le bureau du regard avant d'en revenir à moi, les sourcils froncés.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je venais voir ta mère, il s'est passé un truc entre Luke et Axel...

Il se redresse.

- C'est grave ?

Ça doit se sentir, dans mon intonation, dans mon expression, ou juste dans l'atmosphère. Elle est toujours tendue ici, ce n'est pas ça qui fait la différence.

Ce qui fait la différence, c'est quand elle est si tendue qu'elle craque.

Elle a craqué quand Adam est monté sur le toit, elle a craqué quand le pensionnat lui-même a craqué au sous-sol, et elle a craqué ce soir.

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant