Chapitre 5.1

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Lana Parker

Je quitte mon dernier cours de la semaine en compagnie d'Axel, qui traverse le couloir les yeux rivés sur son portable. Ils sont interdits en dehors des dortoirs, pourtant lorsqu'un tuteur apparaît devant nous, je ne prends pas la peine de l'avertir. 

— Jeune homme, l'interpelle le tuteur. Votre nom s'il vous plaît. 

Axel relève à peine la tête, puis termine sans-gêne de taper son message avant de ranger son portable. 

— Axel Laurens, répond-t-il, presque provocateur. 

— Vous perdrez quinze points, annonce le tuteur avant de passer son chemin. 

Je fronce les sourcils. D'habitude les retraits de point sont enregistrés directement, les tuteurs ont un petit appareil qui ressemble à une calculatrice pour effectuer l'opération. Mais cette fois, il ne l'a même pas sorti de sa poche. 

Axel récupère son portable aussitôt et continue d'avancer sans faire de commentaires. 

— Je vais traîner avec Luke et Eryn, lâche-t-il alors qu'on atteint le bout du couloir, tu veux venir ? 

— Non merci, j'ai autre chose à faire. 

Il lève un regard amusé sur moi.

— Non merci, j'aime pas tes potes, corrige-t-il. 

— Bien vu. 

Il ne pouvait pas passer à côté, Luke et Eryn m'insupportent à un point que je n’ai pas pû cacher.

— Luke t'aime bien pourtant, commente-t-il avec un sourire équivoque.

Je me passe de commentaires. Il y a un truc qu'Axel n'a pas remarqué en revanche, c'est que lui non plus je ne le supporte pas. Je me suis forcée toute la semaine parce que j'avais besoin de me faire un avis, mais ce soir je doute encore. Qu'il soit arrogant, ami avec un porc et une hypocrite mielleuse, ne veut pas forcément dire que je peux faire confiance à Astrid. 

"Les ennemis de mes ennemis sont mes amis"

J'ai toujours trouvé ce dicton stupide. 

Et de toute façon, ce n'est pas des amis que je cherche, mais d’abord une vérité. Pour l'heure j'ai deux versions : ce pensionnat est un enfer dangereux, ou ce pensionnat est une école stricte et snob. Je vais devoir trancher.

J'ai ma petite idée pour ça. 

— Bon, alors on se voit plus tard, lâche Axel en s'engageant à gauche alors que je m'apprête à tourner à droite.

— En fait, non. 

Il hausse les sourcils. 

— Quoi, comment ça “non” ? 

— Je m'étais engagée à ne pas le faire, mais je vais continuer d'écouter Astrid, parce que je suis pas stupide, je vois très bien que tu me mens depuis le début.

Ses sourcils s'affaissent et son regard s'assombrit. Je ne suis pas grande pourtant il me dépasse à peine, et les cheveux blonds qui tombent par mèches sur son front lui donnent l’air plus jeune. J'ai toujours trouvé qu'il ressemblait à un enfant. Un enfant capricieux, pourri gâté, pas le moins du monde effrayant. 

Mais ce regard-là n'est pas celui d'un enfant.

— Je vois, donc elle a réussi à te rendre parano finalement, constate-t-il froidement.

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant