Chapitre 36

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Noah Soden

 Je regarde Kally marcher à côté de moi sans un mot alors qu'on vient d'atteindre l'enceinte du pensionnat. Au départ, elle a tout fait pour rendre nos vacances agréables, mais j’ai saboté tous ses efforts, et ça fait deux jours qu’elle ne m’adresse même plus la parole. 

— Dieu merci, enfin ! lâche-t-elle alors qu’on arrive au point où nos chemins se séparent. 

— Abuse pas. 

— J’abuse pas, si je passe une seconde de plus avec toi je vais mourir étouffé dans le pessimisme que tu répand.

Je ne fais même pas semblant de trouver ça drôle et pars de mon côté sans répondre. Ma chambre paraît trop grande, c’est le premier constat que je fais en arrivant. Il me faut une seconde pour comprendre. La chaise de Simon est débarrassée des vêtements qu’il y laissaient toujours traîner, son bureau est vide, ses draps ont été retirés… 

Je me laisse tomber sur mon lit avec un soupir. Je pensais que c’était du vent quand il avait affirmé qu’il allait changer de chambre, et je me demande ce qu’il a pu balancer à mon sujet pour y être autorisé. J’aimerais le lui demander, mais je ne sais pas quel est son nouveau numéro de chambre, et de toute façon, c’est sûrement une mauvaise idée. 

Comme il n’y a plus personne pour m’y forcer, je ne sors pas de mon lit à l’heure du dîner. Pas non plus jusqu’au lendemain matin. Mon réveil sonne à 6h00, les cours reprennent aujourd’hui, mais après une demi seconde de réflexion, je coupe l’alarme et referme les yeux. 

C’est une voix appelant mon nom de famille qui finit par me sortir à nouveau du sommeil, alors que la lumière du jour a envahi la pièce. Un tuteur se tient sur le pas de ma porte. Je cligne des yeux pour être sûre de ne pas halluciner. Il est toujours là. 

— Mais ça va pas entrer comme ça ! 

Il brandit un bloc note et un stylo avant de rétorquer. 

— Vous devriez être en cours depuis deux heures, je dois vérifier les raisons de votre absence. Asseyez-vous. 

— Je peux pas, je suis à poil. 

C’est faux, mais ça m'étonnerait qu’il vienne vérifier. Il recule d’un pas dans le couloir en marmonnant :

— Vous avez cinq minutes. 

J’attends que la porte soit refermée derrière lui pour repousser ma couverture et m’asseoir au bord du lit. Ce n’est pas la première fois que je loupe des cours, on justifie ses absences en fin de journée, on a des retenues si on ne le fait pas ou si le motif n’est pas valable, mais jamais aucun tuteur n'était venu s’en mêler comme ça. 

Je récupère mon téléphone sur ma table de nuit, envoie un message à la personne la mieux placée pour me sortir de cette situation, et n’est plus qu'à espérer qu’elle le voit à temps. 

Quelque minutes plus tard, la porte s’ouvre à nouveau. Le tuteur s’apprête à revenir, mais Tyler apparaît dans le couloir juste à ce moment pour l’interpeller. 

— Hey, je te cherchais partout. Il y a eu un problème à l’administration donc t’as pas été noté sur l’emploi du temps, mais c’est à toi de surveiller le hall aujourd’hui. 

— Ah merde, j’allais m’occuper d’une absence… 

— T’inquiète, je le fais à ta place. 

Tyler lui prend son bloc-note et son stylo des mains, le salue pour abréger la conversation, et se dépêche d’entrer dans ma chambre. 

— Depuis quand les tuteurs peuvent entrer dans nos chambres comme ça ? je marmonne. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant