Chapitre 41

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  Noah Soden

Je ne sais pas quelle heure il est. Sans mon portable, impossible de deviner, mais ça fait longtemps que la nuit est tombée. Assez longtemps pour que je sache que je verrais le lever du soleil avant de m'être endormi. 

J'en ai marre d'attendre. Je sors de mon lit. J'aimerais aller dehors, sur le toit. Les caméras m'en empêchent, mais ça fait trop longtemps et ça me manque. 

Je traverse la chambre pour aller ouvrir la fenêtre, et j'analyse la façade du pensionnat, au-dessus de moi. 

Je n'ai pas fait ça depuis des mois, mais je m'entraîne à l'escalade en sport. Je pourrais peut-être grimper. 

J'hésite trois secondes, le regard sur le sol où je prendrais le risque de m'écraser, puis j'y vais. Comme avant, je m'aide des rebords de fenêtre, des gouttières, des pierres mal incrustées, et de tous les reliefs de la façade. 

Comme avant, je me fais mal aux mains en me hissant au rebord du toît quand je l'atteint enfin. 

Je n'ai même pas pris de quoi fumer. Je me contente de rester assis là, sans même observer le ciel. Il est juste gris, il n'y a jamais rien à voir. 

Quand le jour se lève, je décide de descendre par l'escalier. J'attends derrière la porte d'entendre des voix, et je sors dans le couloir au milieu d'un groupe de garçons se rendant au réfectoire. La caméra ne devrait pas avoir remarqué grand-chose, et si quelqu'un la surveillait attentivement juste à ce moment, tant pis, je m'en fiche. 

Je retourne dans ma chambre. Tyler est assis sur mon lit. 

Il ne m'avait pas adressé la parole depuis des jours, mais ses réapparitions soudaines ne me surprennent plus. J'attends son commentaire. 

— D'où tu viens là ? demande-t-il. 

— Du couloir. 

— Arrête. Où tu étais cette nuit ? 

Il est jaloux, ça me plaît trop. J'aimerais que les rôles soient complètement inversés entre nous, et le traiter comme il m'a toujours traité. Je comprends pourquoi ça l'amuse maintenant. 

Je hausse les épaules. 

— Je sais pas, devine. 

— T'étais avec quelqu'un ? 

— Peut-être. 

— Avec lui. 

— Nooon. 

Il se lève brusquement et sort de la chambre. Je crois au début que ça va s'arrêter là, que je l'ai vexé et qu'il va préparer une revanche dans son coin pour plus tard, mais après deux minutes, il revient. 

Avec Simon. 

— Vous avez passé la nuit ensemble ? lui demande t-il.

Je me place dans son dos pour faire signe à Simon d'acquiescer. Il me voit, il me regarde, mais il fait non de la tête. 

— Pas du tout. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant