Chapitre 6.2

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Mes colocataires me conduisent sans échanger un mot jusqu'à un couloir désert de l'aile Ouest. Elles s'arrêtent face à une porte marquée d'un écriteau "hors service" et Kally extrait un trousseau de clés de sa poche. 

— J'espère vraiment que tu diras rien, marmonne-t-elle avant de déverrouiller la porte. 

Elle la maintient ouverte pour nous laisser entrer et je détail l'intérieur de la pièce les sourcils froncés. C'est une salle de repos comme les autres, où s'entassent fauteuils, canapé et machines à café... Rien qui justifie toutes leurs précautions. 

— C'est ça votre secret ? Je demande, dubitative. Juste une... Cachette secrète ? 

— Ça en fait partie, répond Astrid, mais ce n'est pas le plus important. 

Comme pour illustrer ses propos, une silhouette apparaît derrière l'une des machines à café. Je reconnais Tyler, le tuteur qui avait entamé ma visite le premier jour. Il me dévisage un moment avant de se tourner vers Kally. 

— C'est une blague ? Qu'est-ce qu'elle fout là ? 

— C'est Astrid, grogne la métisse en levant les bras. 

La porte s'ouvre derrière moi à ce moment, et Noah entre, munie des mêmes clés que Kally. Il semble aussi surpris que Tyler de me voir. Ça confirme mon pressentiment. Je ne devrais pas être là. 

— Pourquoi vous l'avez amené ? demande-t-il.

— Astrid, répète Kally. 

Pour quelqu'un qui m'a menacé de me jeter par la fenêtre si je n'étais pas assez patiente, je la trouve bien agressive. 

— Je vous est forcé à rien et Astrid non plus, j'interviens, si tu voulais pas que je vienne t'avais qu'à t'opposer. 

— Kally s'opposer à Astrid ? Ça se voit que tu débarques, commente Noah. 

— Commence pas toi ! Rétorque Kally. 

Je soupire. J'espère que je n'ai pas pris le risque de venir ici seulement pour assister à leurs petites embrouilles.

— Bon, maintenant c'est trop tard pour revenir en arrière de toute façon, abrège Tyler. 

Il me gratifie d'un dernier regard dédaigneux avant de s'affaler sur le canapé derrière lui. Je l'ai croisée plusieurs fois au cours de la semaine sans faire attention à lui. Il se mêlait aux autres tuteurs, aussi froid, aussi impitoyable quand il s’agissait de retirer des points. Mais cet air professionnel qu'il arborait munie de l'uniforme rouge des tuteurs à complètement disparu. 

— Vous avez un contrôle surprise lundi, lache t-il. Sur le programme de science des deux années passées. 

Astrid est la seule à accuser la nouvelle stoïquement, Noah se pince l'arrête du nez et Kally lâche un juron. 

— C'est trop tôt pour nous faire des coups pareils ! Rouspète-t-elle. 

— Tu vises la bourse ? Je demande comme l'enjeu semble important pour elle. 

Elle fait non de la tête. 

— Juste le diplôme, mais c'est suffisamment compliqué comme ça... 

— Vraiment ? C'est quoi la condition pour l'avoir ? 

J'en ai besoin aussi, ça fait partie de mon arrangement. Comme souvent quand je pose une question, c'est Astrid qui m'explique :

— Il faut avoir minimum un point au-dessus de la moyenne sur les trois années réunies. Juste cette année pour toi. 

— Mais t'as dû le voir, le niveau est haut ici, complète Kally en croisant les bras. C'est super galère rien que d'avoir la moyenne. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant