Chapitre 22

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Lana Parker

Je sors de ma séance hebdomadaire avec ma psychologue, aussi lassé qu'à chaque fois. C'est toujours une perte de temps incroyable. Mon manque de volonté n’y est sûrement pas pour rien, mais je préfère tout remettre sur le dos de son incompétence. 

Noah est là dans le couloir, juste devant la porte, il retrace du doigt une fissure dans le mur qui avait déjà attiré mon attention lors de mon premier passage au sous-sol. 

— C'est moi où ce truc grandit ? souffle-t-il. 

Je penche la tête pour l'examiner. Elle s'arrête juste un peu avant le plafond. Il me semblait qu'elle ne montait que jusqu'à la moitié du mur la dernière fois que je l'ai observé, mais je ne suis plus sûre. 

— Peut-être, je réponds. T'attends ta séance ? 

Il hoche la tête. 

— Je savais pas qu'on avait la même psy, je souris. Elle est super, tu trouves pas ? 

— Absolument génial. 

Je m'apprête à passer mon chemin, mais il me rappelle. 

— T'a décidé de lâcher l'affaire au sujet de Matthew Collins ? 

Je fais non de la tête. Je n'ai rien décidé du tout, j'y réfléchi encore. Une partie de moi veut creuser, l'autre préfère finir l'année sans encombres. Le problème c'est que cette fois, je n'arrive pas à savoir laquelle est l'option rationnelle. 

J'ai peur que la première ne soit motivée que par des raisons sentimentales, parce que je ne veux pas faire de mal à mon père en ne le prenant pas au sérieux. D'un autre côté, la deuxième pourrait être motivée par une crainte de m'embarquer dans cette histoire qui me dépasse, une crainte qui me pousse à ne pas y croire. 

Quand un choix me prend autant la tête, je le repousse dans un coin et je procrastine tant que je le peux. C'est encore ce que je fais aujourd'hui. J'ai autre chose à régler dans l'immédiat. 

Je quitte le sous-sol pour me rendre dans le hall principal. C'est l'heure de fin de cours, celle où il est le plus fréquenté, et le même spectacle se joue à chaque fois. Les élèves du programme de redressement d'un côté, ceux du cursus normal de l'autre. Eryn, Noah et moi sommes les seules exceptions, pour les autres, le mélange n'est jamais passé. C'est ironique, la distinction n'a aucun sens ici. Qu'on fasse partie de ceux qui représentent l'excellence ou de ceux qui incarne la délinquance, ça ne change rien. La seule vrai différence séparent ceux qui veulent la bourse de ceux qui se contenteront du diplôme.

Je repère Astrid et Kally dans un coin, et avance vers elle pour demander : 

— Vous auriez pas vu Sasha quelque part ? 

— Le mec roux ? demande Kally. Nan, pourquoi ? 

— Il faut que je lui parle. 

— Je crois l'avoir aperçu sortir il y a quelque minutes, intervient Astrid. 

— Ok, merci. 

Je me rends dans la cour. Le froid me fout une claque, je n'ai pris aucune veste et la température stagne dans les négatif ces derniers jours. Je m'apprête à renoncer aussitôt pour retourner à l’intérieur, mais je repère les cheveux roux que je cherchais près du portail au bout de l’allée.

Sasha s’est mit à longer le grillage qui entoure le pensionnat quand je le rejoins. 

— T'essaye de t'enfuir ? Je demande. 

— Exactement. 

On ne s’est jamais adressé la parole à l’exception du soir de notre retenue en commun, et je me souviens très bien lui avoir parlé de mes plans avec Adam. J’avais dit vouloir lui ouvrir les yeux, exactement ce qu’Eryn m’a interdit de faire quand elle a essayé de m’intimider dans le placard à balais. Elle n’aurait pas pû comprendre toute seule. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant