Chapitre 5.2

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Il a plu presque tous les jours depuis le début de la semaine, poussant les élèves à se masser dans le hall chaque soir entre la fin des cours et le dîner. Mais aujourd'hui pour la première fois, je le découvre complètement désert. Kally me désigne la direction opposée alors que je me dirige déjà vers l'entrée principale.

- Ça se passe dans la cour arrière.

On sort par une plus petite porte, presque dissimulée sous l'escalier centrale. La cour est inaccessible de l'extérieur, coincée entre les différents bâtiments qui composent le pensionnat, sa forme circulaire lui donne des allures d'arène. J'observe l'arbre qui a été planté juste au centre, un écriteau est accroché sur le tronc. En plissant un peu les yeux, j'arrive à le déchiffrer :

"En 1948, William F. Keppel, adjoint au directeur de la prison pour mineurs Deanwood juvenile detention center demande à ce qu'une partie du bâtiment soit réaménagée pour accueillir plusieurs salles de classe. Il désire permettre aux détenus de maintenir un programme scolaire, afin de faciliter leur réinsertion future. Sa proposition étant rejetée, pendant des années, il assure lui-même des cours en secret dans le sous-sol de la prison.

En 1965, à la mort du directeur actuel, il reprend les rênes de la prison, et grâce au financement de l'un de ses anciens détenus et élève devenu gérant d'une grande entreprise, il rénove complètement le bâtiment pour former un hybride inédit dans le pays : école et centre de détention.

En 1995, le jour où fût planté cet arbre, la prison est renommée "pensionnat Keppel" par son petit-fils William J. Keppel."

- Mignon comme histoire hein ? souffle Kally dans mon dos. L'idée d'offrir une seconde chance à des jeunes délinquants est belle... Dommage qu'on ressorte de Keppel plus pourri qu'on y est entré.

- À quel moment ça a mal tourné ? j'interroge.

- Je saurais pas te dire exactement... Sûrement quand la bourse a été mise en place.

- Mais la plupart des élèves ici sont déjà très riches, alors pourquoi est-ce qu'ils tiennent tant à ces cents milles livres ?

C'était l'argument d'Axel, et même si je sais maintenant qu'il était bidon, je le trouve toujours crédible.

- Tout le monde ne vise pas la bourse c'est vrai, mais suffisamment d'élèves tout de même pour que ce soit problématique, répond Astrid. Ceux-là ont tous leur raison : envie d'indépendance, manque de moyen pour ceux qui sont entrés grâce à leur notes, ou bien simple esprit de compétition...

Je hoche pensivement la tête alors qu'Astrid baisse les yeux sur sa montre. La cours semble s'être vidée pourtant personne n'est sortit, les élèves se sont tous massé sous un garnd écran noir, directement incrusté dans la façade du pensionnat.

- C'est l'heure, annonce Astrid.

L'horloge du hall principal ponctue sa phrase d'un premier coup de cloche. Elle sonne six heures. L'écran s'allume et le brouhaha qui émanait de l'amas de parapluie et de long manteau noirs devant nous se tait. Trois colonnes de dix noms sont apparues, une pour chaque année, je regarde la troisième en me dressant sur la pointe des pieds pour tenter d'en percevoir la seconde moitié derrière la foule.

- Concentre-toi sur le top cinq, suggère Kally.

J'acquiesce brièvement et souffle du nez quand je vois qui est à la première place.

- Presque trop évident hein ? souris Kally. Adam n'a jamais quitté la tête du classement. Ses résultats sont excellent, il ne perds jamais aucuns points, mais surtout, c'est un intouchable. Regarde le deuxième nom.

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant