Chapitre 7

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Lana Parker

Il me faut plusieurs secondes en sortant du sommeil pour comprendre la présence d'Emma dans ma chambre. Ma présence dans sa chambre, en réalité. Je me redresse en me frottant les yeux et lâche un soupir. La journée de la veille aura été merdique de bout en bout, et au-delà d'avoir été accusée à tort, c'est surtout parce-que j'ai trop pensé.

Je ne sais plus comment m'en empêcher.

- Ça va ? Demande Emma, déjà lavée et habillée, en me regardant de loin.

Elle parle avec prudence, comme si elle s'attendait à ce que je lui crie dessus à tout moment. Je sais que j'ai été un peu froide avec elle hier, mais sûrement pas de quoi me traiter comme une enragée. Je me retiens de le lui faire remarquer pour ne pas aggraver les choses.

- Oui, je réponds plutôt. Merci de m'avoir laissé venir ici.

- C'est rien... Tu m'as rendu service toi aussi.

Je ne comprends pas tout de suite de quoi elle parle, et elle doit s'en rendre compte parce-qu'elle précise :

- Tu m'as avertis à propos de la bourse.

- C'est vrai... Alors on est quitte.

Elle acquiesce en essayant de sourire. Je me demande ce qui l'en empêche, si elle est trop timide, ou si c'est juste moi qui lui fait cet effet.

- C'est libre, annonce sa colocataire en sortant de la salle de bain.

J'y entre à mon tour et tente de profiter de l'eau chaude pour me détendre. Ça ne fonctionne pas. Même si je sens mes muscles se relâcher, mon esprit lui reste aussi agité. Quand je me retrouve assise face à ma copie de mathématique un moment plus tards, je suis incapable de me concentrer. Peut-être que si Astrid n'était pas assise juste devant moi je pourrais y arriver, mais dans ces conditions c'est impossible. Je ne peux pas m'empêcher de repenser à ses accusations.

Elles étaient censées.

Si quelqu'un a dénoncé Tyler le jour même où je l'ai vue donner des informations, c'est normal qu'elle doute. Et on ne se connait pas depuis longtemps, je ne peux pas exiger qu'elle me fasse confiance. Mais sur le moment, j'étais trop en colère pour y réfléchir.

Astrid enchaîne les calculs à toute vitesse sur son brouillon. Je suis distraitement ses mouvements du poignet jusqu'à réaliser que si je vois ses calculs, je peux aussi les recopier.
Je retrouve un peu d'intérêt pour mon sujet, et commence à le remplir en m'aidant de ce qu'elle fait. Quand elle change de position et que sa feuille disparaît de mon champ de vision, je persiste encore sur deux exercices avant de laisser tomber.

Je n'arriverais pas à réfléchir aujourd'hui.

L'épreuve de Maths s'enchaîne sur la SVT, que je bâcle sans intérêt, puis après la pause du déjeuner, je réserve le même sort au contrôle de physique-chimie.

- C'était trop compliqué, gémit Emma quand je lui demande le bilan de son côté alors qu'on dîne au réfectoire. Le programme n'est pas du tout le même que dans mon ancien lycée...

- Tu devrais demander les cours des années passées à ta colloc, je suggère.

- C'est déjà fait, mais elle ne les a plus.

Je réfléchis un instant avant que mes yeux ne se posent à nouveau sur Astrid, qui ne compte définitivement pas quitter mon champ de vision aujourd'hui.

- Je crois qu'Astrid les a, je pourrais lui demander.

Emma relève la tête.

- C'est vrai, tu pourrais ? Je croyais que c'était tendu entre vous...

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant