Chapitre 24

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(TW - automutilation)

Noah Soden

Je me réveille à l'infirmerie samedi matin. En m’y rendant hier je pensais me faire examiner rapidement, qu’on me dirait de manger ou de dormir plus, puis que je pourrais repartir, mais j’ai été séquestré toute la nuit pour une histoire de tension trop basse. 

Un infirmière vient m'apporter mon petit-déjeuner et pose le même appareil que la veille sur mon bras. 

— C'est bon cette fois ? Je demande. 

Elle fait non de la tête. 

— C’est toujours trop bas. Vous allez rester encore, jusqu’à ce que je sache à quoi s’est due. 

Elle sort de la chambre et je me rallonge en soupirant, sans toucher à mon petit-déjeuner dont rien que l'odeur me donne la nausée. On m’a fait une prise de sang hier, mon état n’a rien à voir avec ça, mais j’avais fumé, et je sais que ça va se voir. Je passe toute la matinée à attendre les résultats la boule au ventre. En début d’après-midi, quand l'infirmière arrive enfin pour me les donner, je constate que j’ai eu raison de m’inquiéter. Le principal adjoint est avec elle. 

— Bon, j’imagine que vous savez très bien quel genre de substance a été détecté dans votre sang par les analyses, marmonne-t-elle. 

Je ne répond rien, elle enchaîne : 

— Ce mélange est très mauvais, vous vous êtes mis en danger. 

— Quoi ? Quel mélange ? 

— Il est inutile de nier, intervient le principal adjoint. J’ai fait fouiller votre chambre et j’y ai trouvé ceci.

Il sort mon sachet d’herbe de sa poche. 

— Je nie pas ça, je rétorque, mais je vois pas de quel mélange vous parlez, j’ai fait que fumer. 

— Vous avez pris un médicament, précise l'infirmière, un anxiolytique fort. Le mélange avec le cannabis a décuplé les effets des deux substances, vous avez de la chance de vous en sortir aussi bien.  

Je fronce les sourcils. J’ai jamais pris d'anxiolytique, ça n’a pas de sens. 

— Vous avez dû vous tromper, je… 

— Arrêtez un peu, m’interrompt le principal adjoint. Les analyses ne trompent pas, et de toute façon vous n’avez plus rien à défendre, votre sanction a déjà été appliquée. On vous a retiré la totalité de vos points. Que ça serve de leçon. 

La nouvelle me coupe le souffle, je n’arrive même pas à réagir. L'infirmière récupère mon petit-déjeuner auquel je n'ai pas touché et ils me laissent tous les deux. Des images mentales de mon nom tout en bas du classement s'immiscent aussitôt dans ma tête, ma respiration s’emballe. Je peux pas rester ici. Cette pièce est trop petite. 

Je me précipite sur la porte et heurte de plein fouet quelqu’un qui s'apprêtait à entrer. Un bras glisse dans mon dos pour m'empêcher de tomber, je me retrouve collé contre le torse de Tyler. 

— Ça va ? demande-t-il. J’ai appris que t’avais passé la nuit ici, je voulais te voir… 

— Non ça va pas, je souffle en laissant tomber ma tête sur son épaule. 

— Pourquoi ? 

Il resserre son bras dans mon dos et passe sa main libre dans mes cheveux. 

— Parce-que je viens de perdre tous mes points. 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant