Chapitre 37

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Lana Parker

L'écran s'allume. Une première règle s'affiche, tout en haut, et je devine que la directrice va les révéler au compte-gouttes. Toujours rechercher l'effet dramatique, ça devrait être ça, la devise de cette école. 

Des premières plaintes fusent autour de moi, mais les tuteurs présents s'empressent de les faire taire à coup de retrait de points. Je me garde de revenir sur mon idée de huer et accuse cette première règle en serrant les dents. 

"Les téléphones portables seront saisis et ne pourront être utilisés que les mercredi après-midi et les week-end."

— Vos parents ont déjà été prévenus, précise la directrice. Ils savent qu'ils ne pourront vous contacter que ces jours-ci. Nous n'avons encore reçu aucunes plaintes qui aient persisté après explication de cette mesure. 

Elle appuie sur sa télécommande pour afficher la suivante. Des tuteurs seront postés à l'entrée de chaque dortoir, jour et nuit. Je regarde l'un d'eux, qui surveille le rang devant moi. J'espère au moins qu'ils sont bien payés, pour toutes les conneries que la directrice leur fait faire…

— Ils veilleront aussi à ce que vous portiez votre uniforme correctement avant de quitter le dortoir le matin. Les cravates mal nouées et les chemises à moitié ouvertes, c'est terminé. Le maquillage et les bijoux aussi. Au pensionnat vous êtes des élèves, vous devez ressembler à des élèves et rien d'autre. 

Sans commentaires. J'en ai une bonne centaine en réserve, mais le silence parfait qui est tombé sur la salle ne laisserait pas le plus petit chuchotement passer inaperçu. 

La troisième règle apparaît. Le ton ne change pas, c'est radicale : interdiction de stationner dans les couloirs ou le hall, on sort du dortoir à sept heures du matin, on y retourne à huit heures du soir après le dîner, et entre temps, les seuls endroits où on est autorisés à se rendre, c'est nos cours ou des salles d'études surveillées. 

Je sourit amèrement en voyant Kally mimer de se tirer dans la tête. Tout le monde fait la même gueule qu'elle dans la salle. Tout le monde sauf celui que j'essaye d'ignorer depuis que je suis entré. 

Il s'est assis au premier rang, proche de sa mère qu'il regarde distraitement, le visage fermé. Elle s'est adressé à moi, tout à l'heure. 

Et je sais que je ne délire pas. Ces règles, ce n'est pas juste pour redresser le niveau. 

Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'Adam lui a parlé. Qu'il lui a expliqué pourquoi j'étais chez eux, la vraie raison. Qu'il lui a dit que je cherchais des informations sur Matthew Collins. Qu'il lui à tout dit. 

Ces règles, en réalité, c'est aussi pour m'empêcher d'agir.

La quatrième ne fait que le confirmer :

— Les caméras que j'avais faites installer à but surtout dissuasif vont être allumées et consultées en permanence, explique la directrice. Et je vais en rajouter dans toutes les salles de repos, où vous n'aurez le droit de vous rendre que les week-ends. 

— Mais c'est horrible, souffle Simon à côté de moi. 

Noah lui ordonne de se taire mais c'est déjà trop tard. Inévitablement, un tuteur l'a entendu. Plusieurs, même. L'un d'eux s'approche, mais un autre surgit de nul part et arrive à notre niveau avant lui. 

C'est Tyler. 

Il chuchote pour ne pas déranger la directrice qui a repris la parole : 

— Tu peux répéter ce que tu viens de dire ? 

Le pensionnat KeppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant