Chapitre 10

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Alex attendait ce moment depuis une semaine. Il désespérait de revoir l'inoubliable Héphasie. Et à présent qu'elle se trouvait là, sous ses yeux émerveillés, plus belle qu'au premier jour avec cette robe dont la couleur flattait son teint, et surtout ce léger décolleté qui lui faisait miroiter des merveilles de petits seins, il ne pouvait s'empêcher d'en vouloir plus. De la pousser à lui donner plus.

En un sens, sa manœuvre le pénalisait, lui aussi : voir la jeune femme nue mettrait assurément ses sens en émoi, et la torture promettait d'être longue, si elle durait tout le temps qu'il poserait. Mais le jeu en valait la chandelle. Peut-être parviendrait-il à lui voler cette fois encore un baiser... à même sa peau.

Sa virilité se tendit davantage sous son pantalon. Il serra les dents, s'exhortant au calme, mais son regard revenait toujours vers le décolleté d'Héphasie. N'y tenant plus, il décida de suivre son idée et la dévoila donc :

— Je ne poserai entièrement nu que si vous vous déshabillez également.

En voyant la mine de son interlocutrice, il préféra se justifier plus avant pour prévenir l'orage.

— Je n'ai jamais fait cela. Je suis gêné, mentit-il effrontément. Il serait normal que vous partagiez mon état. Ainsi, je serais plus à l'aise, et l'équité régnerait.

En réalité, les yeux troublés de la jeune femme le remplissaient d'aise. Savoir que c'était son corps qui la fascinait ainsi l'embrasait. Mais l'art de la séduction demandait parfois aux gentilshommes de faire quelques entorses mineures à la vérité.

— J'ai besoin d'être à l'aise pour peindre, protesta faiblement son ange blond.

— Vos habits vous encombreront donc, rétorqua aussitôt le duc.

Elle rit nerveusement, puis se tut brusquement.

— Et si... et si... répéta-t-elle, hésitante.

— Et si ? l'encouragea Alex.

Elle prit une grande inspiration, puis lâcha :

— Et si je gardais ma chemise, cela vous conviendrait-il ?

Il faillit pousser un cri de victoire. Il n'en espérait pas tant, en vérité.

— Cela ira. Pour le moment, ajouta-t-il, s'offrant une marge de manœuvre non négligeable.

Héphasie devint suspicieuse, il le vit à sa manière de plisser les lèvres, mais elle se contenta de cette réponse sibylline. Le jeune homme, ayant obtenu ce qu'il souhaitait, acheva de se déshabiller en toute hâte, toujours sous le regard brûlant de sa compagne. Son membre vigoureux ne sembla pas l'effrayer, bien au contraire : elle le détaillait sans s'en cacher. Cependant, Alex craignait que son intérêt ne fût que purement artistique.

Il demeura là une minute interminable, volontairement offert, et voulut ensuite satisfaire sa propre curiosité. Il s'approcha de la peintresse d'une démarche souple et féline, puis se pencha vers son oreille pour lui murmurer ces mots :

— Je vous aide ?

Elle sursauta, ce qui l'amusa follement, puis respira plus fort. Le duc prit cela pour un oui, et la contourna pour avoir accès à son dos. Il l'enserra à la taille, sa propre tête reposant dans la jolie chevelure blonde, puis murmura tout contre elle :

— Nous devrions commencer par défaire cela, vous ne croyez pas ?

Il porta la main à son chignon pour qu'elle comprît son allusion. Elle hocha distraitement la tête tandis que le jeune homme s'escrimait déjà à retirer les épingles. Cela fait, il caressa les cheveux qui retombaient en cascade sur les hanches d'Héphasie.

— Qu'ils sont doux... s'émerveilla-t-il.

Il y déposa quelques baisers, puis les relâcha sur l'épaule de sa partenaire pour mieux dégager son cou, auquel il prodigua les mêmes tendresses.

— Votre peau est délicieuse, constata-t-il avec une joie non dissimulée.

Il la sentait se détendre de plus en plus dans ses bras. Ses soupirs d'aise le comblaient. Il l'enlaça alors d'une façon dangereuse pour sa retenue : il laissa reposer son sexe contre son dos. Alex entendit la peintresse hoqueter de stupeur tandis que son membre grandissait encore.

Il continua de l'embrasser pour qu'elle se détendît, ses petites oreilles faisant de parfaites cibles. Puis il saisit sa robe pour la lui ôter, tout en douceur, la jeune femme ne semblant pas décidée à l'arrêter. La simple vue de ses chevilles fines affola le cœur d'Alex. Mais avant de contempler sa belle, il songea qu'il valait mieux qu'il lui enlevât son corset.

Il défit avec une lenteur étudiée les lacets du vêtement, tout en laissant parfois ses mains reposer sur la taille de guêpe d'Héphasie, même quand cela n'était pas absolument nécessaire. Il aimait ses hanches voluptueuses qui offraient un charmant contraste.

Il ne resta bientôt plus à son ange blond que sa chemise, largement transparente au demeurant. Elle suggérait avec sensualité la rondeur du postérieur, et dévoilait entièrement les jambes.

Le duc commença de masser les épaules de sa belle avec langueur, puis infligea la même torture à son dos. Quand il parvint à ses hanches, il y arrima ses paumes et décrivit avec ses pouces des arcs de cercle au-dessus de ses fesses. Il effleura ces dernières, de plus en plus souvent, mais n'alla pas jusqu'à les toucher sciemment.

— Alex, haleta la peintresse en se renversant contre lui, cherchant le soutien de son corps.

— Oui, ma douce ? fit-il, distrait.

— Je... le portrait, articula-t-elle difficilement.

— Hmm ? Oh, oui, bien sûr.

Il la lâcha à regret, mais eut une dernière audace : il la tourna vers lui pour la contempler. Ses yeux s'arrêtèrent brièvement sur son visage. Elle ouvrait convulsivement la bouche, l'air essoufflé, et ses joues étaient plus rouges que jamais. Elle paraissait complètement perdue, et ce spectacle qu'elle lui offrait était tout bonnement divin.

La transparence de la chemise permettait au duc de deviner les tétons dressés d'Héphasie. Ses seins, d'après ce que semblait dévoiler le fin vêtement, étaient petits et fermes, comme il les avait imaginés. Il pouvait aussi entrapercevoir de scandaleuses boucles blondes au niveau de son sexe à travers l'étoffe, ce qui acheva de l'affoler.

Alex s'exhorta cependant à recouvrer la raison et s'écarta. Plus tard, il pourrait le découvrir entièrement. Pour l'heure, il devait respecter leur accord.

— Le portrait, répéta-t-il, comme pour s'en convaincre.

— Le portrait, acquiesça la jeune femme.

Une vierge au bordelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant