Chapitre 27

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Alex regrettait sa faiblesse. Face à l'ardeur du baiser d'Héphasie, il avait failli céder et s'abandonner aux affres de la passion, là, sur la terrasse d'un autre, juste à côté d'une salle de bal pleine à craquer. Elle lui prouvait ici encore que son amour pour elle avait une faille non négligeable : il n'avait pas la pureté qu'il rêvait, et qu'elle méritait. Il était le même qu'elle avait rencontré au bordel, guidé par ses seuls bas instincts. Il s'était repenti, mais ce n'était qu'une illusion : il ne changerait jamais.

La jeune femme l'avait mis en mauvaise posture en révélant de manière si flagrante son érection : il ne doutait pas qu'elle savait parfaitement ce qu'elle faisait en procédant ainsi. Il se sentait d'autant plus fautif, surtout que ses bonnes résolutions avaient manqué voler en éclat : à quoi bon faire semblant, quand il était si clair qu'il était loin d'être indifférent à la peintresse ? Pourquoi se retenir, quand elle lui offrait l'occasion parfaite d'assouvir sa soif de son corps ?

Contre toute attente, il avait tenu bon. Puis elle avait déclaré de cette voix douce si chère à son cœur qu'elle l'aimait. Son monde avait volé en éclat, ou plutôt, la vitre au verre teinté qui recouvrait sa vision s'était brisée net. Alors elle le voulait vraiment ! Il n'était qu'un idiot. Sans doute le plus heureux que la Terre eût porté ! L'univers, même en cette nuit obscure, s'était coloré de mille lueurs d'espoir. Ses sens s'étaient exacerbés et il avait ressenti avec une puissance accrue la présence déjà hypnotique d'Héphasie. Il l'avait renversée contre la balustrade pour lui prodiguer le baiser le plus passionné qu'elle eût jamais reçu.

À présent, la jeune femme se retenait des deux mains pour ne pas tomber dans le vide tandis que le duc continuait de la butiner et de la lutiner avec ardeur. Il parvint à écarter une de ses manches ballons sans qu'elle s'en aperçût pour mieux accéder à sa délicieuse gorge à l'envi. Alex ne songea même pas à faire durer le plaisir en commençant par semer un sillon de baisers brûlant dans le cou de sa belle : il écarta tout le tissu qu'il trouva sur son passage et goba presque son mamelon ainsi offert, tandis qu'elle renversait la tête en arrière. Pouvoir la toucher ainsi... c'était une sensation supérieure à toutes celles qu'il avait vécues, surtout après cette longue période d'abstinence.

Le beau brun enserra d'une main les fesses de sa compagne pour approfondir sa scandaleuse caresse. Il mordit fort le petit bouton de chair rose, comme possédé. La peintresse émit un son suraiguë, goûtant visiblement cet accès de fièvre. Elle relâcha même sa prise sur la balustrade pour plonger sa main dans la chevelure de son amant et le coller davantage à elle.

— Alex, s'il vous plaît... supplia-t-elle.

Le principal concerné ne se fit pas prier : il interrompit son plaisant labeur pour remonter sans façon les jupes en forme de meringues d'Héphasie. Il glissa sous l'imposant tissu une main vorace, qui se posa promptement sur l'intimité sensible, bien que protégée par un sous-vêtement encombrant, de l'artiste. Il pressa la paume contre cette zone érogène, infligeant à la jeune femme une friction sans doute divine, s'il en croyait les petits bruits étouffés qu'elle émettait.

Le duc finit par écarter la dernière barrière qui lui dissimulait l'antre de plaisir de la jolie blonde. Son doigt trouva aisément son chemin dans les replis cachés, malgré son absence de visibilité. Il découvrit le bouton de rose de sa partenaire et le stimula avec son pouce, tandis que son index gagnait du terrain en cette contrée profonde.

La vision de sa peintresse éperdue de plaisir faisait tressauter de manière incohérente le cœur d'Alex. Ses joues rosissaient d'une manière adorable et elle perdait le souffle, les yeux voilés par la luxure. Il ne perdit rien du spectacle quand elle arrondit la bouche dans un cri muet en atteignant le sommet de sa jouissance. Il l'accompagna en lui procurant une dernière caresse et posa sa main libre sur sa joue dans un accès de tendresse.

Héphasie s'appuya volontiers à lui, à bout de force, et posa même ses doigts sur les siens, ce qui l'émut profondément. Elle tourna légèrement la tête pour embrasser sa paume tandis que son amant désertait ses plis intimes. Plein de malice, ce dernier lui lança un regard brillant et lécha méticuleusement ses phalanges recouvertes de la preuve de l'excitation de sa belle.

— Oh ! fit-elle, l'air scandalisé.

Le duc d'Albufera devinait cependant qu'elle trouvait un certain érotisme à cette vision à sa manière de le fixer avec une attention tout à fait déplacée pour une jeune femme du monde. Sachant pertinemment qu'elle n'était pas comme les autres et qu'elle était sans peur, Alex tendit son index à l'artiste. Celle-ci sembla d'abord l'interroger silencieusement, puis, en constatant qu'il se contentait de patienter en la dévisageant, elle le prit en bouche et le nettoya à son tour minutieusement. Alex, étourdi par tant de sensualité, se retint à grand-peine de prendre sur le champ son audacieuse partenaire. S'ils n'avaient pas été sur la terrasse d'un inconnu, non loin de nombreuses personnes, il n'aurait assurément pas pu résister à la tentation...

— Mon ange, nous devrions y retourner, articula-t-il difficilement.

— Vous avez sans doute raison, soupira son interlocutrice. Je vais aller annoncer la nouvelle à maman, papa et à mes amies.

Le beau brun lui sourit, ravi de constater l'empressement de sa belle à avertir ses proches de leurs fiançailles.

— Allez-y, je vous rejoindrai d'ici quelques minutes pour éviter de faire jaser ces messieurs et ces dames.

Et le temps, bien sûr, de recouvrer son sang-froid. Mais cela, il n'allait pas le préciser à Héphasie, sous peine de connaître l'embarras.

— Revenez-moi vite, lui intima-t-elle en déposant un baiser léger sur ses lèvres.

— Je n'y manquerai pas, lui murmura-t-il avec langueur.

Elle disparut dans un froufrou de tissu par la porte-fenêtre et Alex put enfin s'autoriser une grimace peu seyante. Sa situation était très inconfortable, mais satisfaire sa vigoureuse peintresse valait bien ce maigre sacrifice. Il songea que son heure viendrait plus vite qu'il ne le pensait, non sans gourmandise... 

Une vierge au bordelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant