Chapitre 12

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Alex se rendit à l'évidence : il était idiot et aveugle, par-dessus le marché. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, surtout quand Héphasie lui présentait ces yeux pleins de larmes. Bien sûr, sa naissance ne pouvait qu'être distinguée. Ses robes, trop sages pour le bordel, la dénonçaient, tout comme ses manières irréprochables. Mais il avait préféré ne pas le voir, car cela signifiait qu'il n'aurait qu'à sustenter ses désirs, puis passer à autre chose. Il ne souhaitait pas déshonorer une jeune fille bien née. Pas par pure bonté d'âme, mais pour sa bonne conscience, et accessoirement son futile amour-propre.

C'était donc la dernière fois qu'il coudoierait la délicieuse artiste. Alors, il souhaitait au moins la découvrir tout entière, pour en conserver un souvenir impérissable. Car il n'avait jamais rencontré de femme comme elle, qu'il désirât autant, qui le fît rire autant, qui l'impressionnât autant, que ce fût par ses talents ou son audace. Qui d'autre eut été au bordel pour peindre ? En y réfléchissant bien, cette idée était presque grotesque.

Décidé, il s'empara du col de la chemise de la peintresse de ses deux mains.

— Ça, pour être désirable, vous l'êtes, grogna-t-il. Vous avez terminé de dessiner, donc si je vous enlève ce sous-vêtement de malheur, vous ne serez pas déconcentrée, n'est-ce pas ?

Sa partenaire n'hésita qu'une seconde avant de s'emparer de ses lèvres avec ardeur. Elle lui prouvait là encore sa témérité de la plus délectable des façons. Les mains toujours agrippées aux dessous de sa belle, Alex l'attira plus près, collant leurs corps fiévreux. Son sexe s'éveillait davantage au contact de la chemise d'Héphasie, dont la finesse dissimulait mal le ventre et la féminité bouclée de sa porteuse.

À bout de souffle, le duc chercha à tâtons les boutons de l'habit de l'artiste pour les défaire. Ses doigts, rendus tremblants par l'empressement, refusaient de réaliser leur part du travail. La jeune femme, l'ayant constaté, s'écarta quelque peu de lui pour se déshabiller d'elle-même. Sa chemise fut finalement ouverte, exposant en partie ses seins menus : les tétons se cachaient toujours sous le tissu, mais la vision de ces vallons, ainsi que de ce ventre tendre et de ces boucles dorées bien fournies qui recouvraient son sexe, s'avérait d'autant plus érotique avec cette part de mystère.

Alex posa ses deux paumes sur les seins de la peintresse, savourant le paradoxe textural entre le tissu frais du sous-vêtement et la peau tendre et brûlante de son amante. Tout en embrassant la bouche de cette dernière avec une infinie douceur, il commença de dessiner des ronds sur sa poitrine offerte. Il s'attarda plus particulièrement sur les tétons, vaillamment dressés sous l'étoffe. Il attrapa ensuite la chemise et la fit coulisser de bas en haut sur le sein gauche d'Héphasie, qui gémit à ce contact. Il prodigua bientôt la même torture à celui de droite puis, désirant les agacer de sa langue, ôta enfin l'habit des épaules de son ange blond, splendide en tenue d'Ève.

Il réalisa d'abord de larges cercles sur un mamelon avec sa bouche avide, et les resserra progressivement pour mieux en titiller la pointe. Il la mordit ensuite doucement, surprenant sa compagne, puis plus fort une fois cette dernière accoutumée à cette sensation. Bientôt, il alterna savamment ces différentes caresses, y ajoutant des aspirations qui faisaient chanceler la jeune femme et l'obligeaient à se maintenir fermement au cou de son amant.

Celui-ci la souleva pour la déposer sur le lit, où il l'exhorta à s'allonger. Délaissant sa poitrine, il traça un sillon de feu sur ses côtes et sur son ventre. Il glissa sa langue dans son nombril, qui lui parut particulièrement sensible. Il continua sa descente sensuelle, suivant la ligne de poils blonde presque invisible qui menait au chemin de sa féminité.

Alex contempla ce fruit défendu avec un regard gourmand qui donna la chair de poule à Héphasie, qui s'était redressée pour voir de quoi il retournait. Il huma cet antre encore indompté et y plongea résolument le nez. Sa bouche s'activa aussitôt, s'appliquant à lui faire subir mille délices. Quand il trouva son bouton de plaisir, elle se cambra et s'empara de ses cheveux bruns pour qu'il ne délaissât pas son sexe de sitôt. Le duc s'exécuta, servile : il la pénétra de sa langue qui provoqua chez elle un raz-de-marée. Son cri de jouissance, venu avec une promptitude record, surprit et combla tout à la fois son partenaire.

— Oh, lâcha Héphasie après un temps, provoquant ainsi son hilarité.

— C'est agréable, n'est-ce pas ?

Elle hocha sa tête reposant sur le lit, n'ayant visiblement plus l'énergie nécessaire pour se redresser ou tenir une conversation. Une pensée la rappela pourtant à la réalité :

— Et vous ? Que dois-je faire pour vous procurer du plaisir ?

Le jeune homme la regarda avec tendresse, appréciant sa considération à son égard, mais refusa sa proposition, ne voulant pas la choquer :

— Cela vous gênerait. Ne vous en faites pas pour moi, ma douce.

Cette fois-ci, la peintresse fit un gros effort pour se rasseoir.

— Bien sûr que non ! s'offusqua-t-elle. Il n'y a pas de raison pour que je ne vous rende pas la pareille.

Son interlocuteur réfléchit un instant, puis avoua :

— Vous pourriez me toucher. Ou me prendre en bouche, comme je l'ai fait pour vous.

L'air sérieux de sa partenaire l'amusa de nouveau.

— Je comprends.

Elle se leva puis s'agenouilla devant lui, avec une célérité qui le laissa pantois. Son audace n'avait donc pas de limites ! Elle posa d'abord une main timide sur la virilité d'Alex, prenant le temps de s'accoutumer à cette texture nouvelle, à la fois dure et douce. Puis, n'écoutant que son instinct, elle l'enserra entièrement dans sa main, et entama un va-et-vient d'une lenteur insupportable.

— Comment est-ce ?

Le brun lui offrit un halètement en guise de réponse, n'ayant jamais connu telle sensation. Il se remémora cette fois où il s'était soulagé en pensant à sa belle, bien terne à côté de ce qu'elle pouvait en réalité lui donner.

— Et cela ?

Il vit avec stupéfaction Héphasie approcher ses lèvres de son entrejambe, puis donner un grand coup de langue sur toute la longueur de son membre. Là, il se cabra carrément, ce qui encouragea bien sûr son ange blond, qui referma aussitôt sa bouche sur lui et entama une danse sensuelle. Ne pouvant le prendre entièrement dans sa petite cavité buccale, elle ajouta bientôt sa main à l'équation.

Alex, excité par cette seule vue, dut vite contraindre la jeune femme à relâcher son sexe pour ne pas éjaculer en elle. Une fois fait, il s'écroula au sol, contre le lit, vidé de ses forces. Sa partenaire le rejoignit, tout sourire.

— Je crois que je me suis plutôt bien débrouillée, remarqua-t-elle.

— On dirait que vous avez fait ça toute votre vie, confirma le duc.

L'artiste posa sa tête sur son épaule et il caressa ses doux cheveux fins.

— Je vais devoir y aller, dit-elle à regret après avoir poussé un soupir. Mais je me réjouis de notre prochaine rencontre.

— Moi aussi, mentit son amant, en désespoir de cause.

Il ne la reverrait pas. Mais il ne pouvait pas non plus se résigner à le lui avouer. Ce serait cruel, et leur dernière rencontre se solderait par une dispute. Il préférait garder une image parfaite de ces moments passés ensemble.

 — Au revoir, murmura Héphasie en l'embrassant, ne se doutant pas qu'il s'agissait en fait d'un triste adieu.

Une vierge au bordelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant