14 - Solitude forcée

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 Les yeux fermés, allongée dans le lit, je ne fais que compter les secondes. Je m'ennuie clairement, donc j'ai décidé de compter les secondes, les minutes et les heures jusqu'à ce que Raphael revienne.

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 Soudainement, la porte de la chambre finit enfin par s'ouvrir. Raphael entre, un visage fatigué apparent. Il enlève rapidement sa cravate ainsi que sa veste et les balance sur le sol d'une façon lasse. Quand son regard bleu glacial rencontre le mien, son visage semble soudainement s'illuminer et un sourire se dessine peu à peu sur ses fines lèvres. Il s'avance dangereusement en ma direction et se poste calmement en face de moi.

 Aucun de nous deux ne baisse le regard, on continue de se fixer dans le blanc des yeux pendant encore un moment, en silence. Finalement, c'est moi qui brise le silence en premier. Ou du moins qui tente de le briser... Raphael se rapproche et vient s'asseoir auprès de moi, il me prend le menton et penche légèrement sa tête sur le côté, comme en train de chercher des réponses dans mes yeux bleu nuit.

   - J'imagine que tu as été sage pendant mon absence cosita.

   - Dur de ne pas l'être en étant attachée à un lit, soufflai-je. Je ne peux pas faire grand chose avec ce truc.

 Il tourne la tête vers la chaîne et sourit. Il finit par hausser les épaules avant de retourner vers moi. Ses yeux rejettent une lueur qui me fait frissonner de la tête aux pieds. Je ne sais pas à quoi il pense, mais la suite ne sent pas bon pour moi.

   - Juan est venu te rapporter le déjeuner ?

   - Le brun au t-shirt gris et au pantalon cargo noir ? Si c'est lui, dans ce cas oui.

   - C'est bien lui, acquiesce le Mexicain. Tu lui as parlé ?

   - Il m'a appris quelque chose qui, finalement, ne m'étonne que très peu, haussai-je simplement les épaules.

 Il hausse un sourcil, m'interrogeant du regard. Je finis par lui expliquer.

   - Je ne savais pas que tes hommes pouvaient servir de repas aux rats du Mexique.

 Il se met à rire suite à ma phrase avant de me regarder, un sourire aux lèvres.

   - Je suis capable de bien pire Leandra, tu peux me croire, me dit-il sombrement. Peu importe...

 Son sourire s'étire encore plus, laissant place à un drôle de sourire tordu cette fois-ci. Il fait glisser son doigt le long de ma jambe avant d'agripper la chaîne à ma cheville. Rapidement, et sans que je m'y attende, Raphael se retrouve sur moi, à califourchon et vient me bloquer les poignets au dessus de ma tête pour vite m'immobiliser.

 Son regard est effrayant, ses iris d'un bleu glacial se sont assombris et ont laissé place à un orage terrifiant. Je me mords la lèvre inférieure, consciente que je suis officiellement dans la merde cette fois.

   - Je crois bien qu'on a peut-être une ou deux choses à régler tous les deux... Tu ne penses pas ?

 Je prends une grande inspiration et gigote un peu en dessous de lui. Et voilà, je savais que cette journée était trop calme. J'avais presque oublié la journée d'hier. Ma gifle et ma tentative de fuite ne lui ont sûrement pas plu.

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant