9 - Interrogatoire et réponses

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 Grande inspiration. On reprend son souffle. On écoute sagement. Grande inspiration. On coupe sa respiration rapidement. On plonge dans le seau.

 Ce sont les étapes que je réalise depuis que Raphael a eu l'excellente idée de plonger ma tête dans un seau d'eau jusqu'à frôler la noyade pour me faire parler. Dommage pour lui, je tiens bon.

 Ce sont les deux hommes que Raphael a fait venir qui s'occupent de cette corvée. Ils finissent par ressortir ma tête de l'eau et me placent à genoux, face à Raphael qui est adossé contre le mur, les bras croisés.

   - Alors, me demande-t-il d'un ton las, quelque chose à dire ?

   - Tu veux vraiment que je te dise quelque chose ?

 Toujours avec la respiration haletante, je le fusille du regard. Il penche sa tête, soudainement intéressé par mes paroles. Je contracte les mâchoires avant de lui cracher à la gueule.

   - Je trouve ça lâche de ta part que tu fasses faire tes corvées par tes hommes. Tu aurais pu t'en occuper toi-même.

 Un rictus mauvais déforma son visage et une lueur d'amusement fait son apparition dans son regard. Il se met à rire dangereusement avant de me répondre en plissant les yeux.

   - Non cosita, les noyades, c'est pas mon truc. Je préfère amplement les bains de sang, murmura-t-il d'un ton à m'en faire frissonner, c'est bien plus coloré. Mais ne t'en fais pas, si tu veux que je m'occupe de toi, je le ferais avec plaisir, mais plus tard. C'est prévu, sois-en certaine.

 Il fait un geste de la main pour faire signe à ses deux hommes de me plonger la tête de nouveau dans l'eau. Une nouvelle fois, j'inspire profondément avant qu'on me force à y plonger. La noyade. C'est une techniquement plutôt classique lors des interrogatoires.

 C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je tiens le coup, elle est tellement classique que nous aussi on l'utilise. Et vu que nos supérieurs insistent pour qu'on passe aussi ce genre d'interrogatoire, finalement c'est presque devenu un jeu d'enfant d'y résister à ce genre de torture.

 Bref. Quoi qu'il en soit, ce ne sera pas comme ça que Raphael réussira à me faire parler sur le gouvernement, bien trop facile. Ils finissent par me remonter une nouvelle fois et je prends une grande inspiration tout en feignant d'être clairement essoufflée.

   - Bon, ça suffit maintenant, balance Raphael d'une façon indifférente. On dirait bien qu'on va devoir passer à l'étape supérieure plus rapidement que prévu. Remettez-la en place sur la chaise.

 Ils tirent sur mes bras pour me traîner jusqu'à la chaise. Je continue de respirer de façon irrégulière et me laisse faire, insinuant être déjà épuisée. Je pourrais courir un marathon en fait, mais c'est juste pour la forme toute cette comédie. Il faut que je puisse avoir encore de la force pour contrer Pérez. Je vais vraiment en avoir besoin.

 Les deux Colombiens attachent mes chevilles aux pieds de la chaise et viennent détacher brièvement mes menottes afin de les glisser entre les barreaux du dossier et ils me resserrent les bracelets autour des poignets.

 La tête d'origine baissée et le regard rivé au sol, je ne relève la tête seulement lorsque les deux hommes de Raphael s'éloignent et que je vois une paire de chaussures italiennes se placer devant moi.

 Raphael est devant moi, la tête légèrement penché sur le côté et m'examine de ses deux iris d'un bleu glacial. Et sans que je m'y attende, un énorme coup de poing me fait tourner la tête avec force.

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant