25 - Isolement

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 Il y a beaucoup de choses qui me manquent. Ma maison, mon pays, ma mère, ma jambe, mes amis que je considère comme ma famille, voir la sale gueule matinale d'Austin lorsqu'il arrive à l'agence. Ma liberté. Mais il y en a d'autres qui ne me manquent pas, du genre les burritos surgelés ou même ces putains de sous-sol dans lesquels j'ai tendance à passer un sale moment.

 Et bien devinez quoi ? Je suis de nouveau dans un putain de sous-sol.

 Je suis allongé sur un petit matelas miteux de la pièce, bâillonnée avec un tissu attaché avec un nœud derrière la tête, les poignets toujours attachés dans le dos et ma prothèse manquante cette fois-ci. Il fait sombre dans la pièce, j'arrive à peine à voir ce qu'il y a autour de moi. Mais il y a cette chose que j'ai directement remarqué lorsque j'ai regardé autour de moi. La caméra.

 Il y a un point rouge dans un coin de la pièce, signe de la présence d'une caméra. Raphael peut donc me surveiller à tout moment pour voir si je me suis réveillée ou même de façon générale pour voir ce que je fais. Bien que dans l'actuel des choses, je ne peux rien faire...

 En attendant, je peux être certaine d'une chose. Si je suis ici plutôt que dans la chambre de Raphael, je suis sûre de prendre cher. Je ne vois rien autour de moi, je ne peux donc pas voir ce qu'il se trouve à l'intérieur de la pièce. Il n'y a même pas une petite fenêtre ou quoi que ce soit, juste le noir complet.

 Je n'ai donc même pas une petite idée de ce qu'il pourrait m'arriver. Je savais que s'il me rattrapait, je l'aurais fortement regretté. Maintenant, il ne reste plus qu'à voir ce qu'il me réserve...

 Je me mets sur le dos et me redresse pour m'asseoir. Je grimace et me rallonge lorsque je sens une migraine me prendre brutalement. Là encore, je vais devoir attendre que ça passe, et s'asseoir est une mauvaise idée. Autant rester allongée. Je soupire et ferme les yeux. S'il me surveille vraiment de part cette caméra, il ne devrait pas tarder à arriver. J'espère.

 Il faut attendre encore un moment pour que la porte de cette foutue pièce s'ouvre. Je me tourne vers le bruit et détourne rapidement le regard en poussant une plainte lorsque la lumière vient m'agresser brutalement les yeux.

 Je me retourne vers la porte lorsque je l'entends se refermer, et je croise le visage grave du Mexicain en premier. Les mains dans les poches, il reste immobile en me regardant, d'un regard aussi glacial que terrifiant.

 Derrière lui, ses deux acolytes sont adossés au mur, observant la scène attentivement. Aucune de ces trois personnes ne semblent vraiment d'humeur à déconner. J'ai fait une erreur, et ils semblent bien déterminés à me le faire regretter.

 Je me redresse pour m'asseoir et plonge de nouveau mes iris bleu nuit dans ceux de Raphael. On reste ainsi un moment avant qu'il ne se mette à avancer vers moi, d'un pas lent.

   - Maintenant on va pouvoir parler plus sérieusement de cette petite escapade, commença Raphael. J'espère au moins pour toi que tu as bien aimé et apprécié découvrir les belles rues de Mexico, parce que je compte bien faire en sorte que tu ne les revois plus jamais.

 Comment ça, ne plus jamais revoir ces rues ? Est-ce qu'il prévoit de me tuer ? Là, maintenant ? Est-ce que finalement, il a décidé de ne plus du tout me relâcher ? Il s'arrête juste devant moi, toujours dans la même posture. Il finit par s'accroupir et me prend par la mâchoire violemment. Je tente de me dégager de là mais il force davantage, me faisant gémir de douleur.

   - Leandra... soupira le Mexicain désespéré par mon comportement. Tu vas m'écouter maintenant, je ne me répéterai pas. Je vais faire ça en plusieurs parties. La première, tu vas rester ici quelques jours, le temps que j'aurais décidé.

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant