11 - Contrôle-moi si tu peux

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 L'ambiance dans la salle de bain est glaciale. Du moins pour moi, je suis certaine que Raphael est en train de se réjouir de ce silence pesant et lourd de sens. Il sait. Il sait qu'il m'a atteinte lorsqu'il m'a parlé de son jeu. Je ne sais pas à quoi m'attendre avec lui et je dois l'admettre, ça me fait de plus en plus peur cette histoire. Et je déteste qu'il me voit si vulnérable.

 J'ai l'impression d'être un pantin depuis qu'ils m'ont enlevée. Ils ne me font que me traîner là où ils veulent que je sois et s'arrangent que je ne puisse rien faire d'autre que de les écouter bien sagement. Quel enfer.

 À Medellín, la moindre personne qui venait me casser les pieds, je la remballais presque immédiatement et je faisais en sorte qu'elle comprenne bien le message. Je ne voulais pas me laisser malmener par les gens autour de moi, je l'ai été suffisamment dans le passé.

 Ici, c'est tout le contraire qui se passe. Une vraie marionnette qui leur donne raison. Je me laisse faire, juste pour survivre. Pour ma survie. Peut-être que si je venais à y penser fort je finirais à y croire...

 Quoi qu'il en soit, je me retrouve bloquée chez un homme qui me considère tel un jouet. Je vais vous l'admettre, ma dignité en a pris un coup et mon côté féministe est sur le point de resurgir.

   - Tu ne peux vraiment pas mettre en pause ton cerveau, hein ?

 Je sursaute lorsque la voix de Raphael s'élève dans la pièce. Je me tourne vers lui et me mets à soupirer.

   - Non, lui répondis-je sèchement, j'ai trop de choses à penser pour les ignorer. Il faudra t'y faire pendejo (imbécile)...

 Nos regards se croisent dans le miroir et je peux voir ses yeux bleus me fusiller. Je secoue la tête et resserre mes jambes contre moi, passant les bras autour de mes cuisses. De son côté, Raphael fouille dans les placards du meubles pour en sortir tout un matériel de rasage. Il sort brièvement de la pièce pour repartir dans la chambre.

 Je me mets à froncer les sourcils lorsque je me rends compte d'une chose... Il ne m'a rien donné pour me laver ? Je grimace alors que l'une de mes mains vient masser le moignon de ma jambe droite inconsciemment. Il revient quelques minutes plus tard avec deux bouteilles en plastique en main. Il s'approche de moi et je remarque alors qu'il s'agit d'un shampoing et d'un gel douche féminin.

 Alors que je recroqueville sur moi-même sous son regard amusé, il dépose les produits sur le rebord de la baignoire et me passe ensuite un gant pour me nettoyer le corps. Bon, au moins ce n'est pas lui qui me lave...

 Il repart en direction du vasque alors que de mon côté je plonge entièrement dans l'eau. Je remonte assez rapidement et attrape la bouteille de shampoing. Raphael commence peu à peu à se déshabiller le haut, il enlève son veston gris ainsi que sa chemise pour terminer torse nu. Ses affaires tombent à terre alors qu'il se penche en avant pour mouiller son visage.

 Alors que je me frotte le cuir chevelu, je ne peux m'empêcher de faire voyager mon regard sur son corps et son épiderme. Il en impose vraiment pas mal, je dois admettre qu'observer tous ses muscles travailler n'a rien de désagréable. Ne bave pas trop Leandra...

 Tout le haut de son corps est tatoué, de ses deux bras en passant par ses épaules larges jusqu'à la base de son cou. Je continue d'observer les dessins à l'encre noire sur sa peau et tombe sur celui présent entre ses deux omoplates.

 Une rose emprisonnée entre des tiges épineuses. Une rose. C'est le symbole de son cartel, c'est grâce à ça qu'il prévient les gens de son arrivée.

   - La vue te plaît ? m'interrogea le Mexicain une expression amusée voire presque satisfaite sur le visage.

   - J'observais juste les dessins. Pourquoi avoir choisi une rose ?

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant