44 - Traceur

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Raphael.

Mexique, quelques semaines plus tôt.

 Inspire. Retire. Expire. Je me détends en sentant la nicotine envahir les cellules de mon corps. Ce petit truc est une sacrée drogue quand on y pense, à la différence des autres, il ne nous fait pas avoir d'hallucinations comme l'alcool ou la drogue dure.

 Alors que je fume tranquillement ma clope, je m'installe au fond de mon siège, observant la surface de mon bureau. Je me rends d'ailleurs compte que c'est un bordel pas possible comparé à d'habitude. Du moins, seul mon bureau à la maison est rempli, dans mes entrepôts ils sont complètement vides, servant uniquement quand je me ramène.

 Un cendrier, un paquet de clope, un briquet, un téléphone, des documents dispersés de toute part et mon laptop, m'indiquant les infos dont j'ai besoin. J'ai pas mal de boulot en ce moment, trop de boulot même, et ça commence sérieusement à m'énerver. Il faut dire que cette foutue histoire avec Carlos prend tout mon temps.

 Juan a réussi à avoir plusieurs infos, on essaie alors de les utiliser du mieux qu'on peut pour retrouver Carlos, et parmi toutes ces informations, l'identité d'un homme. Apparemment ce connard aurait embauché un homme pour me tracer. Quelle erreur. On essaie donc de le tracer en retour pour l'attraper.

 Je soupire et me lève, marchant directement vers les vitres. Elles offrent une vue sur l'ensemble de l'entrepôt, me permettant de jeter un œil de temps en temps sur ce qu'il se passe en bas. Quand je dis que Carlos prend tout mon temps, ce n'est pas du tout un euphémisme. Les livraisons se sont calmées, il faut dire qu'on rencontre quelques problèmes avec les autorités en ce moment donc on fait en sorte de se montrer le plus discret possible.

 Mes hommes se contentent alors de charger de la drogue dans quelques voitures seulement avant de partir avec pour les livrer dans la région. Je préfère me concentrer sur les livraisons dans la région de Mexico pour le moment, il vaut mieux que je me fasse petit pour ne pas attirer l'attention autour de moi, c'est clairement la dernière chose que je veux.

   - Tu vas finir avec les poumons cramés, tu le sais, n'est-ce pas ?

 Je pousse un souffle amusé, souriant face à la remarque de mon bras droit. Les poumons cramés ? Vraiment ? Je secoue la tête et en reprends une bouffée avant d'éjecter la fumée dans l'air, la tête rejetée en arrière.

   - Honnêtement ? J'en ai rien à foutre, lui crachai-je simplement avant de me tourner vers lui. De toute façon, je ne pense pas que tu sois très bien placé pour me faire la morale...

   - C'est vrai, ria Juan en s'avança dans la pièce.

 Toujours aussi fidèle à son cargo et son t-shirt noir, il fait craquer son cou avant de se ramener auprès de moi, les mains dans les poches. Je reporte mon regard sur mes hommes d'en bas, continuant de mettre les cargaisons dans les voitures.

   - Tu continues tout de même les livraisons ? me demanda mon ami intrigué.

   - Claro que sí (Bien sûr que oui).

 Je ne comptais pas m'arrêter de toute façon. Même si en ce moment les autorités sont sur le qui-vive, je ne vais pas mettre mes affaires sur pause rien que pour leurs beaux yeux. Ça doit bouger, un commerce immobile est un commerce qui ne vit pas, et un commerce qui ne vit pas est destiné à s'écrouler et à se faire oublier de tous.

 Je ne peux pas me permettre de me faire oublier, il faut que je montre que, malgré le fait que les autorités soient plus prudentes, ça ne m'atteint pas pour autant. Si je montre le contraire, les autres pourraient en profiter pour venir m'écraser sur mon propre territoire, et je perdrais pas mal de clients.

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant