26 - Folie quand tu nous tiens

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 Je me mets à soupirer et me retourne une nouvelle fois sur le petit matelas miteux de la pièce. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, mais qu'est-ce que ça peut être énervant d'être allongée ou assise dans cet endroit... J'imagine selon les repas que les Mexicains me ramènent que ça doit faire un peu près 5 jours que je suis ici. Je crois ? Même en ce qui concerne les repas j'ai fini par perdre le compte.

 Raphael vient assez peu me voir finalement. Il envoie beaucoup Juan et Victoria, et même eux ont fini par arrêter de me parler. Même plus un bonjour, ils se contentent de venir, me donner le plateau puis repartir. Quand il vient par lui même, il se contente de rester à m'observer manger, puis de temps à autre il se met à me parler du temps de dehors, à quel point le soleil tape et qu'il est agréable de s'y exposer.

 Ça fait un moment qu'il n'est plus venu, et mine de rien, ça me manque ses venues. Même s'il vient uniquement dans le but de se moquer ouvertement de moi et de m'humilier. Mais au moins, ça me fait un peu de compagnie...

 Depuis ces quelques temps, j'ai eu l'impression que mon cerveau a déraillé en route. Toutes mes pensées s'entrechoquent, je suis devenue incapable de rester fixée sur quelque chose. Et je ne parle même pas de ma mémoire défaillante. Je ne pensais pas que perdre tous repères dans l'espace et le temps aurait ce genre de conséquence. C'est un enfer pour moi.

 Finalement, plus le temps que je passe à rester ici, et plus je fonce en direction d'une certaine folie. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que je ne me mette à parler seule. Même si je sais que je ne le suis pas vraiment.

 La caméra de Raphael est toujours présente dans le coin de la pièce, toujours allumée, le petit point rouge toujours aussi distinct dans la pénombre. Il doit tout de même bien rire derrière son écran, à me voir perdue, à me retourner encore et encore sur ce foutu matelas.

 Il faut que je sorte d'ici, peu importe de quelle manière, mais il faut que je sorte. Je ne peux pas rester encore ici, de peur de réellement craquer. Le problème reste le même, si je veux sortir, il faut en discuter directement avec mon bourreau.

 La lumière s'ouvre, je ferme les yeux et les rouvre petit à petit. Lorsque je tourne la tête, je tombe de nouveau sur Victoria. Elle me fait un petit sourire et vient déposer le plateau devant moi. Puis comme d'habitude, elle tourne les talons en direction de la porte. Je me relève et l'interpelle, plaçant mes espoirs en elle.

   - Attends, s'il te plaît...

 Je la vois s'arrêter puis souffler avant de se retourner vers moi. Elle m'envoie un regard désolé et secoue la tête.

   - Je suis désolée Leandra, mais il faut que je parte, me dit-elle tout bas. Je ne peux pas rester ici.

   - Mais...

 Elle finit par passer le pas de la porte et la referme derrière elle. Je serre les dents et baisse la tête. Je sens les larmes me monter aux yeux. Je me mets à rire et à secouer la tête tout en les retenant. Voilà que maintenant je me mets à pleurer juste parce qu'on ne veut pas m'écouter.

Ouais, finalement mon état est bien pire que ce que je pensais.

 Je soupire et observe mon plateau. Raphael ne viendra pas avant longtemps et Juan et Victoria ne me seront pas d'utilité. Même si je me mettais à crier dans la pièce pour faire entendre que je veux parler à Raphael, rien ne changerait. C'est son plaisir de me voir me torturer l'esprit ici seule, perdue et totalement désespérée.

 Une idée finit par me venir en tête, mais je sais pertinemment qu'elle va me coûter chère. Le Mexicain risque de me taper sur les doigts, je peux en être sûre, mais si c'est le seul moyen pour moi de le faire venir...

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant