19 - Le traité de Bogotá

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 Je déteste être blessée. Ma blessure a un peu de mal à se remettre correctement et je me retrouve immobilisée dans le lit toute la journée, et à rien faire en prime. Raphael ne veut même pas que je bouge de ce foutu lit avant que je puisse remarcher normalement, ce qui m'oblige à faire appel à lui lorsque j'ai besoin de quelque chose. Quel enfer.

 Raphael a dû partir toute la journée, ce qui fait que deux de ses hommes sont venus me tenir compagnie. Enfin, plutôt me surveiller. Et qui de mieux que les deux mastodontes qui m'ont enlevée chez moi pour faire ce job ? Ils sont tous les deux dans le coin salon de la chambre, en train de regarder calmement la télé tout en jouant aux cartes entre eux. De mon côté, je dois me contenter du bruit sonore pour me divertir. Beaucoup moins drôle...

 Je n'ai jamais eu autant besoin de parler à quelqu'un de ma vie, j'ai toujours été quelqu'un d'assez réservée. Si je l'ouvrais, c'était juste parce qu'on me faisait la conversation ou alors parce qu'on m'énervait de trop.

 De façon générale, je ne parle pas trop ici. Mais dès que je le peux et que j'ai besoin d'un minimum de contact, j'ose tout de même lancer un sujet de conversation avec Raphael. Il voit que je me force à lui parler parce que je m'ennuie, et ça l'amuse énormément. C'est pour ça que souvent il me répond par des phrases très brèves, ce qui est très énervant.

   - Gilipollas ! (Connard !) C'est de la triche, tu n'es pas autorisé à faire ça !

   - Arrête de faire la gueule Miguel, t'es vraiment mauvais joueur.

 J'entends Miguel grogner alors que Marco semble réjoui d'avoir gagner la partie. Je lève les yeux au ciel alors que les deux hommes continuent tranquillement leur partie de carte. Le déjeuner est déjà passé il y a un moment, nous sommes en cours d'après-midi et j'ai l'impression que le temps passe beaucoup trop lentement.

 Je soupire et me retourne vers les deux mastodontes. Je n'ai pas été aux toilettes depuis un moment, et je dois l'admettre, je commence à sentir une petite envie arriver. Je commence alors à les interpeller, mais sans grand succès. Tellement concentrés à jouer et s'insulter entre eux qu'ils ne m'entendent pas. Je soupire et crie plus fort.

   - Eh !

 Les deux bruns se retournent vers moi, un sourcil haussé. Je tente de me redresser mais me rallonge vite lorsque je croise le regard meurtrier de Marco. Celui-ci se lève et se ramène vers moi.

   - Tu as besoin de quelque chose ? me demanda-t-il en s'arrêtant juste à côté de moi.

   - Ouais, je dois aller aux toilettes.

 Il se met à soupirer et hoche la tête. Il vient me prendre dans ses bras pour me mener jusqu'au toilette. Je grimace lorsqu'il commence à me porter, je ne dirais pas qu'il est brusque mais il n'y va pas doucement non plus... Il finit par me déposer et fait demi-tour, s'arrêtant à l'encadrement de la porte, dos à moi pour me laisser un minimum d'intimité. Au moins il me laisse ça lui.

 Alors que j'étais partie l'appeler, il se décolle de la porte et s'en va dans la pièce. Haussant un sourcil, je reste perturbée. Il n'est pas autorisé à me laisser seule, si ? Non, bien sûr que non... Qu'est-ce qu'il fout bordel ?

 Quelques secondes plus tard, la porte de la chambre claque et un Raphael fait son apparition dans la salle de bain. Ah. Ouais, je comprends mieux maintenant. Je soupire alors qu'il me sourit calmement tout en s'approchant de moi. De nouveau habillé d'un costume gris, il met les mains dans les poches en train d'attendre calmement.

   - J'imagine que tu as fini ? me demanda le Mexicain.

   - Oui, j'étais partie prévenir Marco mais...

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant