67 - Action ou vérité ?

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Leandra.

Colombie, Cali.

 Allongée sur le sol, je me mets à souffler et peine à me réveiller. J'ai mal à la tête et je suis frigorifiée. Je me mets à gémir et papillonne des yeux, essayant de regarder ce qui se trouve autour de moi. Comme depuis un moment déjà, c'est le noir complet qui m'accueille ainsi que le froid du sol en béton.

 Doucement, je me redresse et amène mes jambes contre mon corps. Aussi tremblante qu'une feuille, j'essaie de me réchauffer avec le peu de chaleur corporelle que je puisse dégager. Je suis seule dans la pièce, il n'y a personne autour de moi. Visiblement l'homme de mon père m'a abandonnée très rapidement.

 Mon père...

 Je n'ai jamais cherché à savoir qui c'était. Je n'ai jamais cherché à savoir où il se cachait ni même s'il était encore vivant, bien que j'avais les moyens de le faire. Seulement je ne l'ai jamais fait et j'aurais adoré ne jamais savoir qui était réellement mon père.

 Fernando Rivera. Chef du Cartel de Cali, tout le monde pensait qu'il était mort, tout le monde pensait que le père d'Enrique l'avait tué, et pourtant... Il est encore vivant et il est mon père. Quand ma mère me disait que c'était un véritable connard, je veux bien le croire.

 Je me mets à soupirer et enfouis mon visage dans mes genoux. Si je pensais ne pas avoir eu de chance par rapport à Raphael, aujourd'hui j'ai l'impression d'avoir été maudite. Je ne sais pas ce que j'ai bien pu faire pour me retrouver dans une merde pareil.

 Entre le fait que ces foutus cartels ont tué ma mère, que je les ai toujours détestés, que j'ai toujours voulu me débarrasser d'eux... Et le fait que j'ai finalement été enlevée par un chef de cartel, qu'il m'ait enfermée chez lui, que j'ai pu dormir avec lui, voire plus...

 Sans parler du fait que j'ai finalement découvert qui était mon père, qu'il était encore vivant et que c'est un putain de chef de cartel – et un connard dans l'âme soi-disant passant – et le fait qu'il m'ait lui aussi enfermée dans un sous-sol loin de chez moi et qu'il compte me faire du mal...

 Bon sang mais quelle vie de merde.

 Et encore, je n'ai pas détaillé ma relation avec Raphael et la dite attirance entre nous...

 Au fond de moi, je n'ai envie que d'une chose c'est que tout cela finisse par s'arrêter. Je n'ai plus envie de me battre, je n'ai clairement plus le courage. Peut-être que finalement la mort serait la meilleure solution... Peut-être que si je venais à sortir d'ici je devrais laisser la vie me mener là où elle veut ?

 Peut-être que je devrais arrêter de travailler pour le gouvernement et penser à un autre avenir ?

 Peut-être que je devrais laisser Raphael faire ce qu'il veut de moi ?

 Peut-être que je devrais laisser mon père me tuer ? Peut-être que finalement je n'ai plus ma place ici...

 Je me mets à sursauter alors que la porte s'ouvre. L'ouverture de la porte laisse entrer la lumière dans la pièce, m'éblouissant par la même occasion. Le bras devant le visage pour empêcher la lumière d'aveugler mes yeux, je finis par le baisser doucement pour regarder qui entre dans la pièce.

 Des pas lourds se dirigent vers moi et s'arrêtent à même pas deux mètres. Je n'arrive pas à reconnaître le visage mais la simple silhouette me permet de deviner qu'il s'agit de l'homme de mon père. Emilio, si je ne me trompe pas...

   - Et bien, il semblerait que la petite fleur se soit réveillée...

 Je plisse les yeux et serre un peu plus mes jambes contre moi. Je suis en position de faiblesse et je hais cette situation. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis ici, mais selon les visites que ce connard me fait je dirais deux ou trois jours tout au plus.

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant