Liaison Sanglante

37 - Bienvenue !

 Nous continuons à marcher dans les couloirs. Autant que je suis concentrée dans mes pensées, Elias quant à lui ne semble pas oser me faire la conversation. Ou du moins peut-être qu'il ne veut simplement pas. Peut-être que j'ai été trop dure avec lui tout à l'heure en étant si froide ? Je tourne la tête vers lui et lui fais un sourire. Je ralentis un peu pour me retrouver à son niveau.

   - Donc, tu viens de Culiacán, c'est ça ?

   - C'est ça, me répondit-il timidement.

 Je me mets à froncer les sourcils. Timidement ? Timidement ou simplement gêné ? Je me mets à soupirer, soudainement mal à l'aise. Pourquoi je me sens obligé de lui présenter des excuses là ?

   - Je suis désolée d'avoir été si froide tout à l'heure, finissais-je par m'excuser.

   - Euh... hésita-t-il un sourcil haussé. Ce n'est rien vous savez, c'est plutôt à moi de m'excuser. Si vous me le permettez, et sans vouloir vous vexer non plus... Physiquement vous êtes clairement le genre de femme que j'aurais tenté de draguer dans un bar. Pendant l'espace de quelques secondes j'ai dû laisser mon côté séducteur agir, et je dois l'admettre c'était plutôt irrespectueux de ma part de vous avoir dévisager comme un chien affamé.

 Je me mets à sourire et rigole presque en tournant la tête vers lui. Il est beaucoup trop adorable, et très honnête aussi. Il a tendance à être franc et à dire ce qu'il pense sans gêne. Et c'est quelque chose que j'apprécie énormément.

   - Permets-moi de te dire que t'es vraiment adorable, peu de gens aujourd'hui seraient capables de se remettre en question comme tu le fais.

   - Je me remets en question à longueur de journée vous savez, ria-t-il nerveusement, et je déteste mentir. Je préfère être honnête en toute circonstance, quitte à admettre mes erreurs.

   - Même quand tu as raison ? lui demandai-je.

   - Je suis beaucoup trop têtu pour abandonner alors que je sais que j'ai raison.

 Je me mets à rire. Finalement, il s'entendra très bien avec les autres. Il a la discussion facile et c'est très agréable. Par contre...

   - Juste, rends-moi un service Elias. Dans l'équipe on se tutoie tous, et on s'appelle par nos prénoms, lui précisai-je. Fais-en de même s'il te plaît, j'ai regardé ton dossier et me vouvoyer me vieillit alors que je suis plus jeune que toi.

   - Plus jeune que moi ? Vraiment ? se met-il à rire. Je ne le pensais pas, enfin non pas que vous paraissez plus vieille, mais ça se voit que vous avez de l'expérience ici et-

   - Elias, j'avais compris. Mais je me répète, le-tu-toie-ment.

 Il se met à sourire et hoche simplement la tête. Ça risque d'être compliqué pour lui au début, mais il s'y fera vite, j'en suis certaine. Il est très sociable et amical, si on vient à le mettre suffisamment à l'aise et très rapidement, le vouvoiement ne sera plus un problème.

 On finit par arriver devant la porte du bureau et je sors ma carte pour ouvrir la porte. Je lui explique que notre bureau est privé et que le seul moyen d'ouvrir cette porte est d'y avoir l'autorisation sur notre carte. Sans carte, l'ouverture ne se fait pas.

 J'ouvre et passe devant lui. Mes amis sont tous là, en train de rire entre eux. Il y a même une boulette de papier qui vient juste de passer devant moi. Je hausse un sourcil et tourne ma tête vers l'origine de ce lancer, et je peux voir Paco se faire petit.

   - Mierda (Merde), souffla le premier jumeau Moreno.

 Oh ça, je ne te le fais pas dire.