65 - Fausse identité

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 Mi hija. Il vient clairement de mettre fin à tous les doutes que j'ai bien pu avoir depuis que je l'ai vu. Il vient clairement de m'affirmer ce que je redoutais le plus. Il vient clairement de me dire les liens qui nous unissaient. Il vient clairement de m'expliquer pourquoi on se ressemble tant, lui et moi.

 Mi hija. Je suis sa putain de fille. Je suis la putain de fille de Fernando Rivera.

   - Je pensais que tu ressemblerais un peu plus à ta mère mais... Je suis à la fois surpris et heureux de voir que ce n'est pas vraiment le cas.

 Et crois-moi, j'aurais tellement préféré lui ressembler bien plus... Dès qu'il est entré dans mon champ de vision, j'ai senti la panique m'envahir au plus profond de moi. Simplement parce que son visage, ses traits, la couleur de ses cheveux, la couleur de ses yeux, son sourire. Tout ça, je les ai déjà vus sur quelqu'un, et ce quelqu'un c'est moi.

 Notre ressemblance est frappante, à tel point qu'honnêtement, on n'aurait même pas besoin d'un test de paternité pour confirmer le fait que je sois de sa famille. Mon père...

 Je n'ai jamais connu mon père, je n'ai jamais cherché à le connaître d'ailleurs. Je n'en voyais pas l'intérêt. Tout ce que j'ai compris, c'est que ma mère le détestait. Elle me répétait sans cesse qu'il avait gâché sa vie, qu'il avait gâché notre vie.

 J'étais jeune, je ne comprenais pas forcément où elle voulait en venir. En grandissant, je pensais simplement que c'était de l'exagération, simplement une haine inconditionnelle qu'elle avait pour lui. Mais aujourd'hui, maintenant que j'ai un visage et un nom sur mon putain de paternel, je pense comprendre ce qu'elle a voulu dire.

 J'ai l'impression d'avoir vécu dans le mensonge depuis ma naissance, et ça m'énerve. Je me rends compte maintenant que je ne connais absolument rien de mes parents, que je ne connais absolument rien de ma mère, de sa relation avec mon père.

 Elle m'exprimait clairement son dégoût pour les cartels, mais elle est sortie avec un chef de cartel ? Elle m'exprimait toutes ces craintes sur le danger qu'ils représentaient, pour que finalement elle ait un enfant avec un putain de chef de cartel ?

 Je ne sais pas où j'en suis. Je ne sais même pas si je suis simplement déçue ou en rage contre ma mère. Je ne sais pas si je devrais lui en vouloir de m'avoir tout cacher ou si je dois lui en être reconnaissante. Je ne sais même pas si j'aurais préféré le savoir alors que je n'étais qu'une enfant encore, ou si j'aurais préféré ne pas le savoir du tout.

 D'un côté, j'aurais bien aimé rester dans l'ignorance. J'aurais tellement préféré ne pas savoir qui était mon père. J'aurais tellement préféré ne pas savoir dans quelles affaires merdiques et dangereuses il pouvait tremper.

 D'un autre côté, je suis soulagée de le savoir. Je suis en colère parce que j'ai tout découvert au bout de 25 ans d'existence, mais au moins je connais maintenant la vérité. Enfin presque.

 Pourquoi ma mère n'est-elle pas restée avec mon père ? Pourquoi est-elle partie ? Pourquoi Medellín ? Est-ce que seulement je suis née à Medellín ? Quelle genre de relation est-ce qu'ils avaient tous les deux exactement ? Pourquoi ma mère m'a tout caché ? Pourquoi ?

 Tout est en train de s'embrouiller dans mon cerveau. Tout est en train de se mélanger, je suis littéralement en train de perdre la tête. Toutes les questions s'enchaînent à une vitesse pas possible alors que mon regard reste fixé dans le sien.

   - Tu n'as pas l'air très bavarde. Je pensais que tu serais un peu plus impulsive comme moi, soupira-t-il. Je suis un peu déçu sur ce point. Si ton caractère est comme celui de Catalina, je ne sais pas ce qu'il va devenir de notre relation père-fille...

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant