Liaison Sanglante

69 - Entre ses griffes

Leandra.

 Je suis Colombienne, je suis née dans ce pays. J'ai beaucoup voyagé et je connais exactement les zones à éviter le plus possible. Cependant à l'heure actuelle je n'ai aucune putain d'idée de l'endroit où nous sommes.

 Mon père vivait à Cali et il m'a confirmé que nous étions dans sa ville lorsque j'étais coincée avec lui. J'ose alors imaginer que nous ne sommes pas très loin. Nous avons roulé toute la nuit, je peux déjà voir les premières lueurs de la journée se pointer à travers les branches des arbres qui nous entourent. Et c'est seulement lorsque le soleil commence à se lever que nous nous sommes finalement arrêtés dans une sorte de petit motel.

 L'ensemble du trajet était calme. Marco et Angelo étaient tous les deux à l'avant, le premier en train de conduire et le second en train de grogner et de donner quelques fois des informations à son patron. Quant à Miguel, je n'avais aucune idée d'où il pouvait bien être.

 Je me trouvais entre Juan et Raphael et le silence qui régnait entre eux était terrifiant. Ils ont tous les deux discuté avant de monter dans la voiture et c'est à partir de ce moment que Raphael semblait bien plus ailleurs, Juan étant bien plus calme et discret. Je n'ai aucune idée de ce qui préoccupait autant le Mexicain et pour être sincère je ne m'en suis pas vraiment formalisée pendant la route.

 J'ai faim, soif, je suis épuisée et j'ai envie d'aller aux toilettes. Évidemment que je ne vais pas me préoccuper des états d'âme de Raphael...

 J'ai eu le temps de me remettre de la petite piqûre qu'Elias m'a faite, seulement la fatigue commence à prendre le dessus sur mon corps. Lorsque tout le monde sort de la voiture, il me faut un temps pour pouvoir bouger en direction de la portière où est sorti Raphael.

 Ce dernier jette d'ailleurs un coup d'œil vers moi et me fait signe d'arrêter ce que je suis en train de faire. Je hausse un sourcil et attends, sceptique sur ce qu'il prépare.

 Depuis que je suis réveillée je les laisse me guider avec confiance. Je sens que je peux leur faire confiance en ce qui concerne ma sécurité donc je me permets de ne pas discuter les ordres qu'on me donne. Bien qu'au fond de moi j'ai vraiment envie de sortir de cette voiture, quitte à devoir affronter le regard noir du chef de cartel.

 Quelques secondes plus tard, Raphael me tend des vêtements et m'intime de les enfiler rapidement avant de refermer la portière. Je souffle et commence alors à m'habiller. Un simple t-shirt et un pantalon ample. Je suppose que c'est mieux qu'une simple chemise...

 Lorsque je regarde les baskets, je me mets à soupirer et commence à les mettre avec difficulté. Lever les jambes est pour moi un supplice, j'ai l'impression que mes membres sont tout engourdis et qu'ils pèsent trois tonnes. Finalement, je me mets à sursauter alors que la portière s'ouvre à côté de moi.

 Me voyant mettre les baskets assez lentement, Raphael soupire et vient s'installer sur le siège pour me filer un coup de main. En moins d'une minute, les chaussures sont mises et le Mexicain finit par me donner une casquette et un élastique.

   - Attache rapidement tes cheveux et mets la casquette, m'ordonne-t-il calmement.

   - Une casquette ? Pourquoi tu-

 Il se met à soupirer et balance presque sa tête contre l'appui-tête derrière lui.

   - Leandra, ne discute pas por favor.

 Ne disant rien de plus, j'attache mes cheveux en queue de cheval basse et passe la casquette sur ma tête. Voyant que je suis prête, il me prend délicatement le poignet et m'aide à sortir du véhicule.