Liaison Sanglante

48 - Accord

 Une rose blanche ensanglantée.

 Angelo.

 Raphael.

 Je finis par me tenir au mur, la main sur le front. Angelo, quant à lui n'a toujours pas lâché son sourire narquois. Ça l'amuse de me voir si déstabilisée, on dirait même que c'est cette réaction qu'il voulait voir chez moi.

 Une rose blanche ensanglantée.

 Raphael.

 J'avance prudemment vers lui, les jambes flageolantes. À tout moment elles peuvent me lâcher sous mon poids, à tout moment je peux m'écrouler face à lui. Je suis en train de voir le monde autour de moi tomber en morceau, je peux me voir dans un trou dans lequel je m'engouffre. Un trou sans fond.

 Raphael.

 Donc j'avais bel et bien raison. Le type qui me suivait travaille pour Raphael. Je me retrouve de nouveau dans la merde, et surtout, c'est clairement le pire moment pour Raphael de revenir dans ma vie. Le pire.

 Je prends la rose d'une main tremblante et remarque même un bout de papier attaché. En regardant de plus près, je peux voir les initiales de Raphael marquées à la main, me confirmant d'où vient cette fleur. Quoi que pas besoin de ce papier pour le savoir, il est le seul à envoyer des roses ensanglantées aux gens...

   - Quand...

   - Aucune idée, répondit Angelo à ma faible question. Bientôt. Il m'a demandé de te ramener cette magnifique fleur afin de te prévenir. Après tout, c'était ça le signal, n'est-ce pas ?

 Je déglutis tout en relevant mon regard vers lui. Puis oubliant Raphael l'espace d'un instant, je me mets à froncer les sourcils. Raphael c'est une chose mais... Putain.

   - Tout... Tout à l'heure... C'était toi qu'on poursuivait...

   - En effet, fit-il ennuyé.

 Soudainement, je peux sentir toute ma rage remonter. J'ai été incapable d'attraper, ni même de reconnaître ce connard d'Angelo ? Sérieusement ? J'ai été incapable d'attraper ce connard qui a tiré, qui a failli tuer mon ami s'il ne s'était pas décalé ?

   - Pourquoi tu as tiré ? lui demandai-je plus durement.

   - Comment ça ?

   - Pourquoi tu as tué cet homme Angelo, celui qui était menotté et qu'on emmenait ?

   - Je l'ai tué sous ordre du patron, soupira-t-il. Enfin, sous l'ordre de l'associé du patron. Enrique voulait voir cet homme mort.

   - Quoi ?

 Pourquoi est-ce qu'Enrique voudrait la mort de ses hommes ? À quoi cela lui servirait ? Putain, mais c'est quoi ce bordel ? D'après mes souvenirs, c'est moi qui ai servi de monnaie d'échange. C'est parce que Raphael m'a libérée qu'Enrique a récupéré ses hommes... Et en plus, tout ça parce qu'il le voulait !

   - Ça n'a aucun sens. Pourquoi Enrique voudrait tuer ses hommes alors qu'il s'est servi de moi pour libérer les deux autres ?

   - Oh, tu n'es pas au courant ?

   - Au courant de quoi ? commençai-je à m'énerver.

 Je peux voir ses lèvres s'étirer en un sourire, me faisant comprendre que j'ai loupé quelque chose de très important. Il vient s'approcher de moi, penchant sa tête sur le côté.

   - Enrique les a tués. Il voulait les récupérer pour les tuer, me souffla le Mexicain. Selon lui, si ses hommes se font avoir par le gouvernement, alors ils ne méritent pas de vivre.