Liaison Sanglante

31 - Echec et mat

   - Vous avez des nouvelles ?

   - Non, soupira la blonde. On a essayé d'en savoir plus sur la possible position de Carlos, mais rien à faire. Sans Juan...

 Elle se tait, laissant un blanc dans la conversation. Je peux entendre Raphael soupirer et taper les doigts contre le verre de son bureau.

   - Et lui, comment il va ? demanda le Mexicain sur un ton plus calme.

   - Bien. Son état est stable et on le fait surveiller de près.

   - Tant mieux...

   - Il va s'en sortir sans problème Raphael, tu le sais très bien. Juan est très costaud, le rassura Victoria.

   - Je sais... se met-il à souffler. J'ai encore un peu de boulot devant moi.

   - Tu restes ici aujourd'hui ?

   - Ouais, appelle-moi si besoin.

 La blonde acquiesce et je peux entendre la porte de la chambre se refermer derrière elle. De son côté, Raphael ne bouge pas d'un pouce. Je l'entends juste balader ses doigts le long de son bureau...

   - Je sais que tu es réveillée cosita.

 Je sursaute alors que le Mexicain se met à m'interpeller. J'étais allongée dans le lit sans bouger, les yeux fermés, en train de faire semblant de dormir alors que Victoria était présente dans la pièce. En fait, je me suis même réveillée peu de temps avant son départ.

 Je me mets à soupirer et à m'étirer. J'entends le brun se déplacer dans la pièce, et lorsque j'ouvre enfin les yeux, je peux le voir debout devant le lit à me regarder. Je me redresse et lui fais un sourire timide qu'il me rend. Il fait demi-tour et me ramène un plateau où un petit-déjeuner est présent. Il faut croire qu'il avait déjà prévu mon réveil.

   - Comment tu savais que j'étais réveillée ? lui demandai-je.

 Moi qui était sûre de m'être montrée discrète, il faut croire que je ne l'étais pas complètement... Après c'est Raphael, ce mec remarque tout ce qui l'entoure au détail près.

   - Bien que tu arrives à effacer ta présence très facilement, ça fait déjà plus de deux mois que tu es ici et que je dors toutes mes nuits avec toi, m'expliqua-t-il un sourire aux lèvres. Je reconnais tes petites manies au réveil, comme celle de tendre une de tes jambes pour t'étirer un minimum. Tu dors tout le temps en boule, te voir les jambes tendues m'a mis la puce à l'oreille.

 Je me mets à lever les yeux au ciel alors que je commence à piocher une brioche présente sur le plateau. Il vient s'allonger à moitié auprès de moi dans le lit, le haut du dos contre la tête de lit et les mains croisées sur son torse.

 Les yeux dans le vide, il semble loin de notre monde pour réfléchir à quelque chose d'important. Peut-être Juan ? Victoria a dit que son état était stable et qu'il s'en sortira très bien. Malgré ça, je me doute tout de même que ça doit le déranger de savoir son ami blessé.

 Je termine mon repas et pousse le plateau jusqu'au bout du lit. Je recule et me mets dans la même position que Raphael. Je me tourne vers le Mexicain alors qu'il a encore ce regard vide d'émotion.

   - Raphael ?

   - Hm.

   - Je peux te poser une question ? l'interrogeai-je en penchant un peu la tête.

 Interpellé par ma question, il se réveille de sa bulle pour me regarder. Le regard devenu curieux, il m'intime de continuer.

   - Je... Je sais que ce ne sont pas mes affaires mais... Qu'est-il arrivé à Juan exactement ? lui demandai-je tout doucement.