Liaison Sanglante

61 - Méfiance

 Je me mets à soupirer et dépose mon sac au sol. Passant la main dans mes cheveux, je balance ma veste sur un de mes fauteuils et me jette sur le canapé. La tête rejetée en arrière, je me repasse tout ce qu'il s'est passé aujourd'hui. La journée était longue et clairement je n'en pouvais plus de rentrer chez moi...

 Je prends mon téléphone en main et regarde mes messages. Je sais qu'Elias est censé venir dans la soirée, je ne sais juste pas quand exactement. La discussion que j'ai eu avec Alec avant le déjeuner me reste encore dans la tête, et je ne sais toujours pas si je peux vraiment faire complètement confiance à Elias.

 J'ai l'impression d'avoir fait une terrible erreur, j'ai l'impression que je n'aurais jamais dû lui donner cette chance. Je ne sais plus quoi faire, je suis totalement perdue. Je ne contrôle plus rien, et ça m'énerve profondément.

 Mes pensées dérivent cette fois vers l'autre Mexicain. Je grimace en me rappelant Raphael me dire de ne pas aller plus loin avec Elias. Il avait demandé à Angelo de faire des recherches, il avait clairement des doutes à son sujet, peut-être que ces doutes étaient fondés...

 J'ai vu que Raphael me cachait quelque chose, est-ce justement lié à Elias ? Est-ce qu'il aurait découvert quelque chose à son sujet ? Il était méfiant vis-à-vis d'Elias, et je sais très bien qu'il l'est encore. Peut-être que finalement, ses pressentiments étaient justifiés ?

 Je me mets à grogner lorsque je me rends compte que, inconsciemment, j'étais prête à appeler le sicario. Au fond de moi, j'espère sincèrement qu'Angelo possède les réponses à mes questions, mais en même temps... Je redoute terriblement tout ce que je pourrais découvrir.

 Je me suis jurée de ne jamais faire de recherches sur Elias et son passé, mais voilà qu'aujourd'hui je suis prête à faire tout le contraire. Est-ce une bonne idée ? Est-ce que je devrais ? Je gémis et appuie finalement sur le bouton appeler.

 Je ne me rappelle pas vraiment avoir déjà appelé Angelo, donc je ne sais pas vraiment si... Oh mais bien sûr que si, quelle idiote. Bien sûr qu'Angelo connaît mon numéro, c'est lui qui l'a donné à Raphael. Donc si, il a bien mon numéro...

   - Je ne sais pas qui c'est, mais tu viens de gâcher ma nuit, grogna-t-il à l'autre bout de l'appareil.

 Je me mets à hausser un sourcil et ramène mon téléphone devant. Voyant l'heure, je fronce les sourcils et le reporte à mon oreille.

   - T'es vraiment installé au fond de ton lit là ? lui fis-je avec une pointe d'amusement dans la voix.

 Un blanc s'en suit entre nous, il doit probablement chercher à qui appartient ma voix. Il n'a pas vraiment regardé qui l'appelait, et quand bien même, s'il l'avait regardé je ne pense pas qu'il aurait tout de suite su à qui appartenait le numéro. Après tout, il vient à peine de se réveiller apparemment.

   - Pas vraiment, j'ai fait nuit blanche et je suis en train, enfin, j'étais en train de rattraper ma nuit, siffla le Mexicain avec mécontentement.

   - Oui, donc tu es bien au fond de ton lit, levai-je les yeux au ciel.

   - Non, sur le canapé dans la chambre du patron.

 Je reste silencieuse un moment, bloquant sur ses paroles et finis par lâcher un souffle amusé. Étrangement, je n'arrive pas à être étonnée.

   - Il a vraiment accepté de te laisser dormir ici ?

   - Euh, pas vraiment. Il le sait pas en fait, du moins pas encore. Il ne devrait pas tarder à arriver, enfin bref. Je peux savoir ce que tu me veux Alvarez ? J'espère qu'au moins c'est important...