29 - Attirance révélatrice

313 28 0
                                    

 Déstabilisante et effrayante. Voilà ce que je retiens de la nuit passée. Voilà comment je la résumerais si je le devais. Voilà les deux seuls termes qui me viennent à l'esprit pour décrire cet enfer. Un enfer sanglant, qui colle bien à la réputation du Cartel Sangriento. Qui colle parfaitement à l'image qu'a son chef. Raphael Pérez.

 J'ai fini la soirée au sol, inconsciente en plein milieu du salon de la chambre apparemment. Je n'ai plus énormément de souvenirs, mais il y a bien ce moment dont je me rappelle. Celui lorsque les trois Mexicains sont venus à moi. Celui lorsque Juan et Victoria sont restés auprès de moi, pendant que leur patron et quelques autres hommes s'occupaient de leurs ennemis.

 Ce moment où je me suis perdu dans les saphirs que sont les yeux de Raphael. Ce moment où je l'ai considéré comme mon sauveur, comme mon pilier, comme ma bouée. Ce moment où je l'ai découvert en pleine action.

 Ce moment qui m'a glacé le sang et les os. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons qui me font perdre la tête, qui font que je me retrouve actuellement dans cette position. Allongée sur le lit de la chambre, le regard fixe sur le plafond, sans rien réagir à ce qu'il se passe autour de moi.

 Ce moment m'a fait réagir cependant. Mon esprit a réagi lorsque Raphael est venu à mon secours. Ses yeux si captivants qui m'ont aidée à garder les pieds sur Terre. Mon esprit s'est figé lorsqu'il l'a vu se tenir debout, autour de tous ces cadavres. Deux armes en mains, essoufflé, couvert de sang, le regard ravageur et assoiffé de sang.

 Et là, j'ai fait le rapport. Je me suis rendue compte à quel point Raphael et moi-même n'étions pas si différents. À quel point, finalement, moi non plus je ne vaut pas mieux que lui.

 Pourquoi ? Parce que moi aussi je provoque des bains de sang. Je n'en suis pas fière, ça me hante même, mais c'est ainsi que je fonctionne en mission. Aucune pitié pour nos ennemis, on leur tranche la gorge, on leur tire une balle dans la tête, et c'est terminé.

 Les gens le qualifient de monstre sanguinaire, de machine à tuer. D'autres vont même le comparer à la faucheuse. Lorsqu'on sait qu'on commence à avoir des problèmes avec lui, nous savons que la mort est proche. Et nous ne pouvons pas y échapper.

 Ça me fait terriblement peur toutes ces révélations, mais il en a une qui me fait frissonner de haut en bas, qui me fait rire amèrement. Une révélation qui me hante bien plus que les autres.

 Le fait que je trouve ce type putain d'attirant malgré ce qu'il est pour moi.

 La couleur de ses yeux, la profondeur de son regard, ces appels à l'aide qu'il lance sous un regard meurtrier. Je suis attirée par ce bleu puissant, ce bleu qui me fait sentir unique. Parfois je l'ai remarqué, mais je ne me suis jamais vraiment aventurée sur ce terrain glissant. Je remarquais la puissance de son regard sur moi, cette façon qu'il a de me détailler. C'est si... déstabilisant...

 C'est comme s'il me prouvait que j'existais, comme s'il trouvait que j'étais une perle rare, comme si c'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un comme moi et qu'il me respectait énormément pour ce que je suis. Peut-être que c'est le cas, j'en n'ai aucune idée.

 C'est vraiment perturbant toutes ces pensées...

   - Leandra ?

 Je sursaute lorsque Raphael me ramène brutalement à la réalité. Je n'ai pas bougé d'un pouce depuis que je suis réveillé. D'ailleurs, Raphael n'était même pas dans la pièce, il n'avait donc aucune idée que j'étais réveillée.

 Je tourne la tête et découvre mon bourreau en caleçon, torse nu avec les cheveux bouclés humides suite à la douche. Il m'observe de ses deux iris bleus d'un air rassuré et un petit sourire fait son apparition.

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant