32 - Le Cartel de Sinaloa

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 Deux jours passent. Deux jours où Raphael et moi c'est un enfer. Deux jours où l'on s'est terriblement éloignés l'un et l'autre, et tant mieux. Depuis mon rejet dans le lit de l'autre jour, Raphael est bien plus froid avec moi. Il me parle à peine, me lance des regards à en faire froid dans le dos, est toujours brutal avec moi. Son comportement a littéralement changé.

 D'une part, ça devrait me rassurer. C'est ainsi que les choses devraient se passer, après tout je suis son ennemie, il n'a pas à être aux petits soins avec moi... Sauf qu'il me manque. Ça me manque cette partie de lui, ça me manque tellement de ne plus le voir si tendre avec moi.

 Bien que j'essaie de garder la tête froide vis à vis de la situation, à l'intérieur de mon esprit c'est un putain de bordel. Ma conscience est en totale contradiction avec mon subconscient. Conscience qui veut s'éloigner de Raphael. Subconscient qui a tendance à se rapprocher de Raphael.

 C'est d'ailleurs un combat intérieur qui me bouffe toute entière. Plus le temps passe et plus je me détruis intérieurement. Plus le temps passe, et plus je suis certaine de devenir folle. Folle pourquoi ? Parce que je veux rester avec lui, mais que je ne peux pas rester avec lui. Enfin, je ne peux et ne veux pas. Bref, c'est compliqué, c'est un bordel sans nom.

 S'il vient vraiment à me laisser partir vivante, je ne suis pas sûre de pouvoir continuer à vivre sereinement. Je vais avoir cette impression d'avoir été manipulé - ce qui est le cas d'ailleurs - ou cette sensation de manque en moi, et je sais que ça va me détruire de l'intérieur...

   - J'espère que tu as terminé.

 Je sursaute alors que Raphael se rapproche froidement de moi. Il dégage cette aura aujourd'hui, celle qui est effrayante, celle avec qui tu n'as pas envie d'avoir à faire. Cette aura avec qui tu te sens toute petite, telle une proie prise au piège.

 Je finis de me rincer la bouche et dépose la brosse la dent dans le pot à côté du vasque. Je hoche la tête à son intention et il vient me prendre brusquement le bras, me tirant en dehors de la salle de bain. Il me pousse sur le lit et me rattache la cheville. Il prend sa veste sur une chaise plus loin et l'enfile avant de revenir vers moi. Il s'assied sur le lit et me prend la jambe droite.

   - Je ne suis pas là aujourd'hui. Tu vas pouvoir profiter de mon absence jusqu'à ce soir, quelle chanceuse tu fais ! se met à ironiser Raphael.

 Je ne dis rien et l'observe juste retirer ma prothèse. Je sais parfaitement que tenter de la garder est ridicule, d'autant plus que je n'ai aucune chance face à lui. Lorsqu'il pose ma jambe de substitution à l'écart, là où je ne pourrais pas l'avoir, un des hommes de Raphael se permet d'entrer dans la chambre.

 Déjà de mauvaise humeur, Raphael se met à le fusiller du regard, les dents serrées. Le pauvre homme en face se fait petit, comprenant qu'il vaut mieux pour lui de ne pas énerver son patron.

   - Qué pasa ? cracha subitement Raphael.

   - Il y a plusieurs choses jefe...

   - De bonnes nouvelles j'espère. Je n'ai pas le courage aujourd'hui de devoir supporter vos conneries.

 L'homme baisse la tête et se triture les mains. Bon, et bien mauvaise nouvelle on dirait bien. Au plus grand bonheur de Raphael...

   - L'homme qu'on a essayé d'attraper s'est échappé.

 Raphael s'appuie contre son bureau et passe la main sur son visage, désespéré par ce qu'il vient d'annoncer. Visiblement, ça ne semble pas du tout l'arranger.

   - Et bien faîtes en sorte de le rattraper ! Autre chose ?

   - , et une bonne nouvelle cette fois.

Liaison SanglanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant