Liaison Sanglante

51 - Mauvaise journée

 La brosse à dent dans la bouche, je me mets à réfléchir à ce que je pourrais faire aujourd'hui. Je recrache le dentifrice dans le vasque en imaginant un entraînement au corps à corps avec Elias. Je ne l'ai jamais défié, et selon Rodrigo je peux parfaitement voir ce sont il est capable par moi-même. Bon, je n'ai pas retrouvé mes aptitudes d'avant, il faut dire ce qu'il est, mais je reste un bon niveau au-dessus de lui quand même. J'aimerais bien voir où il en est, et il faut que je le teste par moi-même.

 Je souffle tout en m'essuyant le visage, puis jette la serviette dans le bac à linge sale. Là aussi, il va falloir que je fasse quelques tâches ménagères ce soir... Mon boulot prend tout mon temps, j'ai l'impression que ma maison est devenue mon deuxième bureau.

 Je sors de la pièce et repars dans ma chambre pour prendre mes chaussures. La pluie est une vraie misère depuis quelques jours, les bottes sont donc nécessaires. Je les prends d'une main avant de retourner dans le salon. La tête ailleurs sur tout ce dont je dois prendre pour aller travailler aujourd'hui, je me mets à sursauter lorsqu'une main vient se poser sur mon épaule. Je me lève brusquement du canapé et me retourne.

 Je ne devrais pas, c'est un fait. Le fait que quelqu'un se soit introduit chez moi sans que j'y fasse attention n'est absolument pas normal. Et pourtant, mes épaules se détendent lorsque je vois apparaître un Mexicain devenu familier. Vraiment, je ne devrais pas être autant rassurée...

   - Je t'ai fait peur ? me demanda-t-il sournois.

   - Vas te faire foutre Angelo, lui crachai-je au visage.

 Je me rassois alors qu'il se met à rire. Je le vois souvent me suivre dans les rues maintenant, et c'en est énervant. Le souci, je ne peux même pas râler sur ce sujet puisque, j'aurais beau me plaindre, rien ne changera. Si Raphael veut qu'Angelo me suive, dans ce cas il me suivra, fin de la discussion.

 Je n'ai plus vraiment parlé à Angelo depuis le jour où il est venu m'apporter la rose, et donc m'annoncer la venue prochaine de Raphael. D'ailleurs je ne sais toujours pas quand est-ce qu'il vient, et c'est perturbant.

 Ça fait déjà trois semaines que je me prépare à le voir apparaître chez moi par surprise, trois semaines déjà qu'Angelo est venu m'annoncer cette mauvaise nouvelle. Et pourtant, je n'ai aucun signe de vie de la part du Mexicain aux yeux bleus. Tant mieux.

   - Il fallait que je vienne prendre de tes nouvelles un peu, ça faisait longtemps.

   - Tu parles, marmonnai-je dans ma barbe.

   - Je ne déconne pas Alvarez, il faut vraiment qu'on parle, finit-il par me dire plus sérieusement.

 Je peux le voir s'approcher et s'asseoir sur le canapé, juste à côté de moi. Je me frotte le front, m'attendant à beaucoup de reproches de sa part. Je sais pourquoi il veut me parler, je sais ce qu'il me veut. Et pourtant, j'en n'ai strictement rien à foutre de ce qu'il peut penser. Je soupire et continue de faire les lacets de mes bottines, lui faisant signe que je l'écoute. Il se met à grogner mais m'explique tout de même sa présence dans mon salon.

   - Je pensais avoir été clair la dernière fois, je t'ai donné mes coordonnées pour que tu puisses me contacter, pas pour faire joli, souffla le blond avec mécontentement.

   - Et qui t'a dit que je te contacterai vraiment ?

   - Tu as commencé tes recherches au moins ?

   - Non Angelo, je te l'ai déjà dit, j'ai d'autres choses à faire que tes putains de recherches, fis-je en me relevant du canapé. J'ai un boulot et une vie, je ne peux pas être qu'à votre disposition.