A l'encre de ton coeur

Chapitre 12 : Jack

J'ai l'impression d'être de l'autre côté du  miroir quand je réalise qu'il y a bien plus d'alcool que nécessaire. Je pense aux maux de tête mémorables des plus gourmands. Le lendemain va être difficile... Mais comment moi je peux songer à ça ? ! Sérieux, d'habitude je suis le premier à charger les doses... Et cette déco ! Mon dieu on se croirait presque à une boum de collège avec ces nappes colorées et les lumignons suspendus dans les arbres. Il ne manque que les cupcakes pour que toute cette ambiance soit vraiment ridicule. Déjà le brasero pour les chamallows je suis au max alors heureusement, personne n'a eu l'idée de rajouter ces conneries bourrées de crème. Comment a-t-on pu en arriver là en quelques jours ? La testostérone s'est fait la malle ici.

Sans sa sœur, ce départ aurait été célébré bien différemment, une bière entre couilles et quelques shots au Scar et qui sait, on aurait fini chacun entre les cuisses d'une jeune touriste. C'est un tout autre programme qui s'annonce...

James, le supérieur de Dan, nous a rejoint.

Darell, lui, est impatient que l'intéressé se pointe et commence à se demander ce que font les demoiselles, enfermées dans la chambre de la furie. Il tend l'oreille, sursaute et se retourne au moindre bruit, j'ai bien compris son manège, il a hâte de la voir. C'est plus fort que lui, dès qu'une femme lui plaît, il faut qu'il teste son pouvoir de séduction. Seulement cette fois, il va se confronter à un obstacle de taille, elle est la petite sœur de Dan et ça, ça veut dire chasse gardée, pire, chasse interdite ! J'en ris intérieurement.

Pourtant, je me demande ce que font les filles, ce n'est pas le genre de la furie de ne pas être là avec nous à exiger  et tout contrôler alors que son frère ne devrait plus tarder. J'ai bien vu tout à l'heure quand je suis allé toquer à la porte que quelque chose n'allait pas. Siri ne s'est pas éternisée et j'espère qu'il n'y a rien de grave. Depuis c'est le silence, et j'ai beau essayer de penser à autre chose, l'inquiétude que j'ai observée dans le regard de ma meilleure amie me laisse un mauvais pressentiment.

Darell ne tenant plus en place, il s'engage dans le couloir et frappe à la porte de la chambre en criant que Dan ne va pas tarder.

Revenant parmi nous, il plonge les mains dans le bol de cacahuètes et termine sa dernière gorgée de bière.

Enfin, nous entendons la poignée s'agiter. Quelques secondes après, ma meilleure amie et la furie débarquent et nous nous retournons pour leur faire face.

Mon pouls s'accélère. Ma bouche s'assèche. Je sens les poils de mes avant-bras se hérisser et un frisson remonter le long de ma colonne vertébrale.

Siri est canon, comme d'habitude.

Mais ma réaction n'est pas en lien avec elle. Non, c'est la furie rousse qui l'accompagne qui paralyse ma raison. De sa jupe qui met en valeur ses jambes fuselées au débardeur qui souligne sa taille fine et marquée, elle est juste époustouflante. Ses cheveux de feu cascadent sur ses épaules, et, j'imagine, plongent jusque dans le milieu de son dos, flirtant avec sa chute de reins. Son épiderme dorée par notre soleil laisse apparaître quelques taches de rousseur qui subliment son grain de peau. Et lorsque mon attention se porte sur son visage, j'ai l'impression que le mien s'enflamme. Auréolé de fard sombre sur les paupières, le vert de ses yeux devient si perçant qu'il va m'être difficile de soutenir son regard. Je ne suis pas du genre à faire des compliments, mais je l'avoue, je la trouve magnifique, d'une beauté singulière. 

Je me remémore ma première réaction quand je l'ai découverte, dormant sur le canapé. J'avais dit à Dan qu'il s'était dégoté un joli p'tit lot. Si son attitude insupportable et ses manières de petite fille de bonne famille sont à des années-lumière de ce qui m'attire d'habitude, il n'en demeure pas moins qu'elle est canon.